Mardi 21 novembre 2 21 /11 /Nov 16:40

C A N I C U L E

 

 

 

( version de Frédérique )

 

 

Elisa ne dormait pas non plus… Elle s’éventait sur la terrasse… - Hou !… Quelle chaleur !… J’arrive pas à fermer l’oeil… - Moi non plus… - Et si on allait faire un tour à pied ?… Jusqu’à la mer ?… Il doit faire frais là-bas…

 

 

Elles ont retiré leurs chaussures… Les vagues leur ont léché les chevilles… Elles ont remonté leurs robes jusqu’en haut des cuisses, se sont aventurées plus loin… - On se baigne ?… - Sans maillot ?… - Il est deux heures du matin… Qui veux-tu qui traîne encore par ici ?… Il fait nuit noire n’importe comment… Et elles ont quitté leurs vêtements… Sont entrées résolument dans l’eau… Se sont abandonnées aux vagues, laissé bercer, porter, dériver, envelopper… Longtemps…

 

 

- Faudrait peut-être rentrer… Ils vont s’inquiéter là-bas… Elles ont retrouvé le sable à regret, lentement, jusqu’à leurs vêtements… Qui n’étaient plus là… - Hein ?!… Mais c’est pas possible !… Elles ont cherché à droite, elles ont cherché à gauche… Plus loin… Encore plus loin… Sont revenues… Ont recommencé… - On nous les a piqués, c’est clair… - Mais qui ça?… - Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ?… - Mais pourquoi ?… - Pour les vendre, tiens !… C’est pas la première fois que ça arrive ici… Je suis idiote aussi… J’aurais dû y penser… Elles se sont regardées… - On a l’air fines… Et elles ont éclaté d’un long fou rire nerveux…

 

 

- Qu’est-ce qu’on va faire ?… Faut trouver une solution… - Je vois pas laquelle… - Et si on allait frapper à une des maisons là-bas ?… On explique notre situation et… - C’est ça !… Toi, tu t’en fiches, t’es en vacances, mais moi je suis connue ici… Je tiens pas à être la risée de tout le pays… - Ou alors on s’enterre dans le sable et la première personne qui passe on l’envoie prévenir nos maris qu’ils viennent nous chercher avec des vêtements… - Encore mieux !… C’est pour le coup que… - Je sais pas, moi !… Je cherche… - Non… Le mieux - je vois pas autre chose - c’est qu’on essaie de rentrer… - Comme ça ?!… - C’est pas si loin… Et il y a personne dans les rues à cette heure-ci… Alors avec un peu de chance… - C’est risqué, non ?… - Ca sera encore plus risqué dans une heure… Il fera jour…

 

 

Personne sur le boulevard qui longeait la mer… Elles l’ont traversé aussi vite qu’elles ont pu… Rue du port non plus, personne… Elles ont accéléré le pas… Tourné à gauche… Une camionnette a fait son apparition tout en haut de la rue Emile Zola, s’est arrêtée… Elles se sont dissimulées dans l’embrasure d’une porte cochère qui a obstinément refusé de s’ouvrir… Un type est descendu… - Il nous a vues, tu crois ?… - Chut !… Tais-toi !… Il a arpenté le trottoir, tête levée vers les fenêtres, s’est approché, approché encore, immobilisé… Il a fait demi-tour, a encore levé la tête, est remonté dans la camionnette, reparti en marche arrière… - On l’a échappé belle !...

 

 

Le long de l’épicerie Dutourd étaient entreposés de vieux cageots… Elles en ont subtilisé deux, au passage, abri de fortune derrière lequel elles se sont efforcées de cacher, tant bien que mal, leur nudité… - Non, mais de quoi on doit avoir l’air ?… Et elles ont hâté le pas…

 

 

A l’angle de la rue Mermoz elles ont dû attendre qu’un retraité ait fini de sortir ses poubelles… - Alors il se grouille, ce con !… Il le fait exprès, c’est pas possible !…

 

 

Les derniers mètres elles les ont parcourus à la course… Aussi vite qu’elles ont pu… Le portail… Qu’elles ont poussé… Refermé… Sauvées… Et elles sont parties d’un fou rire interminable, irrépressible qui les a secouées toutes… - Non, mais c’est quoi cette mascarade ?… Ils étaient accoudés au balcon tous les deux là-haut… - Et ça les fait rire en plus… - Attendez !… Entre deux fous rires… - Attendez !… On va vous raconter… Elles se sont regardées et c’est reparti de plus belle… Impossible à arrêter… - Nous, que nos femmes se baladent à poil dans les rues on trouve pas ça spécialement drôle… Dégrisées brusquement… - On va vous expliquer… Si vous saviez ce qui nous est arrivé…

 

 

- Oui, figurez-vous !… Tout en montant les rejoindre… - On était sur la plage… Il y avait personne… Alors on s’est dit, vu la chaleur qu’il faisait, que… - Oui, ben commencez par aller passer quelque chose… Vous discuterez après… 

 

 

 

 

 

 

 

 

II

 

 

 

 

( version de Mickaël )

 

 

 

 

Nulle cette soirée, mais d’un nul !… Et il faisait une chaleur à crever en plus !… - On se casse ?… Et on a filé en douce, Victor et moi… - On fait quoi ?… Il a haussé les épaules… - Qu’est-ce tu veux faire à cette heure-ci ?… Tout est fermé… On est descendus vers la mer, on a marché au hasard sur la plage… - C’est quoi ce truc blanc ?… - Où ça ?… - Ben là !… C’était des sapes… Des sapes de nana… - Elles sont deux… Et il y a l’assortiment complet… Tu paries qu’elles se baignent à poil ?… - Oh, tu crois ?… On a scruté les vagues, mais il faisait trop sombre pour pouvoir discerner quoi que ce soit… - On leur pique ?… Comment elles vont être emmerdées !…

 

 

On a emporté notre butin sur un banc du boulevard désert et on l’a tranquillement examiné : une culotte et un string blancs, un seul soutien-gorge, blanc aussi, une robe bleue, un tee shirt jaune paille et un pantalon assorti… De la poche arrière Victor a triomphalement extirpé une carte d’identité… - C’est la mère Legrand !… - Non ?!… - Si !… - Et ça doit être sa sœur l’autre… Elle est venue passer les vacances chez elle… - Oh, putain !… Faut absolument qu’on arrive à les voir… - Facile… Elles sont coincées là-bas maintenant… Il va pas tarder à faire jour… On n’aura plus qu’à débouler par hasard… Et on s’est planqués, en attendant, sous les arcades…

 

 

- Les v’là !… Si, là-bas, c’est elles !… - C’est pas vrai qu’elles vont rentrer comme ça ?!… Eh ben dis donc elles ont pas peur !… - Mais alors forcément elles vont passer sous… On a jeté leurs vêtements dans une poubelle et on est retournés là-bas… A la course… - Ben où vous étiez passés ?… - Arrêtez la musique !… Eteignez les lumières !… Vite… Faites pas de bruit et venez voir !… Ca va valoir le coup… Tout le monde s’est agglutiné aux trois fenêtres sur la rue… - Mais il y a rien… - Chut !… Chut !… Attendez !…

 

 

Elles ont fini par apparaître en bas de la rue… Avec des tas de coups d’œil inquiets autour d’elles… - Oh, la vache, mais elles sont à poil !… Et tout le monde a regardé… Même les filles… Il y en a une qui a chuchoté derrière moi… - C’est pas vrai que c’est Madame Legrand… Elles se sont approchées… Tout près… En dessous… Un ronflement de moteur… Qui les a précipitées sous la porte cochère juste en face, plaquées contre elle, tournées vers nous… - Ce pot qu’on a !… En murmure à côté… - Mais oui, mes chéries, montrez-nous bien vos chattes… Comment elle est touffue sa sœur, t’as vu ça ?… Et cette paire de lolos qu’elle a !… Le moteur s’est éloigné… Elles sont reparties… Leurs deux paires de fesses ont majestueusement ondulé jusqu’à l’angle de la rue Paul Bert, ont disparu… Victor a poussé du coude… - On leur dit pas que c’est nous, hein, pour leurs sapes !… Ca craint…

 

 

Quelqu’un a rallumé… Ca a rigolé… Ca a commenté et puis ils ont voulu savoir… - Ben alors racontez !… Qu’est-ce qui s’est passé ?… Qu’est-ce qu’elles foutent à poil dehors ?… - Ca !… On en sait rien… Nous, on était juste descendus prendre un peu l’air… On les a vues, de loin, qui revenaient de la plage… Comme ça… Alors on s’est dit que sûrement elles remontaient chez elles, qu’elles allaient passer par ici… Et on a foncé, tu parles !

 

 

 

 

 

 

 

 

III

 

 

 

 

( version de la rue )

 

 

 

 

- Vous êtes pas au courant ?… Pour Madame Legrand… Vous êtes pas au courant ?… - Non… - Mais tout le monde parle plus que de ça !… - Qu’est-ce qu’il y a eu ?… - Il y a eu qu’avec sa sœur cette nuit elles ont profité de ce que leurs maris dormaient pour aller faire la java… - C’est pas possible !… - Si !… Et avec des gamins en plus !… Chez Molinaro ça s’est passé… - Molinaro !… - Molinaro, oui !… Et je peux vous dire que c’était quelque chose… Que ça y allait… L’alcool, le rat chiche et le reste… Tout !… Et elles il fallait pas leur en promettre à ce qu’il paraît… - C’est pas croyable !… - Mais le plus beau… vous savez pas le plus beau ?… Le plus beau c’est que tout ce joli monde a fini par aller faire ses cochonneries sur la plage… - Non !… - Si !… - Et que je te vais avec l’un et que je te vais avec l’autre… Ah, elles s’en sont donné !… Elles s’en sont même tellement donné qu’elles ont fini par s’endormir là et que quand elles se sont réveillées – les autres étaient partis depuis longtemps – elles étaient incapables de savoir ce qu’elles avaient fichu de leurs vêtements… Vous croyez que ça les a dérangées ?… Pensez-vous !… Elles sont rentrées comme ça, toutes nues à travers les rues, en rigolant comme des folles… Seulement je peux vous dire que les maris ils leur avaient préparé un sacré comité d’accueil… Ca !… - Pauvre monsieur Legrand !… Je le plains… Il est tellement gentil cet homme… Jamais un mot plus haut que l’autre… Toujours à se mettre en quatre pour vous rendre service… - Ah ça, on peut dire qu’il a pas tiré le gros lot avec elle… - Elle a pas toujours été comme ça pourtant !… - Oui, oh !… Disons qu’elle cachait bien son jeu… Parce que quand on sort d’où elle sort… On peut faire illusion un moment, oui, mais le naturel reprend vite le dessus… La preuve !…

Par François - Publié dans : regards.croises
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