Jeudi 9 novembre 4 09 /11 /Nov 06:23

U N E     R E N C O N T R E

 

 

 

Chaque matin, quand j’arrive au bureau, je commence, avant toute chose, par aller voir sur Internet si j’ai des messages… Je dialogue au passage avec l’une, avec l’autre, selon l’inspiration du moment, et puis j’ouvre mon courrier… Au fil du temps des correspondances ont pris corps, trouvé leur rythme de croisière… D’autres, après s’être emballées, se sont affadies, effilochées, défaites…

 

 

« Chrysalide » est là tous les jours… Elle me submerge de réflexions, d’impressions, de considérations générales – il y en a des pages et des pages – auxquelles je réponds vaguement, sans trop m’attarder, juste pour ne pas rompre le contact…

 

 

Mais ce matin-là… un doute… plus qu’un doute… Ce qu’elle est en train de me raconter c’est – presque mot pour mot – ce que Christine, ma femme, m’a raconté la veille au soir : un incident auquel elle a assisté, dans la rue, et qui l’a profondément affectée…

 

 

Le jeu devient brusquement très excitant… Et si ?… Il faut que j’en aie le cœur net… Je me montre plus chaleureux, passionné par ce qu’elle est, par ce qu’elle vit… Elle s’engouffre dans la brèche, s’épanche tant et plus, avec une infinité de détails, une abondance de précisions, une jubilation… C’est bien Christine…

 

 

Et maintenant je vais faire quoi ?… Je n’en sais rien… Me laisser guider, pour commencer, par l’inspiration du moment… Je hasarde quelques questions plus personnelles… Son mari ?… Oh, ça va très bien avec son mari… Très très bien… Elle n’a rien – absolument rien – à lui reprocher… Ravi de l’apprendre, mais alors qu’est-ce qu’elle fait sur Internet, s’il est si parfait ?… Hein ?… Mais rien… Rien du tout… Elle discute, c’est tout !… Oui, oh alors ça!... Quand on vient traîner par là c’est – forcément – qu’on a une idée derrière la tête et que… Je l’agace, tiens !… Je l’agace vraiment…

 

 

Je l’agace, mais ça ne l’empêche pas de venir me retrouver tous les jours, plusieurs fois par jour, de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps… Nos messages, nos dialogues, nos échanges se font de plus en plus complices, de plus en plus abandonnés, de plus en plus tendres…

 

 

Elle avait exclu d’emblée l’éventualité d’une rencontre… - N’y comptez pas !… Là-dessus je serai intraitable… C’est elle maintenant qui l’envisage, qui la réclame, qui insiste… - J’ai tant besoin de mettre un visage sur vous, sur ce que vous êtes, sur ce que vous écrivez…

 

 

Je résiste, je gagne du temps, je louvoie… Evidemment !… Elle ne s’en fait que plus pressante… Ca devient permanent, obsessionnel… Je peux evidemment couper court, disparaître sans explication, mais je n’en ai pas la moindre envie… Je me suis pris au jeu et – surtout – je brûle de savoir jusqu’où elle est capable d’aller…

 

 

Internet offre de multiples ressources… Une petite annonce explicite et, le lendemain, j’avais 40 volontaires tout disposés à se rendre au premier rendez-vous à ma place… J’en ai rencontré trois ou quatre, sélectionné un, un dénommé Eric, au physique sombre et torturé – ce sont ceux qu’elle préfère – auquel j’ai laissé carte blanche à condition qu’il me raconte tout… absolument tout… dans les moindres détails…

 

 

Le dimanche suivant… Ca lui allait le dimanche suivant ?… Pas trop non… Pas facile pour elle le dimanche… C’était malheureusement le seul jour où il m’était possible de me libérer… Dans ce cas… Elle se débrouillerait… Elle s’arrangerait…

 

 

Elle a passé un temps interminable dans la salle de bains… - Tu vas où comme ça ?… On peut savoir ?… Maquillée, pomponnée, ravissante… - A un vernissage… Avec Natacha… le vernissage d’un ami à elle qui peint des croûtes et se prend terriblement au sérieux… Elle a insisté… J’ai pas pu refuser… Une vraie corvée, je t’assure !…

 

 

Eric a appelé à six heures… - Je l’ai vue… On a passé quatre heures ensemble… Elle est amoureuse… Pour être amoureuse elle est amoureuse… - Et vous avez ?… - Non, j’ai pas voulu précipiter, mais ça devrait pas tarder…

 

 

Une demi-heure après elle était là… - Hou là là !… Quelle journée !… Je suis vannée… Je vais prendre une douche, tiens, ça me détendra…

 

 

Le soir, quand elle m’a cru endormi, elle est allée rédiger un long message enflammé sur lequel je me suis précipité le lendemain en arrivant au bureau… Auquel j’ai aussitôt répondu sur le même ton… Elle m’a supplié toute la matinée… Il fallait qu’on se revoit, le plus vite possible, le plus tôt possible… C’était bien trop loin dimanche…

 

 

Je lui ai envoyé Eric le mardi… - Alors ?… - C’était à deux doigts, vraiment à deux doigts, mais non… Non… Pas encore…

 

 

On ne se verrait plus… Je préférais… Hein ?… Mais pourquoi ?… Parce que... c’était trop difficile pour moi… Je la désirais trop… Je n’en pouvais plus… Oh, mais… Mais ?… Mais moi aussi, Eric… Moi aussi… Si tu savais… Eh bien alors !… Et on a convenu d’un rendez-vous, à l’hôtel, pour le lendemain soir…

 

 

Quand elle a poussé la porte, toute auréolée de désir, c’est moi qu’elle a trouvé dans la chambre…

Par François - Publié dans : regards.croises
Ecrire un commentaire - Voir les 7 commentaires
Retour à l'accueil

Calendrier

Avril 2024
L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          
<< < > >>

Recherche

Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus