Dimanche 15 octobre 7 15 /10 /Oct 05:49

Et pendant ce temps-là Elodie continue imperturbablement à envoyer lettre sur lettre...

Cher ami,

 

                                     

 

            Plus je me confie à vous et plus la vie que je mène, là, à côté d’eux, m’est insupportable¼ A côté d’eux ?... Carrément avec, oui !... Je mange avec eux, je regarde la télé avec eux, j’écoute toujours leurs mêmes petites histoires¼ Je ne rentre chez moi, juste en face, que pour dormir¼ Je n’ai aucune intimité¼ Elle dispose toujours d’une panoplie d’excellents prétextes pour surgir à tout moment comme en terrain conquis sans prévenir ni sonner¼ Je suis constamment sous la menace¼ C’est eux qui m’ont payé mon appartement, je sais !... Ils me le répètent assez¼ Mais comment voulez-vous que je puisse y recevoir qui que ce soit en toute sérénité ? Pour être tranquille je n’ai pas d’autre solution que de déserter mon chez-moi où je ne me suis d’ailleurs jamais sentie vraiment chez moi¼ C’est quand même un comble ! Et ça me vaut d’ailleurs des réflexions à n’en plus finir¼ - Où est-ce que t’as besoin d’aller courir sans arrêt comme ça, on se demande !... Tu n’es pas bien ici ? Tu n’as pas tout ce qu’il te faut ?...

 

                                     

 

            Non¼ Et j’en suis loin¼ Quand je rencontre quelqu’un - je veux dire : quand ça pourrait être sérieux - je sais déjà, dès le départ, que je ne pourrai pas le ramener chez moi... J’ai essayé: une fois !¼ Je me suis bien juré de ne jamais recommencer¼ Une horreur ! Elle se l’est approprié¼ Elle s’est débrouillée pour ne jamais nous laisser seuls en tête à tête¼ Elle l’a abreuvé de « conseils »  sur la façon dont il fallait s’y prendre avec moi¼ J’avais honte¼ Et lui, évidemment, il a pris la fuite¼ Délicatement¼ Avec diplomatie¼ Mais il a pris la fuite¼ J’aurais fait la même chose à sa place¼ Non¼ Si je ne veux pas finir ma vie toute seule je n’ai pas trente-six solutions: partir, dégager, foutre le camp¼ Et vite¼ Pendant qu’il est encore temps¼ Je dis ça, mais¼ je ne le ferai pas¼ Je l’aurais déjà fait¼ Je ne le ferai pas parce que je sais trop bien quel cataclysme je ne manquerais pas de déclencher¼ Et je n’en ai ni la force ni le courage¼ Je ne le ferai pas parce que je sais pertinemment que je n’irais pas au bout, que je finirais forcément par capituler¼ J’y gagnerais quoi ?... Une défaîte supplémentaire¼ Merci bien¼ Je ne me voile pas la face: elle a réussi à étendre sur moi une emprise démesurée que je suis parfaitement incapable de secouer¼ Tenez !... Toute la nuit dernière, toute la journée, je n’ai pas cessé de ruminer tout ça¼ Et ce soir, au dîner, comme elle me reprochait encore une fois de laisser mon appartement dans un désordre indescriptible je lui ai répondu avec une certaine brusquerie¼ - Non, mais t’as vu comment tu me parles ?!... Le ton est monté et, pour finir, elle m’a menacée d’une paire de claques¼ A 41 ans !... On en est l༠Et je n’en sortirai jamais¼

 

                                     

 

            C’est pour ça que Jérôme et Sébastien ont tant d’importance pour moi¼ Elle est là ma fuite¼ Ou plutôt elle est là ma vie¼ La vraie¼ Ce que je partage avec eux est à moi, rien qu’à moi¼ C’est là que j’existe¼ Que je m’épanouis¼ Ce que nous faisons ensemble choquerait sans doute beaucoup de monde, mais quand je suis entre eux, qu’ils me prennent ensemble, chacun d’un côté, avec infiniment de sensualité et de tendresse, je me sens pleinement heureuse¼ Heureuse, oui, c’est le mot¼ Comme je suis heureuse quand ils occupent ma bouche, qu’ils s’en  « servent » - avec tant de fièvre ! - pour se donner leur plaisir¼ Je ne les « suce »  pas¼ Non¼ Je me referme sur eux¼ Je leur fais une chatte de mes lèvres, humide et soyeuse, dont ils s’emparent avec frénésie¼ Rien n’est impossible avec eux¼ Rien n’est plus impossible désormais pour moi¼ Vous savez quoi ? La sexualité a envahi ma vie¼ Parce que c’est le seul espace de liberté dont je puisse disposer ? Si vous saviez le temps que je passe à éplucher la revue, à me promener au milieu des annonces, à les renifler avec gourmandise avant - parfois - de me lancer quand - et seulement dans ce cas-là - ce qu’on propose parle à mon imaginaire, qu’il va pouvoir l’habiter de longues semaines durant¼ Par exemple, en Mars dernier, j’ai répondu à un toubib qui rêvait d’attouchements appuyés sur une patiente complaisante¼ J’ai accepté de jouer le jeu : je viendrais¼ je me mêlerais à ses autres malades dans la salle d’attente et, une fois dans son cabinet, je me « dénoncerais »  et me laisserais tripoter - c’est le mot qu’il employait - autant qu’il voudrait¼ Quand ? Je ne savais pas¼ Peut-être dans trois jours¼ Peut-être dans trois semaines¼ Peut-être dans trois mois¼ Il verrait bien¼ Mais il pouvait être sûr que je viendrais¼ Je lui en donnais ma parole¼ Et vous savez ce que j’ai fait ?¼ Je suis devenue VRAIMENT sa patiente tout en continuant à correspondre assidûment avec lui par l’intermédiaire de la revue afin de préserver mon anonymat¼ Je suis venue le consulter, une première fois, sous un prétexte quelconque, pour voir à quoi il ressemblait¼ C’était un bel homme... La soixantaine racée¼ De grands yeux sombres profonds¼ De longs doigts effilés¼ Vous imaginez dans quel état d’esprit j’ai pu lui écrire le soir !... Je suis revenue¼ Pour mes vaccins¼ Pour la pilule¼ Pour différents petits bobos¼ C’était une situation qui m’enchantait positivement et dont je me délectais¼ Moi, je savais, je connaissais son secret et lui ne savait pas que je savais¼ Il m’avait entrée dans son ordinateur¼ J’ai systématiquement saisi toutes les occasions qui se sont présentées pour venir le consulter¼ J’ai tenu à ce qu’il me voit régulièrement¼ Qu’il s’habitue à moi¼ Qu’il soit MON médecin pour que le jour où je déciderais enfin de « passer à l’attaque » la situation soit infiniment plus troublante encore¼ Pour lui comme pour moi¼

 

                                   

 

            Ca a été début Juin¼ Juste avant moi il a reçu une jeune visiteuse médicale aux longues jambes gainées de noir, à la poitrine avantageuse, au regard délibérément félin¼ Il l’a gardée longtemps¼ Beaucoup plus longtemps sans doute qu’il n’aurait fallu¼ Derrière elle c’était le moment¼ Forcément le moment¼ Il m’a serré la main, invitée à m’asseoir¼ - Alors ?!... Qu’est-ce qui vous amène aujourd’hui ?... - Heu¼ Eh bien voil༠Depuis lundi j’ai tout un tas de petits boutons en bas à l’intérieur des lèvres¼ Ca me démangeait ? Ca me brûlait ?... Non¼ Non¼ Pas vraiment¼ Une impression de fourmillement plutôt¼ - Bon !... Eh bien on va voir ça¼ Pendant que je me déshabillais il a détourné son attention, fait mine de préparer méticuleusement la table d’examen¼ Je m’y suis installée¼ Il s’est penché, m’a écartée avec ses doigts, le sourcil froncé, la lippe dubitative¼ - Je ne vois rien¼ Rien de vraiment significatif¼ - Oh, si, vous voyez !... Vous voyez même très bien¼ Il a relevé la tête, m’a jeté un regard stupéfait¼ - Parce que¼ me dites pas que vous en profitez pas pour vous rincer l’œil !... Bouche bée il me contemplait d’un air ahuri¼ - Alors vous voyez bien que vous voyez !... Il s’est repris très vite¼ - Oh vous savez, Madame, dans mon métier¼ s’il fallait que chaque fois que¼ - On dit ça¼ On dit ça¼ Et on se met en quête de patientes à tripoter dans des revues spécialisées !... Son visage s’est brusquement éclairé¼ - Ah, c’est vous !... C’est pas vrai que c’est vous !... Vous m’avez bien eu¼ Il a souri¼    - Mais¼ on n’a pas fini l’examen du coup !...Il est redescendu entre mes cuisses avec ses mains, avec ses doigts, en longues caresses précises et sûres¼ - Mais c’est qu’elle aime ça cette petite cochonne !... Alors comme ça on joue les malades pour avoir le plaisir de se faire tripatouiller par son toubib ?!... Mais vous savez que c’est pas bien du tout ?...  Tout en me touchant avec un infini savoir-faire il m’a débité des chapelets ininterrompus de mots orduriers en me fixant droit dans les yeux¼  J’ai joui très vite, posée dans son regard, d’un plaisir à la fois profond et aérien, savouré à longs soupirs gourmands¼ Alors il est venu tout près¼ à hauteur de mon visage¼ Il s’est sorti du pantalon, il a pris ma main et il l’a refermée dessus¼ Il a giclé presque aussitôt sur ma joue, sur mes lèvres, dans mon cou¼ Il m’a regardée me rhabiller de bout en bout¼ - Vous reviendrez ?... - Bien sûr !... Vous êtes mon médecin, non ?... Je ne l’ai pas encore fait¼ Il ne faut jamais abuser des bonnes choses¼ D’ailleurs je vais maintenant vous laisser pour aller lui écrire¼ ELODIE…

 

Par François - Publié dans : petites annonces
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