Jeudi 21 août 4 21 /08 /Août 07:02

Mardi 28 Mars 2034

 

Bien qu’ils soient peu nombreux – et de moins en moins nombreux – les hommes coûtent cher. En locaux. En personnel. En soins médicaux. En nourriture. Depuis trois mois ils sont totalement pris en charge par la collectivité. Pour les mettre à l’abri on a paré, dans l’urgence, au plus pressé. Mais, constate la secrétaire d’Etat à la condition masculine, ils ne sont pas malades. Ils sont même, pour la plupart d’entre eux, en excellente condition physique. Et ce serait leur rendre un très mauvais service que de les maintenir plus longtemps dans une oisiveté émolliente. Il n’est évidemment pas question qu’ils puissent se rendre à l’extérieur pour y exercer quelque activité que ce soit. Mais il serait parfaitement légitime qu’ils assurent eux-mêmes l’entretien des locaux dans lesquels ils vivent et qu’ils assument les indispensables tâches quotidiennes. A charge pour eux de sorganiser et d’utiliser au mieux les diverses compétences de chacun. A terme les centres ne devraient donc plus disposer – c’est le but recherché avoué – que d’un personnel extrêmement restreint. Peu à peu c’est toute une organisation qui se met en place. Plus personne ne se risque à proposer une date butoir pour l’éradication du virus. Mais des décisions comme celle-là en disent beaucoup plus long que bien des discours.

 

 

 

 

Jeudi 30 Mars

 

Monelle et Zanella ont passé la soirée avec Christopher. J’ai prétendu que j’étais fatiguée et je me suis réfugiée dans ma chambre. Je n’avais pas envie de le voir avec elles. Ni elles avec lui. C’est absurde, je sais. Mais je ne voulais pas abîmer mon souvenir de l’autre jour. Je suis restée seule avec lui dans mon lit. Il paraît que j’ai raté quelque chose. Si on veut… Elles m’ont raconté… En long, en large et en travers… Rien qui ait de quoi me surprendre : je les avais précédées. Et j’ai envie de me faire croire qu’avec moi c’était beaucoup mieux pour lui…

 

 

 

Vendredi 31 Mars 2034

 

Cette nuit j’ai rêvé que je me débarrassais en catastrophe des quelques affaires de Kerwan qui sont restées dans ma chambre, que j’ai gardées par superstition nostalgique. J’avais rencontré quelqu’un. Il était beau comme un dieu et nous allions vivre ensemble. Personne ne dormira plus jamais avec moi. Personne ne dormira plus jamais dans ma chambre. Mais ce matin, au réveil, je l’ai fait quand même. J’ai tout jeté. Pour que les choses soient claires. Je suis toute seule. Je suis définitivement seule.

 

 

 

 

Lundi 3 Avril 2034

 

Avec Monelle ce n’est plus comme avant. On ne se parle plus aussi librement qu’on le faisait. On n’est plus aussi spontanées l’une avec l’autre. Il y a quelque chose. Quelque chose qui nous empêche d’être nous. Quoi ? Ca date du jour où elle est venue s’installer ici. Ou plutôt – ce qui revient finalement au même – du soir où on s’est donné du plaisir côte à côte. Parce qu’on redoute inconsciemment que ça dérape ? Parce que, dans le contexte actuel, on est intimement convaincues, l’une comme l’autre, que ça ne peut pas ne pas finir, à un moment ou à un autre, par déraper ? Et que, du coup, on se méfie l’une de l’autre. A moins que ce soit surtout d’elle-même que chacune de nous se méfie.

 

Faire quelque chose avec une fille ? Evidemment que j’y ai pensé. Que j’y pense. Ne serait-ce que parce que maintenant c’est le seul moyen de faire quelque chose avec quelqu’un. Et que j’en ai besoin. Trois mois… Trois mois sans une peau contre ma peau. Sans des lèvres sur les miennes. Sur mes seins. Partout. Ca me manque. A en hurler certains soirs. Bien sûr j’ai mes doigts. J’ai mes jouets. J’ai mes images. J’y trouve mon compte. Et plus souvent qu’à mon tour. Mais… Mais ce n’est plus comme avant. Avant, quand je me donnais du plaisir, c’était pour moi. Jamais parce que j’étais en manque. Je savais que si je voulais, quand je voulais, je pouvais avoir un mec. Ce n’est plus le cas. Et je dois bien reconnaître que maintenant quand je m’occupe de moi c’est plus souvent un pis aller qu’autre chose. Et cette idée, à elle seule, suffit à me gâcher mon plaisir.

 

Alors ?… Une femme ?… C’est une perspective que j’envisage – je le sens bien – avec de moins en moins de réticences…

 

Publié dans : 2034
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