Mardi 3 octobre 2 03 /10 /Oct 21:36

Une autre première fois, celle de Cyrille...

Bonne lecture à tous...

R A N D O N N E E

 

 

 

Pendant six mois Sébastien a vainement cherché à me convaincre de l’accompagner au club rando… - Tu traverses des paysages magnifiques en compagnie de tas de gens sympas… Tu te vides la tête… Tu prends un bon bol d’air… Le bien que ça te fait !... Estelle, sa petite amie, renchérissait… - Mais oui, viens avec nous au lieu de rester à te morfondre tout seul dans ton coin !...

 

 

C’est le jour où j’ai croisé leur copine Morgane dans l’escalier – je partais, elle arrivait – que je me suis brusquement décidé à aller arpenter avec eux les sentiers d’Ile de France… Un seul regard et j’étais tombé éperdument amoureux de Morgane. Je marchais à ses côtés, je la voyais, je la regardais, je l’écoutais, je lui parlais et cela suffisait à mon bonheur. Mais pas au sien. Estelle et Sébastien n’ont pas tardé à me le faire remarquer avec insistance… - Ben qu’es-ce que tu fous ?!... Fonce !... Elle attend que ça !...

 

 

Seulement ça… ça… c’était justement ce dont j’étais incapable… C’était ma blessure intime, secrète. J’avais vingt ans et j’étais vierge. A mon grand désespoir. Les autres y arrivaient. Ils le disaient. Je le voyais. Pas moi. J’adorais les filles. Je passais le plus clair de mon temps avec elles. J’en mourais d’envie, mais je ne pouvais pas. Impossible. Impossible parce que ma grande hantise c’était de ne pas arriver à les satisfaire. Tous les bouquins que j’avais avidement consultés sur le sujet étaient d’accord : rien de plus difficile. Il y fallait une technique, une maîtrise de soi, un savoir-faire hors du commun. Et encore ! Même lorsque on était très doué on ne touchait que très rarement au but. Elles le disaient elles-mêmes  - j’avais lu leurs témoignages  -  très peu d’hommes savaient s’y prendre, une infime minorité…alors le plus souvent elles faisaient semblant ou bien elles allaient se finir toutes seules dans la salle de bains. Et moi ben forcément j’allais faire partie des maladroits et des incapables…Obligé…

 

 

Et jamais je n’avais pu me résoudre à passer l’épreuve tant redoutée…Je connaissais de toute façon le verdict. Quand une fille me plaisait, quand j’étais amoureux, l’idée qu’elle allait le savoir, me mépriser, se moquer de moi et  -  bien entendu  -  me quitter m’était absolument insupportable. Alors je différais…je différais tant que je pouvais jusqu’au moment où elle s’éloignait, lassée et persuadée que je n’éprouvais rien pour elle. Avec Morgane c’était ce qui allait se passer. Une fois de plus. Forcement j’allais la perdre…Dans tous les cas j’allais la perdre… - Mais vas-y, on te dit !...Tu joues sur du velours…

 

 

Fin juin Estelle a proposé qu’on se retrouve tous les quatre dans l’Aveyron la deuxième quinzaine de Juillet… Ses parents possédaient là-bas une maison de campagne qu’ils nous laisseraient quelques jours… - Et alors là !...Vous allez voir ces grands espaces qu’on va avoir… Et ces paysages… Vous allez pas en revenir… J’ai essayé de me faire croire que ce serait là-bas Morgane. Je ne voulais pas la perdre. Là-bas je tenterais le tout pour le tout : advienne que pourrait…Mais plus l’échéance approchait…

 

 

Estelle m’attendait à la gare. Toute seule. Un petit sourire chiffonné accroché à la figure. Ça se présentait mal : la mère de Sébastien était à l’hôpital… Il viendrait pas… Pas tout de suite en tout cas… Quant à Morgane… elle a baissé les yeux… - Elle viendra pas non plus… - Ah bon, pourquoi ?… Elle a haussé les épaules…  - J’en sais rien…

 

 

J’ai proposé de rentrer… - Oh, tu vas pas avoir fait tout ce voyage pour rien, attends !... Et puis il devrait pas trop tarder Sébastien… le temps qu’on sache ce qu’elle avait sa mère… De toute façon on allait pas se laisser abattre comme ça… On était venus pour la rando… On allait faire de la rando… - T’as vu le temps qu’il fait en plus ?… Demain je te réveille aux aurores…

 

 

Et on a passé une journée de rêve au rythme de nos pas. A faire provision de paysages bleutés étouffés de soleil. A déranger les oiseaux à tire d’aile dans les blés. A nous absorber, côte à côte, dans la contemplation de fourmilières géantes. A boire aux sources dans le creux de nos mains. A nous laisser porter au gré des mots qui nous venaient. Sans soucis. Sans arrière-pensée. Sereins. Heureux.

 

 

Au retour on a prolongé indéfiniment la magie dehors sur la terrasse dans la fraîcheur du soir… - Elle te comprend pas, tu sais, Morgane… la vérité… la vérité c’est que si elle est pas descendue c’est à cause de toi… Il sait pas ce qu’il veut… ou bien il en a rien à foutre de moi… De toute façon il m’agace…

 

 

La nuit était presque totalement tombée. Je suis resté silencieux quelques instants dans la pénombre et puis tout est sorti. Tout. En vrac. Tout. En flot ininterrompu. Et en sanglots réprimés à la fin. Elle a posé sa main sur la mienne, l’a laissée… - Ce qu’il faudrait c’est que tu le fasses avec une bonne copine une fois, comme ça, sans te poser de questions... On s’est tus. La nuit nous a complètement enveloppés…

 

 

-Viens !... - Et Sébastien ?… - Je suis pas sa propriété, Sébastien…Et il est pas obligé de savoir…Viens !… Elle n’a pas joui la première fois, la deuxième fois non plus, mais au matin oui… Longuement. Profondément. Avec abandon… - Tu vois que c’était pas si compliqué que ça finalement !... On s’est embrassés… - Mais c’était juste une parenthèse… On recommencera pas… Jamais…

 

 

Quand on a attaqué le sentier dans la matinée déjà haute elle m’a regardé, elle m’a souri…- En tout cas… en tout cas un truc qu’est sûr c’est que tu m’oublieras jamais… Toujours tu seras obligé de penser à moi… Et c’était vrai… La preuve…

 

Par François - Publié dans : Premières fois
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