Jeudi 10 juillet 4 10 /07 /Juil 06:16

Lundi 16 Janvier 2034

 

Il reste très exactement – ce sont les chiffres officiels – 118723 survivants de sexe masculin en France. Mis à l’abri dans des conditions maximum de sécurité sanitaire. C’est – paraît-il – pire encore à l’étranger. En Allemagne, par exemple, ils seraient moins de trente mille. Seule l’Angleterre, sans doute en raison de sa position insulaire, tirerait son épingle du jeu avec près d’un million de survivants. Tout le monde est sous le choc. Voilà une réalité avec laquelle il va falloir apprendre à vivre et qui va bouleverser de fond en comble notre mode d’existence. Parce qu’à supposer que tout danger soit écarté et qu’on les « libère » rapidement 120.000 hommes ( arrondissons ) pour 40 millions de femmes ça fait ( on a calculé ) un homme pour 333 femmes. A ce que prétend Iliona ce ne serait pas pour lui déplaire… – Oui. Parce que plus il y a de concurrence et plus ça te donne envie que ce soit toi qu’on choisisse. De tout faire pour. De sortir le grand jeu. Et si tu y arrives, alors là si tu y arrives comment c’est jouissif! Et on la choisirait elle. En priorité. Elle n’en doute pas une seule seconde. Vivre seule ne poserait pas le moindre problème à Zanella… - Au contraire ! Parce qu’un supporter un toute la journée à la maison ! Et puis le jour où t’as envie de t’éclater, même qu’ils soient pas nombreux, t’en trouveras toujours un qui demandera pas mieux que de te rendre service. Quant à Xadine son gourou slovène prône la polygamie. Du coup elle aussi… Haut et fort… - C’est la seule solution. Vous en voyez une autre ? - Des harems de 133 femmes ? Il aurait intérêt à assurer le type… - Et même qu’il assure on n’y aurait pas droit souvent. On en a plaisanté. On en plaisante. Il n’empêche que pour le moment tout le monde est dans l’urgence. Nos gouvernantes aussi. Nos gouvernantes surtout. Mais le problème va bien finir par se poser : comment gérer un tel déséquilibre entre la population féminine et la population masculine ?

 

 

 

 

Jeudi 19 Janvier 2034

 

J’ai craqué. J’étais allé errer comme tous les soirs, sans but, par les rues. Au retour je m’étais couchée, ivre de fatigue, dans les bras de Kerwan, mon bel amour mort. Mort. Et ça a été comme si je réalisais pour la première fois. Mort. Kerwan. Plus jamais. Mort. Je me suis relevée. Il fallait que je voie quelqu’un, que je parle à quelqu’un. De vivant. Monelle. Forcément Monelle. – Allo… Je te dérange pas ? – Non. Bien sûr que non. Qu’est-ce qui t’arrive ?… - Je sais pas. L’angoisse d’un seul coup. La panique… - T’es pas la seule en ce moment, tu sais… Vu les circonstances… Mais viens ! Passe !…  - Tu bosses de bonne heure demain matin… - Viens !… Je t’attends… On se regardera un film… Ca nous changera les idées… Moi aussi j’en ai besoin

 

- Je nous mets quoi ?… - N’importe… Ce que tu veux… - Celui-là alors… Une dizaine d’hommes, musclés et merveilleusement beaux, perdus au fin fond d’une forêt tropicale, aux prises avec une multitude de dangers auxquels ils finissaient toujours, au bout du compte, par miraculeusement échapper. – Tu te rends compte ?… Tu te rends compte qu’il y a plus que là qu’on peut en voir maintenant des types ?… Seulement dans les films… Ca fait chier tout ça… Ca fait vraiment chier… Bon, mais faudrait peut-être que je me couche sinon demain matin… Tu veux rester ?… Parce que toute seule là-bas dans cette grande maison tu vas broyer du noir toute la nuit, c’est couru… Allez, reste !…

 

- Comme quand on avait douze ans… Tu te rappelles quelle fête c’était quand on avait l’autorisation d’aller dormir l’une chez l’autre ?… On passait la moitié de la nuit à bavarder… Mais là va falloir être raisonnables… Parce que je te dis pas la journée qui m’attend demain… Elle ne s’est pourtant pas endormie tout de suite. Elle s’est agitée, tournée, retournée. Et puis son souffle s’est fait court. Un clapotis. Des halètements. Tout un tumulte. Et moi aussi. Avec les hommes de tout à l’heure en toile de fond. C’est venu vite. Tempétueux. Ravageur. Ca m’a déposée apaisée et sereine – heureuse – sur le rebord de la nuit.

 

Il y avait longtemps. Si longtemps. Avant c’était tous les jours. Plusieurs fois par jour. Et puis il y a eu Kerwan et ça s’est complètement arrêté. C’aurait été comme le tromper. En pire. Parce que ça aurait été le tromper avec moi. Même après quand il n’a plus été là. Hier soir Kerwan est vraiment mort.

 

 

 

 

( 21 heures )

 

Monelle m’a appelée à midi… - Tu dormais comme un bébé ce matin quand je suis partie… Ca va mieux ?… Oui ?… Oui, ça détend, hein !… De toute façon, qu’on le veuille ou non, maintenant il nous reste plus que ça… Alors faut faire avec… Mais passe ce soir !… Passe !… Je t’attends…Tu vas pas rester à te morfondre là-bas toute seule…

 

   On ne l’avait jamais fait comme ça l’une à côté de l’autre. C’est la première fois. Et pourtant Dieu sait si on a toujours été libres ensemble toutes les deux !… Déjà gamines on passait des heures à examiner, avec curiosité et force commentaires, comment on était faites. Plus tard, vers 16-17 ans, on se regardait, à leur insu, en pleine action avec nos amoureux. Et on comparait. On les notait. Mais ça jamais. On en parlait pourtant. Parfois très crûment. On aurait eu mille occasions. On ne les a jamais saisies.

Publié dans : 2034
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