Mercredi 7 mars 3 07 /03 /Mars 08:17

L’A P P A R T E M E N T

 

 

 

Sabrina passait sa vie calfeutrée chez elle, volets fermés, rideaux tirés… - A cause de l’autre con, là, en face !… Il arrête pas de mater avec ses jumelles… A longueur de journée… Il a que ça à foutre… Ce que ça peut m’énerver… Tu peux même pas être tranquille chez toi…

 

 

Elle me l’a montré un jour qu’il passait sur le parking en bas… - Regarde-le cet obsédé !… C’était un bel homme avec de la prestance, la quarantaine séduisante… - On croirait jamais pourtant à le voir comme ça… Elle a haussé les épaules… - C’est les pires…

 

 

En Juin elle m’a demandé de lui garder son appartement quelques jours, le temps qu’elle aille régler la succession de son père à Lorient… - Je préfère… Avec tout ce qui se passe… Je serai plus tranquille…

 

 

Il faisait un temps magnifique… J’ai commencé par tout ouvrir en grand… L’autre en face j’en avais rien à foutre… Je le connaissais pas… Et puis j’étais pas censé savoir…

 

 

Quand on n’est pas chez soi on manque de repères… On vient toujours buter sur quelque chose… Les objets ne sont jamais là où on les aurait mis soi-même… J’étais obligée de multiplier les allées et venues… Il m’observait, il m’épiait – je le sentais, j’en étais sûre – avec une attention extrême… Ce n’était pas vraiment désagréable d’ailleurs ce regard suspendu à moi en permanence… Ca me conférait une importance particulière, différente…

 

 

J’ai diné sous haute surveillance… Quand l’obscurité est tombée j’ai allumé un peu partout… J’ai erré… Il attendait – je le savais – il attendait que je me déshabille… Il espérait de tout son être que j’allais le faire, là, en pleine lumière… J’ai commencé : j’ai déboutonné ma robe et puis, avant de continuer, j’ai tout refermé, j’ai éteint et j’ai senti – physiquement – sa déception…

 

 

Il a passé la journée du lendemain à m’observer… Sans m’accorder le moindre répit… Et c’était un peu comme si nous la vivions ensemble cette journée… Comme s’il était avec moi, près de moi… Au fil des heures se nouait entre nous une complicité forte, pleine… Vers le soir j’ai quitté ma robe : sa patience méritait bien une récompense… La mienne c’était l’intensité de son regard, c’était sa gratitude palpables quelque part dans l’atmosphère autour de moi… J’ai vaqué à mes occupations en petite culotte et soutien-gorge… Avant de me coucher j’ai laissé descendre complètement la nuit…

 

 

Le lendemain matin, le mercredi, j’ai dû descendre faire quelques courses au Super Marché d’à côté… Le temps que je prenne un chariot et il était là, entre les rayons, l’air faussement affairé, à me croiser chaque fois qu’il le pouvait, comme par hasard, à me déshabiller tant et plus du regard… A distance c’était moi qui menais le jeu, mais là, si près, cette attention qui s’était emparée de moi et qui ne voulait pas me lâcher me mettait profondément mal à l’aise… Je me suis dépêchée… A la caisse il a poussé son chariot derrière le mien et il m’a regardée décharger gauchement mes achats, fébrile et empruntée… Fuir… Fuir le plus vite possible… Dans ma précipitation j’ai oublié la moitié des articles sur le tapis de caisse… C’est lui qui m’a rappelée d’une voix grave et envoûtante… - Mademoiselle !… Mademoiselle !… Qui m’a aidée à rassembler mes affaires… - Faut toujours finir ce qu’on a commencé… Toujours !… Je me suis enfuie écarlate…

 

 

Je suis remontée là-haut furieuse… Puisque c’était comme ça il allait voir !… C’était fini… Il pouvait toujours attendre alors là !… Et j’ai tout refermé… Je me suis calfeutrée, moi aussi, comme Sabrina, avant de tout rouvrir presque aussitôt… Non, mais attends !… Il allait quand même pas m’obliger à vivre dans le noir, ce con !… De toute façon… non… il allait payer plutôt… J’allais faire gonfler son attente toute la journée jusqu’aux limites du supportable… J’allais l’allumer, oui, l’allumer… et puis, le soir venu, me coucher sans lui avoir rien accordé, rien… J’ai joué avec la salle de bains… Entrées… Sorties… Sans arrêt… Avec les tenues… J’en ai changé vingt fois… J’ai indéfiniment étiré la soirée et puis j’ai éteint avant de me déshabiller, de me coucher, intérieurement ravie : comme il devait être déçu !…

 

 

La sonnerie du téléphone a presque aussitôt retenti… Je n’ai pas bougé… Un copain à Sabrina sûrement… Il rappellerait quand elle serait là… Longtemps… Ca s’est arrêté… Ca a recommencé… Encore arrêté… Repris… Insisté… Et si c’était important ?… Et si c’était elle ?… J’ai allumé, bondi, traversé l’appartement, décroché… - Allo… oui ?… - C’est moi !… Je l’ai aussitôt reconnu… cette voix… cette voix qui te prenait aux tripes… - Qui ça, moi ?… Qui êtes-vous ?… - Tu le sais très bien… Je te vois, tu sais !… Raccroche, mais raccroche, espèce de folle !… Qu’est-ce que t’attends ?… - Comment t’es bien foutue ?… Si, c’est vrai, on se lasse pas de te regarder…

 

 

Il s’est tu… Il respirait régulier, profond… Enlève ta culotte !… Ni suppliant ni impérieux… Non… Sur le ton de la simple demande… Comme si ça allait de soi… Avec la tranquille conviction que j’allais le faire… Et je l’ai fait… Mécaniquement… Sans réfléchir… Dans une sorte d’état second… Le soutien-gorge aussi… Il me dirigeait maintenant, péremptoire, sûr de lui… - Mets-toi dans le fauteuil !… Juste à côté du téléphone… J’ai obéi… - Les jambes… Par-dessus les accoudoirs les jambes… Allez !… De chaque côté, ouverte, obscène… Et ce silence… éprouvant ce silence… si lourd… si plein… Longtemps… - Branle-toi !… Et je lui en ai offert le spectacle…

Par François - Publié dans : regards.croises
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