Lundi 28 août 1 28 /08 /Août 07:43

V E S T I A I R E S (3)

 

 

 

 

 

Le téléphone… Je n’ai pas retiré mes doigts… J’ai décroché… De l’autre main… - Allo… l’agence de voyages ?… Une voix chaude… sensuelle… caressante… - Oui… - Ca tombe bien… Je voudrais faire un voyage… Une voix profonde venue du ventre, des tripes, de très loin… - Vous avez choisi votre destination ?… - Oh alors ça !… Je m’en fous complètement… N’importe où… ca m’est égal… J’ai ri… - Vous au moins vous n’êtes pas compliqué… ça… on peut pas dire… - Choisissez, vous !… Vous avez l’habitude… Sa voix… Oh, cette voix !… Enveloppante… Pénétrante… - De décider à la place des clients ?… Non… c’est la première fois… - Il faut un début à tout… C’est pas possible, non, mais c’est pas possible une voix pareille… - Vous savez de quoi je rêve ?… De partir comme ça sans savoir où… L’Afrique… L’Amérique du Sud… Le Japon… J’imagine… Je visite dans ma tête… Je parcours des tas de paysages… Jusqu’au dernier moment, à l’aéroport, ça peut être n’importe où… Vous me trouvez un peu fou, non ?… - Non… Juste un peu original… Elle me rend dingue sa voix… Sous le bureau mes doigts s’activent, frénétiques, impatients… - Vous vous en occupez alors ?… - Oh, on va bien vous trouver quelque chose… Vous voulez y mettre combien ?… - Ca m’est complètement égal… - Pour une seule personne ?… - Oui… A moins que vous vouliez partir avec moi… - Vous me connaissez même pas !… - Ca… Vous en savez rien du tout !… - Vous êtes déjà client chez nous ?… - Non… Non… Mais je vous connais très bien… Si vous saviez les heures et les heures qu’on a passées ensemble tous les deux !… - Ah oui ?… Quand ça ?… C’était bon… Non, mais comment c’était bon… - Devinez !… - Mais j’en sais rien, moi !… Vous êtes qui ?… - Ah non !… Ce serait trop facile… Il faut que vous trouviez… Arrête !… Mais arrête !… Tu vas jouir… Si jamais quelqu’un rentre… - Réfléchissez !… Je rappellerai… Bientôt… Qu’il raccroche pas !… Non, qu’il raccroche pas !… - Attendez !… Attendez !… Je… Trop tard… Et j’ai joui, plaisir intense palpitant, toute enveloppée encore dans la chaleur de sa voix…

 

 

 

 

 

 

En fac j’ai couché… Avec Lionel… Avec Fred… Avec Jérôme… Avec Fabien… Avec Etienne… Avec plein d’autres… On couchait, Coralie et moi, avec tous ceux qui voulaient… Avec tous ceux qu’on voulait…On classait nos conquêtes, par ordre alphabétique, dans un petit répertoire… On les notait… Sévèrement… Et on se racontait… Tout… En détail… On se les prêtait… On comparait… On couchait…

 

 

 

Et on s’emmerdait… Et pas qu’un peu… C’était toujours pareil finalement !… Ils étaient tous pareils… Ils s’y prenaient tous pareil… A quelque chose près… On continuait quand même… On en essayait d’autres… On espérait… On attendait… On savait pas quoi… Quelque chose… De différent… D’exceptionnel… De ravageur… Qui nous laisserait ivres de volupté et de bonheur… Mais ça n’arrivait pas… Ca n’arrivait jamais…

 

 

 

C’était au tout début le meilleur quand ils te tournaient autour, que tu les regardais faire leur numéro pour t’avoir, que tu sentais leur désir de toi s’emballer, enfler, s’affoler jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que ça qui compte pour eux… Toi… Et leur désir de toi… Qui te donnait envie à toi aussi… Qu’est-ce ça allait être cette fois !… C’était comme d’habitude… Comme toujours… Les mêmes gestes… Les mêmes mots… Jusqu’à la petite giclée finale qui les détachait et les ramenait en eux… Qui les faisait s’éloigner si vite…

 

 

 

- En fait un mec ça te gêne pour jouir… Plus qu’autre chose… C’est toujours à contretemps… Ca t’impose son rythme à lui… Non… Il y avait pas de doute : c’était bien mieux toute seules… Avec nos images… En s’inventant nos histoires… En les utilisant comme on voulait les mecs… En les mettant dans les situations qu’on voulait… On pouvait tout vivre toutes seules… Beaucoup mieux… Et on s’en privait pas…

 

 

 

 

 

 

Encore… Encore… Plus je le fais et plus j’ai envie… Ca a toujours été comme ça… Un coup d’œil à Stéphane endormi à mes côtés et je pars… Seule… Son hôpital… Madame Muller… La professeure Muller, chef du service de dermatologie… Elle parcourt rapidement la lettre du gynécologue… - Oui… Bon… Bon… Eh bien on va voir ça… Vous vous déshabillez - complètement - dans la cabine là… et vous passez dans la salle d’examen à côté…

 

 

 

Quand je pousse la porte… ils sont tous là… Tous… En groupe compact… Stéphane… Lambert… Scaronni… Valon… Gourdon… Dumas… Plus une douzaine d’autres que je ne connais pas… Je me fige, stupéfaite… Un petit cri et je m’enfuis… Je bats en retraite précipitamment vers la cabine… Derrière moi il y a quelques rires étouffés en sourdine… D’autres plus francs… La voix de Madame Muller me cloue sur place… - Eh bien !… Eh bien !… Qu’est-ce qui vous arrive ?… C’est juste un examen… Ca fait pas mal du tout… Vous êtes une grande fille quand même maintenant !… Quel âge vous avez ?… - 26 ans… - Eh bien alors !… Allez… Venez ici !… Et je reviens… Un pas… Deux… Cramoisie… Les yeux baissés… les bras ballants… - Bien… Alors cette jeune fille nous a été adressée par son gynécologue… Elle présente sur les petites lèvres une lésion cutanée sur la nature de laquelle il souhaiterait avoir notre avis… Nous allons voir si vous êtes capables de poser le diagnostic… Et elle me montre, bras tendu, la table d’examen…

 

 

 

Les pieds dans les étriers, je suis ouverte, offerte, béante… Leurs regards me fouillent, me pénètrent, m’envahissent… Je fixe la grosse lampe au-dessus de ma tête… La lumière crue m’étourdit, m’éblouit… Debout à côté de moi, Madame Muller se lance dans d’interminables considérations techniques… Et puis elle m’ausculte… Elle écarte, elle scrute, elle tâte sans ménagement… - Bon… Bon… Un cas intéressant… et assez peu courant… Alors à vous maintenant… Pas tous ensemble… Par petits groupes… Allez… Alors qui commence ?… Monsieur Lambert ?… Mais oui… Monsieur Lambert pourquoi pas ?… Lambert évidemment…

 

 

 

Et Lambert se penche, touche, palpe, insistant, tiraillant… fait semblant d’hésiter, recommence… Il en profite tant qu’il peut, le salaud !… Il hasarde un terme médical… - Pas du tout !… Vous n’y êtes pas du tout !… - Ah non ?… Et il y retourne… - Bon… mais ça peut peut-être suffire, monsieur Lambert, non ?… Un grand éclat de rire parcourt le groupe… - Qui d’autre ?… D’autres mains… D’autres doigts… Doux ou rugueux… A touches légères ou appuyées… Scaronni qui se promène tranquillement dans mon intimité, qui l’occupe, qui l’habite… Meissonnier empourpré qui ose à peine toucher, qui se contente d’une vague promenade de surface, impatient d’en avoir fini… Dumas en entomologiste consciencieux qui semble surtout vouloir vérifier si je suis bien faite comme tout le monde…

 

 

 

Et puis les filles… Valon qui effleure à peine à doigts de plume… Mercier distante, lointaine, une vague moue dégoûtée au coin des lèvres… Et puis Malard si précise, si juste, si complice que forcément tu sais qu’elle se le fait aussi… Des doigts… encore des doigts qui tâtent, longent, parcourent, déplient, déploient, s’approprient, se font troublants à force de solliciter… - Bon… Eh bien on va s’en tenir là… Parce que manifestement la jeune fille ça commence à la mettre en appétit tout ça… Je suis écarlate… Encore une bordée de rires… Tranquilles… Longtemps égrenés… La fille brune juste en face me fixe droit dans les yeux sourire mi-narquois mi-complaisant…

 

 

 

On me libère… Je saisis l’ordonnance… Je m’enfuis jusqu’à la cabine… Je me rhabille tremblante de confusion, de honte, d’un plaisir inachevé… que je réactive en rappelant - en convoquant - encore et encore leurs doigts jusqu’à m’en épuiser…

 

 

 

 

 

 

- Alors ?… Vous avez pensé à mon voyage ?… Vous m’envoyez où ?… Lui… Sa voix… Lui… Et décidément… toujours au bon moment… Il a le chic… - Il vaudrait mieux que vous passiez à l’agence, vous savez !… - Alors je suis qui?… Vous avez trouvé ?… Toujours aussi envoûtante sa voix… Envie… tellement envie… Mes doigts se font ardeur… - Non… Non… J’ai beau chercher… Je vois pas… - C’est pas bien compliqué pourtant… On est voisins… - Voisins ?!… Comment ça ?… - Levez la tête !… L’immeuble en face… Deuxième étage… J’ai précipitamment retiré ma main avec un petit cri… Il a ri d’un rire tranquille un peu moqueur… - Oh, depuis le temps que je vous vois faire, vous savez !… Un peu plus un peu moins… - Mais je croyais qu’il y avait personne, moi, en face !… C’est tout abandonné… - Justement !… On rentre comme on veut… Non… Un peu plus à gauche je suis… Là… Vous voyez ma main ?… Coucou, Julie… - Mais c’est que vous avez des jumelles en plus !… - Ah ben oui !… On voit nettement mieux… - C’est complètement fou ce truc… Vous êtes complètement fou… - Tous les jours je suis là… Depuis le premier jour où vous avez été embauchée… Tout le temps… Je sais tout de vous… Je connais tous vos gestes… Votre petit coup de tête pour ramener vos cheveux en arrière… Votre façon de suçoter votre stylo quand vous réfléchissez… Votre regard quand vous vous touchez sous le bureau… Le voile sur vos yeux quand vous vous retenez… Comment vous avez joui l’autre jour quand je vous ai appelée !… C’était la première fois… Toutes les autres fois… J’ai raccroché… Je l’ai aussitôt regretté…

 

 

 

 

 

 

Ce qu’elle dessinait bien Coralie !… - T’aurais dû faire les Beaux-arts… - Ca leur aurait pas plu… Elle dessinait des queues… Seulement des queues… Celle du prof d’Anglais imaginée perdue au cœur d’une forêt de poils… Celle du prof de linguistique, ridiculement petite, exhibée au milieu de grappes d’étudiants qui la montraient du doigt en ricanant… Eux aussi, nos camarades, y avaient droit… On n’était pas toujours d’accord… - Elle est pas comme ça celle de Mathieu, attends !… - Tu l’as vue ?… - Non… - Eh bien va vérifier… Tu discuteras après… - Mathieu ?… Non, merci… Sans façons…

 

 

 

Et puis nous deux… Assises en amphi la jupe retroussée jusqu’aux hanches, la culotte sur les chevilles, les jambes largement écartées… On se branlait, deux doigts enfoncés dans la chatte, ceux de l’autre main en déchaîne sur le clito… Les yeux fous on fixait le prof de linguistique générale qui s’activait sur une bite gonflée, décalottée, démesurée en contemplant, hagard, nos entrejambes ouverts…

 

 

 

Et on le faisait ensemble… Sans la moindre pudeur… Aussitôt les cours terminés on se précipitait chez l’une ou chez l’autre et on le faisait… On étalait les dessins de Coralie sur le lit et on s’enflammait… On murmurait, on criait, on hurlait les mots les plus orduriers qu’on pouvait trouver… Ou bien au contraire on s’enveloppait de douceur en volutes légères qui s’élargissaient à l’infini… On se regardait… Le plaisir de l’une se nourrissait du plaisir de l’autre… Souvent, au matin, on se réveillait côte à côte, épuisées…

( Suite et fin demain )

Amitiés à toutes et à tous...

Par François - Publié dans : Plaisirs solitaires
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