Samedi 5 août 6 05 /08 /Août 22:03

Depuis toujours je suis fasciné par les regards... Regards volés... Regards offerts... Regards capturés...

Et par les au-dessous du regard: ce qu'ils suggèrent... ce qu'ils retiennent... ce qu'ils abandonnent...

Depuis longtemps j'aime écrire des "histoires" qui mettent en scène le regard... Histoires vraies ou rêvées... Douces ou cruelles ou... les deux à la fois...

J'ai eu envie de regards sur elles... D'où - aujourd'hui - ce blog... et un tout premier texte qui devrait être suivi de beaucoup d'autres...  

  

 

REGARDS    CROISES 

 

 

 

 

 

 

 

Les Duval avaient beaucoup insisté : - Mais si, viens avec nous !...C’est fabuleux la Bretagne… Et puis tu vas voir ce petit camping qu’on a découvert… Mais si, allez, viens!... Ce sera sympa…  

 

 

C’était sympa… On ne parlait pas boulot… On prenait le temps de vivre : apéritifs interminables devant la tente, ventrées gigantesques d’huîtres et de moules, après-midi de plage ensoleillée…

 

 

Leur nièce Morgane les avait suivis… C’était une petite brunette de 20 ans aux yeux de feu qui examinait tout et tout le monde avec beaucoup d’attention, parlait peu et s’absorbait des heures entières dans ses lectures…

 

 

 

  

 

J’aimais me lever tôt quand tout dormait encore, que le soleil n’était pas trop haut, la chaleur pas trop étouffante… Avant de partir seul pour une longue promenade en front de mer j’allais prendre une douche rapide… Dans toutes les parois qui séparaient les cabines de petits trous circulaires avaient été amoureusement et soigneusement percés, à bonne hauteur - sans doute par un voyeur impénitent - et le soir, au retour de la plage, j’en profitais, quand la chance me souriait, pour contempler avec ravissement les charmes de mes voisines de hasard… Mais le matin, à cette heure-là, il n’y avait généralement personne…

 

 

Sauf que ce matin-là… Un trottinement sur le ciment… Qui s’est arrêté… Quelqu’un est entré à côté… La porte métallique s’est refermée avec fracas… Un raclement de gorge… féminin !... Une aubaine… J’ai continué à me doucher tranquillement pour laisser à l’inconnue le temps de se déshabiller, de se mettre en place… Et je me suis penché d’un coup, l’œil brusquement rivé à l’orifice, pour me trouver nez à nez - si on peut dire - avec un autre œil en gros plan, vert, tout irisé de reflets dorés, un autre œil à la pupille dilatée qui s’est aussitôt évanoui…

 

 

Le silence de part et d’autre de la cloison… Un silence plein, compact, immobile qui s’est éternisé, figé dans l’attente… l’attente d’on ne savait trop quoi… De toute façon tant que je serais là elle ne se doucherait pas… Elle ne sortirait pas non plus… Alors je me suis décidé… J’ai quitté la cabine, puis le bloc sanitaire en traînant des pieds pour revenir aussitôt m’asseoir silencieusement sur le banc juste en face, déterminé à attendre le temps qu’il faudrait pour mettre un visage sur cet œil furtivement entraperçu…

 

 

A l’intérieur elle s’était rassurée… L’eau a longuement coulé… Elle s’est lavée, rhabillée… Elle est sortie… C’était Morgane !… Morgane qui a poussé un petit cri d’épouvante en m’apercevant… qui a esquissé un mouvement de repli précipité vers la cabine… qui a renoncé… A quoi bon ?... Trop tard… Je l’avais vue…

 

 

Ecarlate, elle est passée devant moi sans un mot, sans un regard… Et elle a fui… fui vers nos tentes là-bas… tête baissée… aussi vite qu’elle pouvait… Elle s’en est arrêtée à quelques mètres, m’a attendu sans se retourner… Quand je suis arrivé à sa hauteur elle a interrogé d’une voix blanche - Tu vas le dire ?... Le regard implorant… - Je sais pas… Ca dépend… Oui, ça dépend… Je vais faire un tour… Tu viens avec moi ?... On décidera…

 

 

 

 

 

 

On a marché côte à côte, sans un mot, jusqu’à la mer qu’on a longuement contemplée… - Tu fais ça souvent ?… - Oh non, non !… C’est la première fois… J’ai éclaté de rire… - Forcément !… C’est la première fois… Tu vas pas dire le contraire… Elle m’a jeté un bref regard, s’est absorbée dans l’observation attentive d’un voilier qui dérivait lentement là-bas… - Tu caches bien ton jeu, hein, finalement !… A te voir comme ça on te donnerait le bon Dieu sans confession… Et dès que l’occasion se présente tu vas examiner l’anatomie des messieurs… Oh, mais fais pas cette tête-là !… Ca t’intéresse… Et alors ?!… C’est parfaitement normal… C’est le contraire qui le serait pas… Deux mouettes furieuses nous ont survolés en hurlant… - Mais dis-moi un truc… là… entre nous… Tu savais que c’était moi dans la cabine à côté ou bien c’était le hasard… Elle a longuement joué avec ses mains, m’a regardé droit dans les yeux… - De toute façon tu me croiras pas… On est descendus sur la plage et on a longé la mer de tout près… Les vagues nous ont léché les pieds… - Tu sais ce qu’on va faire ?… Demain matin on retournera là-bas… Et je te regarderai de la cabine d’à côté… Sinon je raconte tout… - Tu diras rien… Tu serais aussi emmerdé que moi… Toi aussi t’as voulu voir…

 

 

Au retour les Duval étaient levés… - Ben alors ?!… Où vous étiez passés ?… Oh, ils ont ramené les croissants… Vous êtes des amours…

 

 

 

 

 

 

Le lendemain matin, là-bas, j’ai attendu… Longtemps… Elle ne viendrait pas… Non, elle ne viendrait plus… J’allais renoncer quand… des pas enfin !… La porte juste à côté… Les frôlements soyeux des vêtements qu’on quitte… Et, à travers le petit orifice circulaire, elle est apparue plein cadre, de profil, du haut des cuisses aux hanches… L’eau a ruisselé… Tout en se savonnant elle a lentement… très lentement… progressivement… pivoté sur elle-même pour finalement m’abandonner complètement deux amours de petites fesses tendues et bombées à souhait… Longuement… Un brusque demi-tour sur elle-même… Quelques heureuses et brèves secondes pour me repaître avec bonheur de la fine toison en treillis sur le fendu délicieusement ciselé… Et elle a disparu… Le râpement de la serviette de bains sur la peau… C’était fini… A nouveau les vêtements… Je suis sorti… Elle aussi… Presque aussitôt… - Bonjour !… Ce n’était pas Morgane, mais la fille d’une grande  tente bleue à l’autre bout du camping là-bas…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A midi on a gratté les moules tous les deux devant la tente… On était seuls : les Duval étaient partis chercher de la glace… - Tu n’es pas venue ce matin… - Non… Je me suis pas réveillée… - Ce qui veut dire que si tu t’étais réveillée tu serais venue ?!… - J’ai pas dit ça… - Tu veux pas que je te voie, hein, c’est ça ?!… Elle a haussé les épaules… - Oh, j’m’en fous de ça !… - Mais c’est pas ça qui t’intéresse… Ce qui t’intéresse c’est… - De toute façon c’est parfaitement normal, c’est toi qui l’as dit… - Je l’ai dit, oui !…    - Non, c’est vrai, pourquoi vous, vous pourriez avoir envie de nous voir sans arrêt toutes nues et que nous on aurait pas le droit ?… On s’est tus… Des gamins sont passés en courant dans l’allée… Elle a chassé une guêpe, avec agacement, du revers de la main… - N’importe comment ça servirait à rien que je fasse semblant avec toi maintenant puisque de toute façon tu sais… - Et ça t’ennuie que je sache ?… Elle s’est penchée un peu plus bas encore sur la bassine… - Oui… Oui et non… Personne savait jusque là… Mais d’un autre côté toi aussi tu fais pareil… Et ça peut être bien quand même que quelqu’un sache des fois… Même que ce soit un homme… Tu te sens moins toute seule… - T’en as jamais parlé avec tes copines ?… - Oui, oh ben alors là !… Pour quoi je passerais !… - Et pourtant tu paries qu’elles font la même chose ?… - Non… Mais elles en crèvent d’envie…

 

 

 

 

 

 

- Tu viens ?… Je vais te montrer quelque chose… - C’est quoi ?… - Viens !… Tu verras bien… Et on a abandonné les Duval sur la plage dans la touffeur de l’après-midi…       - Où ils vont encore courir ces deux-là ?… - On rentre… On a trop chaud… J’ai pris la route de la corniche… Elle n’a plus rien demandé… plus rien dit… J’ai garé la voiture dans un petit chemin ombragé et on a attaqué le sentier à pied… - T’as pas vu là?… Zone militaire. Entrée interdite… - T’occupe pas !… Viens !… Tout au bout on s’est arrêtés, on s’est allongés côte à côte à plat ventre dans les ajoncs… - Eh ben ?!… Qu’est-ce qu’il y a à voir ?… - Attends !… Attends !… Ca va venir !… A peine dix minutes et les premiers sont apparus en course échevelée vers la mer. Nus. Tout nus… Suivis d’une dizaine d’autres… D’autres… D’autres encore… Je lui ai tendu les jumelles… Elle les a prises sans un mot, sans détourner la tête…  - Dis… S’il te plaît… Ca t’ennuierait de me laisser toute seule ?… Je te rejoindrai après… A la voiture…

 

 

Après… Longtemps après… Deux heures après…

 

 

 

 

 

 

Au retour dans les douches c’était l’affluence… On a sagement attendu notre tour, sur le banc, aux côtés d’un jeune homme qui lui coulait timidement par en dessous des regards enflammés… Trois cabines se sont presque simultanément libérées et elle s’est emparée, d’autorité, de celle du milieu… Je l’ai regardée regarder par l’autre trou, de l’autre côté, en face… La chevelure en pluie… La nuque… Le haut du dos dénudé… Longtemps… Et puis elle s’est redressée et elle est venue vers moi… Œil contre œil aussitôt… Comme la première fois… Œil dans l’œil… Mais elle ne s’est pas retirée… J’ai cédé… Je me suis relevé… Et je me suis douché tourné vers elle…

 

 

 

 

 

 

On est remontés lentement ensemble vers les tentes… - Il s’est fait couler, lui, à côté !… Sur un ton de tranquille constatation… - Et sûrement en pensant à toi… Vu la façon dont il te regardait… - En tout cas toi, même que tu croies le contraire, c’était la première fois que je te voyais… Si, c’est vrai, hein !… Elle a marqué une pause… - J’aime bien quand vous vous déshabillez complètement le bout comme ça… Tu peux pas savoir ce que ça me fait… Elle s’est arrêtée pour rattacher la lanière de sa sandale… Je te choque ?… - Ce qui me choque, c’est que tu regardes… tu regardes… mais tu montres pas beaucoup… - Ca viendra… - Quand ?… C’est après-demain qu’on rentre… - C’est vrai… Déjà… Et merde !… Juste quand ça commençait à devenir intéressant… 

 

 

 

 

 

 

- Tu m’y remmènes?… - Où ça ?… Ben… à la plage des soldats, tiens !… Elle a fixé la route droit devant elle… - Ca me déprime qu’on s’en aille… - Tu vas retrouver tes copines… ton petit ami… - Oh lui !… La seule chose qu’il a de bien, c’est quand ses potes viennent dormir chez lui… Il a pas de porte à sa salle de bains… Et c’est juste en face du lit…  Jérémie… tu verrais ça ce truc qu’il a!… T’arrives même pas à croire que ça existe… Mais c’est pas ça que je préfère en fait… C’est quand ils savent pas qu’on les regarde les types… Qu’ils se croient tout seuls… J’ai éteint le moteur… - Je t’attends là, je suppose… Comme hier…  - Oui… Oui… Je préfère… Elles sont où les jumelles ?… - Dans le coffre… - Je te prends ton appareil photo aussi… J’y ferai gaffe…. J’te promets…  

 

 

 

 

 

La dernière soirée on l’a interminablement prolongée au-dehors devant les tentes… Il faisait exceptionnellement chaud et elle n’était vêtue que d’un grand tee shirt blanc qui lui arrivait à mi-cuisses… Quand la nuit a commencé à tomber les Duval ont regagné leur lit… Nous, on a continué à chuchoter, plus d’une heure durant, face à face, dans la pénombre…      - On s’entend bien quand même !… Et puis tu comprends tout… Dommage qu’on se reverra plus… - Bien sûr que si !… Si on veut… - Oui, oh !… On dit toujours ça en vacances… Et puis après quand on est rentrés… Les lampadaires du camping se sont éteints… La nuit s’est faite intense brusquement… - Allons nous coucher, tiens !… - Et dire que je t’aurai même pas vue toute nue… - J’enlève mon tee shirt si tu veux… J’ai rien en dessous… Elle l’a fait, en doux frôlement soyeux… - Tu vois ?… Et elle a ri tout bas, de bon cœur… De la main, à tâtons, dans l’obscurité tout autour je me suis mis en quête de ma lampe de poche… Du bout du faisceau lumineux, dense et concentré, j’ai cherché ses pieds dans l’herbe… Ils n’y étaient pas : elle les avait relevés sur la chaise… Alors je suis lentement… très lentement remonté… J’ai trouvé les orteils… minutieusement détaillés… J’ai suivi la courbe du mollet, j’ai dessiné le genou, à petites touches rapides de lumière… Je me suis amoureusement attardé tout au long de la cuisse,  encore et encore parcourue et reparcourue…Elle ne bougeait pas… Elle ne parlait pas… J’ai hésité et puis j’ai finalement pris la direction de la hanche, suivi les côtes, bifurqué vers le bras longé jusqu’à l’épaule, jusqu’au cou… Une lente, très lente descente mille et mille fois reprise… Les premiers contreforts du sein approché avec hésitation et puis franchement, délibérément enrobé et conquis… Tout ferme… Tout rond… Si émouvant… Je m’y suis installé… J’en ai doucement agacé et mordillé la pointe à petits suçons de lumière… L’autre… Et puis la pente du ventre jusqu’à la lisière de la toison où j’ai longuement séjourné… J’y ai pénétré… Je m’y suis enfoui avec volupté… L’encoche enfin jalousement refermée sur ses secrets… Lissée sur toute sa longueur avec obstination… Avec insistance… Avec délectation… Elle s’est imperceptiblement entrouverte… Alors j’ai éclairé mon désir dressé… ma main sur lui à la recherche de mon plaisir… Et je suis revenu aussitôt entre ses jambes… Elle… Moi… Elle… Moi… En un vertigineux va-et-vient… Elle s’est plus franchement… plus généreusement ouverte… écartée du bout des doigts… Ca a surgi sous son regard…  

 

  

Par Fabien - Publié dans : regards.croises
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