Dimanche 9 novembre 7 09 /11 /Nov 20:40

Jeudi 6 Juillet 2034

 

- T’as vu… - Quoi donc ?… - Il y a quelqu’un qu’arrête pas de faire les cent pas devant la maison… Depuis ce matin ça dure… - C’est qui ?… Une fille… de ton âge… que je connais pas… Et qui se cache derrière la haie dès que je mets le nez à la fenêtre… Ou que je sors dehors… - Je vais voir…

 

C’était elle. La fille des baffes à la fac… - Qu’est-ce tu fous là, toi ?… Tu m’espionnes ?… Eh bien réponds !… - Vous êtes tellement belle… Fallait que je vous voie… Même juste un peu… Je peux pas me passer de vous voir… - Oui, ben ça, c’est ton problème… C’est pas le mien… Moi, je veux pas te voir… Alors tu disparais… Tu dégages… C’est compris ?… - Oui… Et elle a lentement tourné les talons… - Attends !… Attends !… T’oublies pas quelque chose ?… Elle s’est retournée, agenouillée. Je lui ai soulevé le menton du bout du doigt… - T’éloigne pas trop quand même… Que je puisse te siffler si j’ai besoin… J’ai levé la main. Elle a fermé les yeux. Je l’ai interminablement fait attendre. Elle les a rouverts. C’est tombé. A pleine volée… - Qu’est-ce qu’on dit ?… - Merci..

 

Grand mère a voulu savoir… - C’était quoi ?… - Oh, c’était rien… Rien du tout…

 

 

 

 

16 heures

 

Chritopher m’a déstabilisée. Je n’arrête pas de penser à notre conversation d’hier soir. Et si c’était vrai ? Si le virus avait été effectivement vaincu et qu’on nous le cache ? Plus j’y pense et plus je trouve d’arguments sérieux qui plaident dans ce sens. A commencer par ce fameux  week end qu’on nous a obligées à passer enfermées chez nous avec interdiction absolue d’en sortir. Ce que je ne comprends pas, par contre, c’est l’intérêt qu’on pourrait avoir à nous cacher que le virus a été éradiqué. J’ai beau tourner et retourner la question dans tous les sens je ne trouve aucune réponse qui me satisfasse vraiment. Mais que Christopher, lui, ait tout intérêt à en être persuadé ça relève de l’évidence. C’est l’alibi dont il a besoin pour donner corps à des projets dont, contrairement à Valentine, je suis convaincue qu’il finira par les mettre à exécution… J’essaierai sagement de l’en dissuader pour autant qu’il dépendra de moi, mais il me paraît de plus en plus évident qu’il y a bien peu de chances pour que j’y parvienne… Et après tout si c’est son choix je ne vois pas de quel droit je m’obstinerais à faire des pieds et des mains pour l’en empêcher. Pour être en paix avec ma conscience ?

 

 

 

 

Vendredi 7 Juillet

 

Elle rôde constamment dans les parages. Me suit à bonne distance quand je sors. C’est moi qui lui ai dit de ne pas trop s’éloigner. De ne pas trop s’approcher non plus. Il est où le juste milieu ? Elle n’en sait rien. Moi non plus. Il n’y en a pas. Il ne peut pas y en avoir. J’en joue. Ca ne va jamais. Je lui fais signe, furieuse. Plus près. Plus loin. Mais non : plus près. Mais pas si près. Elle obéit. Elle obéit toujours. Fait preuve de toute la bonne volonté qu’elle peut. Ca ne va pas quand même. Ca n’ira jamais. Parce que je n’ai aucune envie que ça aille. Que ça m’amuse de la faire tourner en bourrique. Est-ce que ça lui plaît ? Est-ce qu’elle aime ça ? Peut-être. Sûrement. Ca m’est complètement égal. Et à moi est-ce que ça me plaît ? Oui. Non. Pas vraiment. Ca me distrait. Ca m’occupe. Sans doute que j’ai besoin de ça en ce moment. De quelqu’un à ma botte. Dont je fasse tout ce que je veux. Tout ce dont j’ai envie. Je remets mes pas dans mes pas. C’est comme si tout s’était ligué – cette fille, Sérane, les confidences d’Iliona – pour me signifier qu’il y avait quelque chose, avant, qui n’avait pas été mené à son terme, dont je n’avais pas tiré tout ce dont j’aurais dû tirer et pour m’en offrir l’opportunité…

 

 

 

 

23 heures

 

 Pourquoi ?… Pour Christopher ça va de soi… - Mais c’est évident pourquoi… Les circonstances ont imposé, de fait, la suprématie féminine… Et maintenant qu’elles sont aux commandes elles n’ont pas du tout l’intention de s’en laisser dessaisir… Seulement leur pouvoir est encore tout neuf. Il leur faut du temps pour l’établir solidement. Et définitivement. Irréversiblement… Nous laisser sortir ce serait courir le risque de nous voir aussitôt le battre en brèche…  Et admettre officiellement qu’il n’y a plus aucun danger ce serait devoir fermer les centres, perdre la mainmise qu’elles exercent sur la natalité, laisser se multiplier les naissances masculines et, à plus ou moins long terme, voir se rétablir la situation antérieure et c’est quelque chose dont elles n’ont pas, mais alors là pas du tout, envie… Elles veulent un univers de femmes, un monde dont les hommes, inutiles, auraient disparu… Et nous, du coup, on est condamnés à moisir là-dedans à vie… Nous et ceux – les rares mâles qu’on sélectionnera, au fil des générations, pour la qualité de leur sperme – qui viendront après nous… A moins… à moins qu’un grain de sable vienne enrayer la machine…

 

Par Fabien - Publié dans : 2034
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