Jeudi 18 septembre 4 18 /09 /Sep 06:26

Jeudi 18 Mai 2034

 

Tout le monde ne réagit pas comme Valentine. Tant s’en faut. On ne parle plus que de ça. Partout. Ca ressasse, ça ressasse et ça ressasse encore. On cherche à se rassurer. Sans jamais y parvenir. Les Cassandre s’en donnent à cœur joie et sapent allègrement le moral de celles qui s’efforcent de conserver un minimum d’optimisme. En parler n’avance à rien. Tout le monde le sait. Personne ne peut s’en empêcher. Nous non plus. On avait pris de sages résolutions : entre nous ici, à la maison, pas un mot là-dessus. Jamais. On n’arrête pas. D’une façon ou d’une autre ça revient sans arrêt sur le tapis.. Parce que ça nous habite la tête à toutes. C’est peut-être ce qui a mis Valentine en fuite : elle n’est pas rentrée depuis hier matin. C’est une explication, mais je sais bien que ce n’est pas la bonne… Elle est avec une fille…

 

 

 

Vendredi 19 Mai 2034

 

Moi aussi… J’allais pas rester là à me morfondre toute la soirée toute seule et je suis retournée au bar de l’autre jour… La tête d’Ophélie quand elle m’a vue !… - C’est toi !… C’est pas vrai que c’est toi !… Tu peux pas savoir ce que je suis heureuse !… Elle l’était… Transfigurée… Les yeux embués… Les yeux chavirés… Ivre de l’envie de moi… Elle m’a entraînée… Elle m’a emportée… - Viens !… S’il te plaît, viens !… Viens !… Dans sa chambre… - Toi !… Toi !… Toi !… Elle m’a fougueusement déshabillée – dépiautée – poussée vers le lit… Elle a enfoui sa tête entre mes cuisses… Gémi du bonheur d’y être… Heureuse de moi…  Et j’ai été heureuse de son bonheur de moi…

 

 

 

 

22 heures

 

Monelle a soupiré… - Tu te poses beaucoup trop de questions… Tu t’en es toujours beaucoup trop posé d’ailleurs… Pourquoi vouloir à tout prix définir ce qu’on éprouve ?… Mettre des mots sur les sentiments ?… Est-ce qu’on ne peut pas se contenter de vivre tout simplement ?… Tu es bien avec Valentine… Continue… Tu es bien avec Ophélie… Continue… Et arrête de couper les cheveux en quatre… De tout compliquer… - Il faut bien savoir… - Savoir quoi ?… Si t’es amoureuse ?… Et de laquelle ?…  Quel intérêt ?… Tu veux que je te dise ?… Que je te dise vraiment ?… Il n’y a que de toi que tu sois amoureuse… Tu n’as jamais été amoureuse que de toi… De l’image de l’amour que tu t’es forgée à quatorze ans… Et dans laquelle il faut que les autres rentrent coûte que coûte… Bon gré mal gré… Ce n’est pas ça aimer… Il n’y a pas L’AMOUR… Il y a DES amours… Uniques et irremplaçables… Qui s’inventent chaque fois différentes avec chaque partenaire… Tant qu’on n’a pas compris ça… Mais tu n’en es plus très loin… Tu en es même tout près…

 

 

 

Samedi 20 Mai 2034

 

5 heures du matin

 

Après ma conversation avec Monelle, hier soir, j’ai brusquement éprouvé l’impérieux besoin d’aller dialoguer avec Christopher. Pourquoi lui ? Je ne sais pas. Il était occupé ailleurs et j’ai dû insister longtemps. Près d’une heure… - Tiens, une revenante !… Ben, où t’étais passée ?… On a eu un peu de mal au début, mais on a très vite retrouvé nos marques et on a discuté comme deux vieux copains jusqu’à cinq heures du matin. Il est – comment dire ? – désabusé. Sans plus de goût à rien… - Le temps passe, c’est tout… Chaque jour ressemble à tous les autres. Les mêmes trucs à faire. Les mêmes têtes. Les mêmes petites histoires. Les mêmes petites plaisanteries. Les mêmes engueulades pour les mêmes conneries. T’as rien. Rien qui te donne vraiment envie de vivre. Si tu regardes devant toi qu’est-ce que tu vois ?… Un demain qui va ressembler comme deux gouttes d’eau à aujourd’hui. Et à tous les jours d’avant. Et à tous ceux d’après. Complètement vides. Rien pour les habiter. Enfin, si !… La trouille… La trouille que malgré toutes les précautions qui sont prises ça finisse par te tomber dessus à toi aussi… Sans parler des catastrophes qu’on nous annonce et dont personne ne sait si nos scientifiques et nos politiques seront capables de nous les éviter… Et on peut sérieusement en douter… Alors tu sais ce que c’est le pire ?… C’est de te dire que tu vis peut-être tes dernières semaines et que tu ne peux même pas en profiter… Que t’as rien pour les habiter… Si tu savais comment on vous envie, vous, à l’extérieur, de pouvoir vivre à plein… Ce que vous voulez… Comme vous avez envie… - On le fait pas forcément… - Oui, mais vous pouvez le faire…

 

Il a raison. Evidemment qu’il a raison. On se pose beaucoup trop de questions. Il faut vivre, vivre et encore vivre. Tout de suite. Maintenant… Nous on a la chance de pouvoir le faire…

Publié dans : 2034
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