Dimanche 14 septembre 7 14 /09 /Sep 21:59

Dimanche 14 Mai 2034

 

- Je serai pas là ce soir… Juste ça. Sans autre explication…. Je ne me suis pas abaissée à lui demander où elle allait, ni pour faire quoi, ni avec qui… - Oui, je ne serai pas là ce soir… - Ca tombe bien… Moi non plus… Et, hier soir, je suis effectivement sortie. Sans véritable envie. Sans but. Je me suis promenée au hasard et j’ai fini par échouer dans ce bar où Monelle nous avait entraînées le soir de l’anniversaire de Valentine. Il y avait cette fille qu’elle nous y avait présentée, qui m’a tout de suite reconnue, qui est venue s’asseoir à ma table. J’avais besoin de parler. J’ai parlé. On a bu. Plus que de raison. Je n’ai pas l’habitude. J’ai sombré. J’ai vaguement senti qu’on me portait, qu’on me déshabillait. Je me suis endormie comme une masse…

 

Au réveil il faisait grand jour. Des lèvres me couraient, précises et douces, sur la peau… Je les ai laissé y errer à leur guise. Elles sont remontées. Se sont posées sur les miennes. Une langue s’est insinuée entre elles. Tout s’est brusquement fait plus ardent, plus passionné. Elle s’est savamment occupée de mes seins. Elle m’a ouverte. J’ai chaviré. Elle a insisté… Insisté encore… J’ai perdu pied… Elle est venue se couler contre moi, m’a picoré le cou de petits baisers… - Quelle jouisseuse tu fais !… Et dire que je sais même pas comment tu t’appelles… - Roxane… Et toi ?… - Ophélie… Tu reviendras ?… On se reverra ?… - Je sais pas… Peut-être… - Reviens, s’il te plaît, reviens…    

 

J’ai précipitamment regagné la maison… Valentine était rentrée… - Je peux te parler ?… Et je lui ai tout dit. D’un trait. Sans reprendre mon souffle… Elle a souri… - Tu fais bien ce que tu veux… Tu n’as pas de comptes à me rendre… - Ca t’est complètement égal alors que j’aille avec une autre !… Tu t’en fiches… Elle m’a attirée contre elle, a plongé ses yeux dans les miens… - Je m’en fiche pas, non… Ce que je veux, c’est que tu sois heureuse… Epanouie… Comme tu l’entends… Avec qui tu l’entends… Sans te poser de questions qui n’ont pas lieu d’être… - Tu as d’autres filles que moi, hein !?… - Oui… Et ça ne t’enlève rien à toi… Ni à elles non plus d’ailleurs… A personne… En amour ce qu’on donne à l’une on ne le prend pas à l’autre… Au contraire… Chaque relation s’enrichit de toutes les autres… Non ?… Tu crois pas ?… - Je sais pas… Dans un sens je me dis que oui et dans un sens je me dis que non… Elle m’a doucement embrassée… - Va vite t’habiller… Je t’emmène au restaurant…

 

Dans la rue elle m’a enlacée. On a marché longtemps, lentement, serrées l’une contre l’autre. On croisait d’autres femmes qui nous enveloppaient, au passage, d’un regard complice ou indifférent, rarement réprobateur… - T’as envie d’aller où ?… - Où tu veux… Choisis, toi !… Ca a été un restaurant de fruits de mer et de poisson au bord de l’eau… Au dessert je n’ai pas pu m’empêcher de poser la question… - Tu crois que ça va durer nous deux ?… - Il n’y a pas de raison… A condition qu’on ne se montre ni possessives ni exclusives l’une avec l’autre… C’est quelque chose que, pour ma part, je ne supporterais pas… Et que tu ne supporterais pas non plus… Ce qui t’est arrivé hier soir se reproduira… Tu auras envie d’autres femmes que moi… Mais bien sûr que si !… Et c’est parfaitement légitime… Si tu y renonces à cause de moi, sous prétexte de m’être fidèle, tu m’en voudras forcément, consciemment ou pas, et tu finiras par te détacher de moi, persuadée que je t’étouffe, que je t’empêche de vivre… Alors que c’est toi qui t’étoufferas toute seule… Comme une grande… Et je paierai les pots cassés… 

 

 

 

 

Mardi 16 Mai 2035

 

On vient de publier des chiffres extrêmement alarmants : dans trois ans la famine aura gagné l’Europe. C’est pratiquement inéluctable. A moins qu’on ne prenne immédiatement des mesures drastiques. Ce qui est le cas : tout ce qui peut être converti en terre agricole va l’être sans délai et toutes les terres agricoles, sans aucune exception – celles du moins qui ne sont pas totalement épuisées et qui pourront être irriguées – vont être exclusivement consacrées à la culture de produits de première nécessité. Il n’est pourtant absolument pas certain que ces mesures soient suffisantes. Et on laisse entendre que, dans un avenir très proche, les restrictions alimentaires ne pourront pas être évitées.

 

Reste à savoir si tout cela est vrai. Si on ne noircit pas à plaisir le tableau. Si on ne fait pas dire aux chiffres ce qu’on veut. Ou si on ne les a pas un peu « orientés » . Parce qu’ils tombent vraiment, comme par hasard, au meilleur moment possible pour nos dirigeantes qui font des pieds et des mains depuis des semaines pour nous convaincre qu’il convient de limiter, autant que faire se peut, le nombre des naissances masculines. Et qui y parviennent. Malgré la résistance bruyante et acharnée d’un certain nombre « d’attardées ». Elles vont bien évidemment jouer maintenant sur du velours : d’un côté il est indispensable d’assurer le renouvellement des générations, mais, de l’autre, il est tout aussi indispensable de restreindre le nombre des bouches à nourrir. La solution s’impose d’elle-même : il faut mettre au monde des filles, des filles et encore des filles. Et quelques mâles appelés à jouer ultérieurement le rôle de bourdons. Faut pas rêver : on est condamnées à se passer d’eux. Et pour longtemps. Et peut-être, en prime, à crever de faim. Il y a pas à dire : l’avenir s’annonce sous des couleurs radieuses…

 

- Il est pas encore là l’avenir… Et personne ne sait vraiment de quoi il sera fait… Personne… Alors on va pas le laisser nous gâcher le présent… Parce que le présent lui au moins on le tient… Et Valentine m’a entraînée dans la chambre. On a eu toute la nuit à nous. Rien d’autre que nous.

 

Publié dans : 2034
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