Lundi 12 mai 1 12 /05 /Mai 06:02

Au magasin Mathilde trônait derrière la caisse… - Qu’est-ce tu fais là, toi ?… - Je bosse… Ca se voit pas ?… Je suis embauchée… Depuis lundi… - Ben… et moi ?… - Viré… Fallait pas t’absenter… Mais non, oh, fais pas cette tête-là… Je déconne… Non… Jasmine ouvre une autre boutique… Un truc qu’a fait faillite… Qu’elle a eu pour une bouchée de pain… Toi, tu tiendras ici, elle là-bas et moi je ferai la navette entre les deux… En fonction des besoins… Après faudra voir… Faudra voir comment ça va tourner… - Si je comprends bien tu te mets en ménage avec Jasmine ?… - Je vais habiter avec elle, oui !… Ca t’ennuie ?… Tu m’avais dit que… - Oh, que non !… Vous faites bien ce que vous voulez… Mais est-ce que c’est pas un peu prématuré ?… Vous vous connaissez à peine… - Oui, oh mais ça !… On n’a pas du tout l’intention de se prendre la tête… De s’emprisonner l’un l’autre… C’est le meilleur moyen de se casser la figure… - T’as pas toujours tenu ce discours… - J’ai évolué… C’est pour ça : il y a rien de changé pour toi, tu sais !… Vous pourrez vous voir autant que vous voudrez… Continuer à être exactement comme avant tous les deux… C’est pas moi qui y trouverai quoi que ce soit à redire… Au contraire… Au contraire, oui… J’adore ça voir deux mecs ensemble… Je vous ai sous la main… Je vais pas m’en priver… Et, de mon côté, ce serait bien le diable si j’arrivais pas à me dégotter une belle petite nana dont m’occuper devant Jasmine… Je lui dois bien ça… Ah oui, à propos, il y a Estelle qui est passée… Plusieurs fois… Elle a demandé après toi… On a pas mal discuté toutes les deux… Comment elle t’a à la bonne !… C’est rien de le dire… Elle te porte carrément aux nues, oui…

 

- Et maintenant qu’est-ce qui va se passer ?… Tu sais pas ?… Non ?… Cherche bien !… Mais oui, tu y es presque… Ben oui, obligé, c’est couru… C’est avec Estelle qu’elle va vouloir offrir le spectacle à Jasmine et, à un moment ou à un autre, d’une façon ou d’une autre, elle va forcément découvrir que Jasmine n’est pas seulement la belle jeune femme qu’elle prétend être… Par ricochet, elle aura obligatoirement des doutes sur ton identité à toi… Des doutes qu’elle voudra lever… Qu’elle finira par lever et, une fois de plus, tu seras grillé… - Mais qu’est-ce que je peux faire alors ?… - Rien… Absolument rien… La seule solution consisterait à les empêcher de se voir, mais tu n’as ni la personnalité ni l’imagination qui te permettraient d’y parvenir… Non… Ce que tu peux faire c’est reconnaître enfin – ce ne serait pas trop tôt – que tu t’aventures obstinément sur un terrain qui ne relève absolument pas de ton domaine de compétence… Admets une bonne fois pour toutes que je suis – et depuis toujours – le seul pôle réel de stabilité dans ton existence… Et tires-en les conséquences…

 

- Ca vous plaît ?… - Je serais difficile… Estelle avait tenu à m’emmener au restaurant… - Je vous invite… C’est mon tour… Et elle avait fait les choses en grand… Cadre raffiné… Cuisine d’exception… Serveurs en livrée… - Mais dites-moi là… La femme qui s’est battue au magasin l’autre fois… - Mathilde ?… - Mathilde, oui, c’est ça… Elle y travaille maintenant ?… - Comme si tu le savais pas !… - Vous allez pas vous en aller au moins ?… - Tu me regretterais ?… - Oh oui !… Et pas qu’un peu !… Vous savez trop bien me faire honte… Ce que ça a pu me me manquer pendant tous ces jours où vous avez été absente !… - Il n’y en a eu que cinq… - C’était long… - Eh bien on va rattraper le temps perdu alors… - Quand ?… Demain ?… - Non… Tout de suite… - Ici ?… - Ici, oui… Elle a jeté un bref coup d’œil aux occupants à conversations feutrées des tables voisines… - Mais comment ?… - Oh, c’est très simple, tu vas voir !… Et je l’ai giflée… Une gifle sonore, énergiquement lancée… Un silence soudain… Tous les regards ont convergé vers nous… Curieux, amusés ou réprobateurs… Des fourchettes sont restées suspendues en l’air… Cramoisie, elle a piqué du nez dans son assiette… Autour de nous, lentement, les uns après les autres, les repas ont repris leur cours… Les conversations aussi…  - Tu vois que c’était pas bien compliqué… - Je m’y attendais pas en plus… C’est mille fois mieux quand on s’y attend pas… Et… c’est la deuxième… - Tu aimes ça les claques, hein ?… - Quand c’est vous qui les donnez, oui… Mais dites, qu’est-ce que vous croyez qu’ils ont pensé les gens ?… - A ton avis ?… - Je sais pas… Que vous êtes ma mère… Oui… Sûrement… Et que, même à mon âge, vous me mettez encore des gifles… - Que tu acceptes sans broncher… - On me regarde encore autour ?… - Oui… Le couple à droite, près de la fenêtre… Il arrête pas… Et tu les fais beaucoup rire… Et puis une femme au fond… De l’autre côté aussi on parle de toi… Ca fait pas l’ombre d’un doute… Tu sais où sont les toilettes ?… - Oui… Faut traverser toute la salle… Et après c’est à droite, au bout du couloir… - Eh ben tu vas y aller alors… - Oh non !… J’oserai jamais maintenant… - Mais si !… Ou je te remets une gifle… C’est comme tu veux… Tu choisis… Elle s’est levée… - Vous êtes diabolique !… Comment vous faites pour me comprendre aussi bien ?…

 

Pierre-Antoine avait une maîtresse… - Une maîtresse, oui !… Pierre-Antoine !… Tu te rends compte ?… J’ai découvert ça avant-hier… Et moi qui culpabilisais !… Quand je pense – non, mais quand je pense – que moi on m’enferme, on m’attache et que lui pendant ce temps-là… C’est la meilleure… Je suis trop bête, tiens !… Pierre-Antoine !… Tu sais que j’arrivais pas à y croire au début ?… Et pourtant si !… Il a une maîtresse… Une rouquine d’une trentaine d’années… Quelconque… Vraiment très quelconque… Tu te retournerais pas dessus dans la rue… Et il la saute… Moi, il y a des mois qu’il m’a pas touchée et il va sauter ça… Grand bien lui fasse… Grand bien leur fasse… Parce que s’il s’y prend avec elle comme il s’y prenait avec moi elle doit pas atteindre le Nirvana tous les jours… Mais tu sais quoi ?… Eh bien je m’en fous… Complètement… Pierre-Antoine il y a belle lurette que j’éprouve plus rien pour lui… Si j’ai jamais vraiment éprouvé quoi que ce soit d’ailleurs… Alors qu’il fasse sa vie de son côté si ça lui chante… Ca m’est parfaitement égal… Mais je peux t’assurer que moi, par contre, maintenant je vais faire la mienne… Et c’est sûrement pas la vieille qui va m’en empêcher…

 

- Bien sûr que si !… Elle est complètement sous sa coupe… Il suffit d’un froncement de sourcils, d’un claquement de doigts, d’un léger haussement de ton pour que Véronique se liquéfie devant elle… Et Pierre-Antoine ou pas ça va continuer… Il a rien à voir là-dedans Pierre-Antoine… Il n’a jamais été qu’un prétexte… C’est entre elles deux – et uniquement entre elles deux – que ça se passe…

 

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Jeudi 8 mai 4 08 /05 /Mai 06:47

Elles nous ont fait descendre… Rester longtemps immobiles, bras ballants, près de la grande table… - Bien… Vous êtes tous les deux fautifs… Vous avez tous les deux mérité d’être punis… Mais, à l’évidence, Gabriel est beaucoup plus coupable que Véronique qui s’est contentée de subir passivement une présence à laquelle elle ne pouvait pas se soustraire… Si on veut bien faire preuve d’une extrême indulgence on peut même considérer qu’elle est, d’une certaine façon, la victime de son cousin… Et qu’elle est en droit d’exiger réparation… C’est donc elle qui va administrer à Gabriel la correction qui lui est due… Etant entendu que si elle s’y refusait elle reconnaîtrait par là même sa pleine et entière responsabilité dans ce qui s’est passé et qu’elle encourrait la même sanction… A elle de décider… A toi de décider… Prends tout ton temps… On revient…

 

- Je vais quand même pas te faire ça !… J’ai haussé les épaules… - Quitte à en prendre une !… Que ce soit elles ou toi… Au moins comme ça tu y échapperas… - Tout est de ma faute… Si je t’avais pas appelé… - J’aurais bien fini par venir quand même… J’allais le faire n’importe comment… - Je vais jamais pouvoir, moi !… - J’aimerais quand même mieux que ce soit toi… Et de loin… Tu taperas moins fort…

 

- Très bien… Comme tu voudras… Et Eva lui a tendu le martinet… Elle m’a fait déshabiller… - Eh ben !… Qu’est-ce que tu attends ?… Tout… T’enlèves tout… Même les chaussettes, oui… Mets-toi contre le mur… Bien collé… Là…Et bouge plus… Le premier coup s’est fait attendre… - Alors ?… Tu te décides ?… Timidement… Juste un léger effleurement… Elles ont éclaté de rire… - Si tu t’y prends comme ça !… Une deuxième tentative légèrement plus appuyée… Encore des rires… - Attention !… Tu vas lui faire mal… Une troisième un peu plus franche… - Elle se fout carrément de nous oui !… - On va lui en faire passer l’envie… Déshabille-toi !… Allez !… Et toi, te retourne pas… Reste le nez au mur… Derrière il y a eu des bruissements d’étoffe… - Vas-y maintenant… Vas-y !… Et fais pas semblant… Sinon c’est toi qui prends… Elle a tapé plus fort… Elle a essayé… - Qu’est-ce qu’on t’a dit ?… Et il y a eu un autre coup, en écho, qui lui a arraché un cri… - Allez !… Elle a réessayé… - Tu te moques vraiment du monde… Et elles l’ont cinglée… Une dizaine de coups, à toute volée, précipités, les uns derrière les autres… Alors elle aussi… En rafale… J’ai serré les dents pour ne pas hurler… - Ah, ben voilà !… Tu vois, ça vient… Mais t’arrête pas !… T’arrête pas en si bon chemin… Elle ne s’est pas arrêtée… J’ai crié… - C’est bon… Ca suffit… Il a son compte… Elle a laissé tomber le martinet… - Excuse-moi !… Dans un souffle…

 

Le notaire nous a abreuvés de sourires… Il avait bien connu notre grand mère… - Une femme charmante… Qui avait son caractère… Mais on a toujours eu d’excellentes relations tous les deux… Même si quelquefois… Il était en tout cas ravi que nous reprenions la maison… - Avouez qu’il aurait été dommage de la laisser partir à des étrangers… Et puis vous êtes cousins… On peut au moins être sûrs d’une chose, c’est que vous divorcerez pas tous les deux…

 

Elles ont voulu fêter ça… - Ca s’arrose !… Au champagne… On a levé nos coupes… On a trinqué… - Et maintenant ?… Maintenant que vous êtes propriétaires vous allez faire quoi ?… Hein ?…Comment ça on allait faire quoi ?… Qu’est-ce qu’elles voulaient qu’on fasse ?… Rien… Comme avant… J’y viendrais l’été… Véronique aussi… Peut-être… Si elle pouvait… - A moins que… - A moins que quoi ?… Non… Rien… Elles savaient pas… Mais parfois l’avenir était si imprévisible…

 

- Qu’est-ce qu’elles ont voulu dire par là ?… On discutait à travers la cloison… Elles s’étaient absentées et nous avaient attachés sur nos lits respectifs… - Chacun dans sa chambre… Comme ça au moins on sera sûres que vous serez pas tentés d’aller encore inventer un tour de votre façon… - Hein ?… Qu’est-ce qu’elles ont voulu dire ?… A ton avis ?… Elles avaient une idée derrière la tête, c’est clair, mais laquelle ?… Je n’en avais pas le moindre soupçon… - Qu’un jour on habitera ici ?… C’est pas l’envie qui m’en manque, mais c’est impossible… Même à la retraite Pierre-Antoine viendra jamais s’y enterrer… Et toi tu as ton boulot, toute ta vie là-haut… C’est peut-être pas ce que t’as fait de mieux d’ailleurs… Ni moi non plus… J’y pense des fois… Je pense à ce qu’aurait pu être ma vie si je n’avais pas épousé Pierre-Antoine… Mais bon… On peut pas revenir en arrière…  

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Lundi 5 mai 1 05 /05 /Mai 05:25

Je lui ai donné la becquée… Elle a ri… - Chacun son tour !… Tu te rappelles l’année où tu t’étais cassé les deux poignets en tombant de la corniche ?… Qu’on te faisait manger à tour de rôle ?… - Si je me rappelle !… - Tu faisais quoi là-haut ?… T’étais vraiment somnambule ?… Non, hein !?… Je m’en suis toujours doutée… J’étais avec qui ce soir-là déjà ?… - Lionel… - Ben oui, évidemment Lionel… Et tu avais eu le temps de voir quelque chose au moins ?… Même pas !… Tout ça pour rien alors !… En tout cas elle en aura vu cette chambre, elle !… Si les murs pouvaient parler… Non, merci, non… J’ai plus faim… Et, les yeux fixés au plafond, elle s’est absorbée dans une longue songerie… J’ai redescendu le plateau, fait la vaisselle, suis allé m’étendre quelques instants sur la terrasse au soleil… 

 

- Jamais on aurait dû parler de ça… Jamais… Je venais de remonter… - Ca me rappelle trop de souvenirs… Ca remue trop de choses… Ca me donne trop envie… Elle a soupiré… - Tu sais depuis combien de temps j’ai pas eu d’homme ?… Deux ans… Vingt-cinq mois exactement… Il peut plus Pierre-Antoine… Et de toute façon même quand il pouvait ça changeait pas grand chose… Il me reste toute seule… Mais elles veulent pas… Elles m’empêchent… C’est pour ça qu’elles m’attachent… J’y arrive quand même des fois… Pas souvent, mais j’y arrive… J’en peux plus, Gabriel… J’ai trop envie… S’il te plaît, aide-moi… Aide- moi à me retourner sur le ventre… J’y arrive pas toute seule… J’ai pas d’appui… Là… Merci… Glisse-moi les oreillers en dessous maintenant… Les deux… Et… à toi je peux bien demander ça… tu m’enlèverais pas ma culotte ?… C’est bon… Laisse-moi maintenant… Je n’ai pas rabattu le drap… J’ai laissé la porte entrebaîllée et je l’ai regardé chevaucher voluptueusement les coussins à grandes ondes moutonnantes… A croupe déployée… A fesses bondissantes… Disloquée… Elle a gémi… Elle a mordu l’oreiller… Elle a sangloté de plaisir… Quand elle a eu fini je me suis éclipsé sur la pointe des pieds…

 

Elle ne m’a rappelé que beaucoup plus tard… - Faudrait que tu me remettes dans le bon sens… Parce que si elles rentrent… Les oreillers aussi… Et que tu me renfiles ma culotte… Là… Pars maintenant… Pars… Qu’elles te trouvent pas là…

 

- Tu es allé voir ta cousine dans sa chambre !… - Non, non !… Pas du tout !… J’ai pratiquement pas bougé de la mienne… - C’est elle qui est venue alors !… - Attachée comme elle est sur son lit elle aurait eu du mal… - Ah oui !… Et comment tu le sais qu’elle était attachée si t’es pas allé la voir ?… J’ai bredouillé qu’on s’était un peu parlé à travers la cloison… - Te fatigue pas !… De toute façon avec toutes les miettes que vous avez laissées sur le tapis… Bon… Mais on réglera ça tout-à-l’heure…

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Jeudi 1 mai 4 01 /05 /Mai 06:34

Quand je suis arrivé Eva et la belle-mère de Véronique étaient attablées, seules, dans la grande pièce du bas… - Elle ne descendra pas, non !… Elle est consignée dans sa chambre… J’ai voulu savoir pourquoi… - Arrête de poser des questions comme ça tout le temps… C’est fatigant… - Bon, ben je vais monter la voir alors !… - Non… Non… Tu restes ici… Et elles ont continué leur conversation sans plus se soucier de moi…

 

Le lendemain Eva m’a réveillé à six heures… - On part… Toutes les deux… On sera absentes jusqu’à ce soir… Véronique restera dans sa chambre… Tu lui fiches la paix… Tu ne t’occupes pas d’elle… Et t’avise pas de passer outre… Tu aurais affaire à nous… Et elle a dévalé l’escalier…

 

- Gabriel !… Gabriel !… Elles sont parties ?… En chuchotements légers de l’autre côté de la cloison… - Oui… - Eh ben viens alors !… - Elles veulent pas… - Elles le sauront pas… Comment tu veux ?… Allez, viens !… - Mais t’es attachée !… Sanglée, par les poignets, aux barreaux du lit… - Ben oui !… Oui… Tu vois… Je suis attachée… - Tu veux que je te détache ?… - Tu pourrais pas… Elles ont emmené la clé… Et puis de toute façon je veux pas… Monte près de moi… Qu’on discute un peu tous les deux… Installe-toi bien !… Là… Je les mérite pas, tu sais !… Je les mérite vraiment pas… Quand je vois tout ce qu’elles font pour moi… Comment elles prennent soin de m’éviter les pièges dans lesquels je me précipite à pieds joints dès qu’on me laisse un peu la bride sur le cou… Sans elles je partirais complètement à la dérive… Elles sont l’ossature que je n’ai pas… Que je n’ai jamais eue… Que je n’aurai jamais… Je leur dois tant… Je leur dois tout… Etre libre ?… J’ai pas envie… J’ai plus envie… Pour faire quoi ?… Pour la remplir avec quoi ma liberté ?… J’essaie des fois dans ma tête… Je trouve rien… Rien qui en vaille la peine… A part m’envoyer en l’air… Que ça… Qu’elles me détachent, qu’elles me laissent sans surveillance et j’y cours… Je fonce faire Pierre-Antoine cocu… Avec n’importe qui… Le premier venu… Je me dégoûte… Tu peux pas savoir comme je me dégoûte… Arriver à 45 ans bientôt et n’avoir aucun but, aucune passion dans la vie… Aucun intérêt pour rien… A part ça… Je ne suis rien… Je n’existe pas… Pour personne… Sauf pour elles… J’existe de n’être rien… Tu comprends ?… Je sais pas… Je crois pas… C’est pas grave… Va me chercher un café, tiens !…

 

Je le lui ai fait boire à petites gorgées en lui soutenant la tête… - Merci… Elle s’est laissé retomber… - Et toi ?… Tu existes ?… Tu existes pour qui ?… Ben toi non plus tu n’existes pas… Pour personne… Oh, t’as plein de monde qui t’a toujours tourné autour, ça c’est sûr… Des tas de nanas – il y en aurait une liste longue comme ça ! – qui te donnent l’illusion d’être comme tout le monde… Ou de pouvoir le devenir… En réalité tu n’as pas – tu n’as jamais eu – la moindre importance pour elles… Elles t’utilisent en fonction de leurs besoins ou de leurs attentes et elles te jettent quand tu leur sers plus à rien… Bon, mais on va pas s’apitoyer sur notre sort… Si tu allais nous préparer quelque chose à manger plutôt ?… Un de ces petits plats amoureusement mijotés dont tu as le secret… Je crève de faim, moi !…
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Lundi 28 avril 1 28 /04 /Avr 06:20

Jasmine a demandé… - Elle va rester longtemps Mathilde ?… - J’en ai pas la moindre idée… Pourquoi ?… - Non… Pour rien… Comme ça… Je me posais la question… Vous avez vécu ensemble… Elle est revenue chez toi… Alors peut-être que… - Oh non, non… C’est du passé Mathilde… Pour elle comme pour moi… Je l’héberge, c’est tout… Le temps qu’elle se retourne, qu’elle s’organise, qu’elle trouve des solutions… - Est-ce qu’elle en cherche seulement ?… - Ben c’est pas vraiment facile, tu sais !… Avec Jessica qui arrête pas de la harceler… - Tu crois que c’est vraiment fini toutes les deux ?… - Pour Mathilde, oui !… Ca fait pas l’ombre d’un doute…  

 

- Et voilà !… Il sait tout ce qu’il voulait savoir… Il avait besoin de se donner bonne conscience… C’est fait… Il n’a plus qu’à la cueillir en toute tranquillité… Ce qui, vu son état d’esprit à elle, ne devrait pas poser de problème particulier… Je donne pas huit jours avant qu’elle soit installée chez lui avec armes et bagages, qu’ils filent le parfait amour et qu’ils te mettent sur la touche… Tu vas déranger… Au moins au début… Après… Après tu es payé pour savoir que l’avenir est imprévisible… A moins que dans ton cas il ne le soit que trop…

 

Véronique n’arrêtait pas de rêver de la maison de grand-mère… - Avant jamais… Mais maintenant que c’est la nôtre toutes les nuits… Je suis là-bas… Avec toi… On est tout gamins… Il y a aussi grand-mère… Qui veut absolument me faire avouer quelque chose que j’ai fait… Qu’elle est sûre que j’ai fait… J’ai beau me torturer les méninges, je n’arrive pas à trouver quoi… Et pourtant je l’ai fait… Aucun doute là-dessus… Grand-mère est furieuse… Et elle me fouette… Elle me fouette à tout-va… Je me réveille en sursaut… En nage… Le cœur battant à tout rompre… Et je mets des heures à me rendormir… Quand j’y arrive… J’en regrette presque d’avoir racheté cette maison où je ne mettrai de toute façon jamais les pieds… Ma vie est ailleurs…

 

- Vous n’étiez pas là hier !… - Non… J’avais un rendez-vous important… - Vous avez loupé quelque chose, vous savez !… Parce que la femme qui tenait le magasin à votre place… - C’était pas Jasmine ?… - Non… C’était la femme de l’autre jour… Celle qu’est arrivée quand vous m’avez fait promener toute nue dans le magasin… - Mathilde… - C’est ça, oui… Elle m’a tout de suite reconnue… Vous m’avez bien eue n’empêche… Je savais pas que c’était une amie à vous… - Si tu l’avais su la situation aurait eu beaucoup moins de piquant, non, tu crois pas ?… - On a un peu parlé toutes les deux et puis il y a une autre bonne femme qu’est arrivée comme une furie… «  - Je savais bien que je finirais par te trouver là… Je savais bien !… - Ca suffit maintenant!… Tu me lâches… Tu te casses et tu me lâches… » Et elle lui a ouvert la porte en grand… « - Allez, fous le camp !… - Oui, ben ça sûrement pas !… Je t’aime, moi !… Et je laisserai pas cet espèce de cinglé te détruire… Je vais te tirer de là… Je te jure que je te tirerai de là… - Dégage, mais dégage, j’te dis !… » Et elle l’a attrapée par le bras pour la flanquer dehors… Mais elle voulait pas l’autre… Elle résistait tout ce qu’elle savait… Elle s’est accrochée à un présentoir – celui-là, là – qui a dégringolé… Alors c’est par les cheveux qu’elle l’a tirée… Elles ont roulé toutes les deux par terre, en braillant et en se traitant de tous les noms, et elles se sont battues comme des chiffonnières… Ah, ça y allait !… A coups de pied, à coups de poings, à grandes gifles… Jamais j’avais vu un truc pareil, moi !… Pour finir, Mathilde s’est retrouvée assise à califourchon sur le ventre de l’autre femme… « - Et maintenant ?… On fait moins la fière, hein ?… Et maintenant ?… Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?… Eh bien je vais te rappeller des souvenirs… » Et elle lui a déchiré tout le haut de sa robe… Elle lui a arraché son sous-tif… « - Non, Mathilde, non !… Tu vas pas faire ça !?… - Je vais me gêner… » Elle s’est penchée et elle lui a mordu un grand coup le sein… Et puis l’autre… Et puis encore le premier… A tour de rôle… Dix fois… Douze fois… Elle hurlait l’autre par terre… Elle se débattait tant qu’elle pouvait…Elle suppliait… « Arrête, s’il te plaît, arrête… » Mais elle arrêtait pas… Sauf qu’à la fin il a bien fallu… « - Là… Pour solde de tout compte… »… Comment elle a détalé l’autre… Je crois pas qu’elle revienne s’y frotter… Mais dites, c’était quoi ces souvenirs dont elle parlait ?… Vous savez ?… - Je te raconterai… En attendant ça a l’air de t’avoir bien plu, toi, tout ça… Vu comment tu en parles… - J’aurais pas aimé être à sa place à la femme… - Au contraire… Tu aurais adoré… Allez, va vite dans la cabine… Je te rejoins…  
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