Jeudi 5 octobre 4 05 /10 /Oct 17:38

Et encore une lettre d'Elodie qui poursuit ses confidences...

Cher ami,

 

                                     

 

                                     

 

            Je suis exaspérée¼ Hier soir je rentrais heureuse d’un week end plein et sans souci avec Jérôme et Sébastien et qu’est-ce que je trouve en rentrant?¼ ELLE s’était introduite chez moi - évidemment elle a la clé - et elle avait fait le ménage. A fond¼ Elle avait mis de l’ordre comme elle dit¼ J’en ai pleuré de rage¼ A l’idée qu’elle s’était immiscée comme ça une fois de plus dans tout ce que j’ai de plus personnel¼ Comme pour me dire - me répéter - que, même à 41 ans, rien ne peut être vraiment à moi, que pour elle je n’ai pas et je n’aurai jamais de vie privée, que je lui appartiens encore et toujours¼ Et le pire, c’est que ce matin : - Je me demande comment tu peux vivre dans un gourbi pareil !... Faut vraiment avoir aucun respect de soi-même !... Et je n’ai rien dit¼ Ni répondu ni protesté¼ Je sais trop bien quel tour la conversation aurait pris, comment elle m’aurait enfoncée avec délectation, vaincue une fois de plus¼ Je la connais par cœur¼ Je suis - je serai toujours - incapable de lui tenir tête - ce n’est pas la peine que je me raconte d’histoires - et ça me mine, ça me désespère¼ Est-ce que c’est ma nature qui est comme ça, est-ce que c’est inscrit tout au fond de moi ou bien est-ce que c’est elle qui m’a patiemment modelée, au fil des années, pour que je sois toujours incapable de lui échapper?¼ D’échapper à qui que ce soit d’ailleurs¼Parce que ça !... Et ça date pas d’hier¼ Tiens, écoutez !...

 

           

 

            A 17 ans, en première, Florence m’avait prise en amitié¼ C’était la seule¼ Les autres m’ignoraient. En général, sans que j’arrive à discerner pourquoi, on ne m’aimait pas¼ On me surnommait « la lèche-cul » ou « le chien battu »  et on m’excluait systématiquement de tout ce qui s’organisait¼ - Toi, tu as maman !... m’avait-on lancé un jour et on avait éclaté de rire¼ - C’est parce que tu n’es pas comme les autres, avait suggéré Florence, et en plus tu fais pas d’efforts !... Des efforts je voulais bien en faire, mais comment je pouvais être comme les autres?¼ Florence, elle, elle savait¼ C’était tout simple¼ Il fallait s’intéresser aux mêmes choses qu’elles¼ Et d’abord aux garçons¼ Ils m’intéressaient pas les garçons ?¼   - Oh si, si !... Mais¼ - Mais quoi ?... Mais il y avait eu Nicolas et¼ - Mais t’avais pas le même âge, attends!... Et puis c’est quand même pas ta mère qui va régenter ta vie !... Echappe-lui à ta mère, putain!... Dis-lui merde une bonne fois pour toutes¼ C’était facile à dire, mais¼ - De toute façon c’est complètement normal d’avoir un petit ami à 17 ans¼ C’est le contraire qui va pas¼ Bon¼ Mais elle allait s’occuper de moi, j’allais voir !... Et d’abord pour que les garçons ils nous regardent il fallait qu’on attire leur attention¼ Elémentaire, non? Et la première chose c’était les vêtements¼ Non, mais j’avais vu comment je m’habillais?... On est allées chez elle et elle m’a fait essayer tout un tas de fringues¼ Alors ? Qu’est-ce que j’en pensais ?... Je savais pas¼ C’était bizarre¼ J’avais pas l’habitude¼ - Ca te va super bien, oui !... - Je pourrai jamais mettre ça¼ - Mais si, tu verras !... Et puis il y avait le maquillage¼ Jamais je m’étais maquillée ?... - Attends, tu vas voir !... Dans la glace c’était une autre, transformée, différente, méconnaissable¼ Qui me fascinait¼ Mais à laquelle je n’oserais jamais ressembler¼ Et puis la coiffure¼ ça¼ il faudrait faire quelque chose la coiffure¼- Ca te donne 12 ans les cheveux longs comme ça¼ Restaient les sous-vêtements¼ - Parce que j’ai vu ce que tu mettais en gym !... Des tue-l’amour, oui ! Comment tu veux qu’un type il parte pas à la course quand il tombe là-dessus ?... Commence par là !... Ca se verra pas sous le reste¼ Ca te donnera le temps de t’y faire¼ De commencer à être une autre¼ Et elle m’a prêté une culotte et un soutien-gorge à elle, blancs, transparents, avec des petites dentelles et des fleurs brodées¼ Avant de rentrer je me suis démaquillée et elle a haussé les épaules¼ Avec exactement la même expression que ma mère¼

 

                                     

 

            Le soir, quand j’ai été sûre que tout le monde dormait, je les ai essayés¼ Comment ça me mettait en valeur !... J’étais pas si mal foutue que ça finalement ! J’imaginais des regards d’hommes sur moi, chargés d’admiration et de désir¼ Comment il m’excitait leur désir!¼ J’ai joué avec toute la nuit¼ Au matin j’avais pris ma décision: je les garderais toute la journée¼ J’irais au lycée avec¼ Ce serait mon secret¼ Un secret douillet et satiné¼ Ma mère quittait la maison à 7 heures¼ Mon père n’entrait jamais dans la salle de bains quand je m’y trouvais¼ Je pouvais donc me préparer en toute tranquillité¼ Je prenais tout mon temps¼ Je virais, tournais et virevoltais en jetant des coups d’œil ravis dans la glace, chaque fois que je passais devant, à cette nouvelle Elodie si séduisante¼ Je n’ai rien entendu venir¼ La porte s’est brusquement ouverte¼ Elle !¼ Elle n’était pas partie¼ Elle a poussé un cri d’horreur¼ - Qu’est-ce que c’est que ça ?... Non, mais alors là c’est la meilleure !... Elle a appelé mon père - Viens voir !... Non, mais viens voir ta fille !... Elle a attendu qu’il soit là - presque aussitôt - pour exiger : - Enlève-moi ces oripeaux tout de suite !... J’étais tétanisée, incapable de dire quoi que ce soit, de faire quoi que ce soit¼ - T’as compris ce que je t’ai dit ?... Aussi loin que je pouvais remonter dans mes souvenirs je n’avais jamais été nue devant mon père¼                  - Alors ?!... Non, mais c’est pas vrai, ça !... Quelle entêtée !... Deux gifles à toute volée et elle m’a déculottée avec détermination¼ Le soutien-gorge, c’est moi qui l’ai dégrafé, vaincue, en larmes - File !... Va t’habiller décemment¼ J’ai dû passer devant mon père appuyé, immobile, silencieux, au chambranle de la porte¼

 

                                     

 

            Le soir il a fallu expliquer¼ J’avais sorti ça d’où ?... J’ai menti : j’avais économisé sur mon argent de poche sou à sou¼ - Toujours tes petits coups en douce, hein ?!... Faut croire que t’avais la conscience tranquille !... Et tu voudrais qu’on te fasse confiance après ça ?!... Elle ne me faisait pas confiance¼ De temps à autre, à l’improviste, elle relevait résolument ma robe, d’un air soupçonneux, pour voir ce que je portais dessous¼ Ou bien elle exigeait que  j’ouvre mon jean d’un ton qui n’admettait aucune réplique¼ J’ai dû tenir mes comptes et justifier le moindre centime dépensé¼ Elle surgissait à tout moment dans ma chambre pour voir à quoi j’étais occupée¼ Mes affaires étaient systématiquement fouillées¼ J’étais en permanence une coupable en sursis¼

 

                                   

 

            A Florence je n’avais évidemment rien dit de ce qui s’était passé¼ J’appréhendais le moment où elle me réclamerait ses sous-vêtements - que ma mère avait bien entendu fait disparaître - et où il me faudrait inventer une explication plausible¼ Elle était toujours aussi décidée à me transformer¼ Plus je manifestais de réticences, plus je me montrais évasive et plus elle s’employait à me convaincre¼ A l’évidence elle en avait fait une affaire personnelle¼ Sa sœur était coiffeuse¼ - Visagiste même !... Elle avait voulu que je la rencontre¼ Elle avait été formelle: évidemment il fallait que je change de coiffure¼ Evidemment !... Ca faisait pas l’ombre d’un doute¼ Et elle savait très exactement ce qu’il me fallait¼ Elle m’a montré sur catalogue¼ Hein ?... Qu’est-ce que j’en pensais ?... Ca me plaisait ?... Oh oui¼ oui¼ beaucoup¼ - Eh ben alors ! Allez !... Elle a sa mallette dans la voiture¼ - Non !... Non¼ Pas tout de suite¼ Plus tard¼ Un autre jour¼    - Mais pourquoi ? - Parce que¼ j’ai pas envie maintenant¼ - C’est ta mère, c’est ça ?¼ T’as peur qu’elle¼ - Oh non¼ non¼ tu parles !... Je fais quand même encore ce que je veux¼ - Ben ça¼ on dirait pas¼

 

                                     

 

            Ma mère tenait à mes cheveux comme à la prunelle de ses yeux¼ - C’est ceux de ta grand-mère¼ Exactement les mêmes¼ Longtemps j’en avais été, moi aussi, extrêmement fière¼ Maintenant je les détestais¼ Elles avaient raison... Bien sûr qu’elles avaient raison !... Je revenais obstinément devant la glace¼ C’était vrai¼ Ca m’allongeait désespérément la figure¼ Ca me donnait des allures de gamine attardée¼ - Ce que tu es moche comme ça, ma pauvre fille !... Je ne voyais plus que ça¼ Je ne pensais plus qu’à ça¼ A changer de tête¼ A être une autre¼ A être enfin moi ?... Mais¼ J’ai voulu aborder le sujet un soir¼ maladroitement¼ sans véritable conviction¼  - Quoi ? Non, mais ça va pas ?¼ Mais enfin c’est ça qui fait ta personnalité, Elodie !... Ce sont tes cheveux¼ Ah non¼ non¼ Pas question que tu y touches¼ Je te l’interdis¼ Je suis retournée devant la glace¼ Et oui¼ finalement¼ Peut-être¼ En fin de compte¼ Florence a éclaté de rire - Ben voyons !... Non, mais attends !... Elle sait de quoi elle parle ma sœur¼ C’est son métier quand même !... Chrystelle était du même avis¼ Et Séverine¼ Et Pascale¼ - Ah, tu vois bien !... Allez !... Mardi je dis à ma sœur de venir¼ Tu le regretteras pas, tu verras !... C’est une super pro¼

 

                                     

 

            Elle ne s’est pas interrompue¼ Elle a continué à monter ses œufs en neige¼ - Inutile de remettre ça sur le tapis¼ Non, non, et non¼ Faut te le dire comment ?     - C’est ma tête quand même !... Et j’ai bien le droit de¼ - De quoi ?¼ De faire la première idiotie qui la traverse ?¼ Tu es mineure, je te rappelle et jusqu’à preuve du contraire c’est moi qui décide¼ - Je m’en fous¼ Je¼ - D’abord tu vas me parler sur un autre ton¼. Et ensuite je te l’interdis, Elodie¼ C’est bien clair ?¼ Et je te conseille pas de passer outre¼ Parce que je t’assure que tu t’en souviendrais !...

 

                                     

 

            Le mardi, à la sortie des cours, j’ai fui Florence¼ Mais le jeudi¼ sa sœur était l༠- Allez !... C’est aujourd’hui qu’on t’opère¼ J’ai voulu protester¼ On ne m’a pas écoutée¼ On m’a fait asseoir¼ Je n’ai pas résisté et je leur ai abandonné ma tête¼ Elle  a taillé à grands coups de ciseaux¼ Elle a ciselé, modelé, retouché¼ - Alors ? T’en dis quoi ?... Ca n’a plus rien à voir, non ?... C’était bien , oui¼ Je pouvais pas dire le contraire¼ Très bien même¼ - Maintenant tu fais vraiment femme¼

 

 

 

            J’ai erré longtemps par les rues sans pouvoir me décider à rentrer¼ Il a pourtant bien fallu finir par s’y résoudre, la peur au ventre¼ Elle n’a rien dit¼ Pas un mot¼ Exactement comme si elle ne s’apercevait de rien¼ Ou que ça lui était complètement égal¼ Elle m’a interrogée sur ma journée¼ On a dîné, regardé un peu la télé tous les trois¼ Je leur ai dit bonsoir et je suis montée me coucher, perplexe et vaguement inquiète¼ Cela ne lui ressemblait pas¼

 

                                     

 

            Je venais juste d’éteindre quand la porte s’est ouverte¼ Elle a rallumé¼ Elle avait un martinet à la main¼ Elle est venue droit sur moi, le visage dur, fermé, les lèvres serrées¼ Elle a rabattu draps et couvertures jusqu’au pied du lit¼ D’instinct je me suis retournée sur le ventre¼ Pour dormir je ne portais qu’un petit tee shirt¼ Elle l’a relevé au-dessus de la taille et elle a cinglé¼ Calmement¼ Méthodiquement¼ A longs intervalles réguliers¼ Je criais chaque fois¼ Je me cabrais¼ Et puis j’ai supplié, demandé pardon, imploré¼ Elle a été sans pitié¼ Quand elle a estimé la punition suffisante elle a laissé tomber le martinet à côté du lit, éteint, refermé la porte. Sans un mot¼ J’ai sangloté toute la nuit¼

 

                                     

 

            Voil༠Vous m’avez imposé là une rude épreuve en m’obligeant à évoquer ces souvenirs, mais je ne vous en veux pas¼

 

                                     

 

            A bientôt¼

 

           

 

            Je vous embrasse¼ E L O D I E

 

Par François - Publié dans : petites annonces
Ecrire un commentaire - Voir les 3 commentaires
Retour à l'accueil

Calendrier

Avril 2024
L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          
<< < > >>

Recherche

Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus