Dimanche 31 août 7 31 /08 /Août 18:15

Samedi 22 Avril 2034

 

Iliona est malade. Au téléphone sa mère était en larmes… - Venez, s’il vous plaît… Je vous en supplie, venez !… On sait pas ce qu’elle a… Le médecin pense que c’est le virus… Zanella a catégoriquement refusé… - Oui, ben moi, pas question !… Si c’est ça je tiens pas à l’attraper… - Mais ça s’attrape pas comme ça !… - Personne n’en sait rien… Et j’ai pas l’intention de prendre le moindre risque… J’y suis allée toute seule et je suis restée pétrifiée à l’entrée de sa chambre. Elle est méconnaissable. D’une pâleur effrayante. D’une maigreur terrifiante. Je me suis penchée pour l’embrasser. Elle était brûlante de fièvre… - Je suis foutue… - Mais non, faut pas dire ça… Tu vas guérir, tu verras… Elle m’a souri… - C’est gentil d’être venue… Elle a fait des efforts pour me parler, pour m’écouter et s’est tout doucement endormie. Je suis sortie sans bruit. Derrière la porte sa mère m’est tombée dans les bras en sanglotant … - Ma fille !… Ma petite fille !… Je veux pas qu’elle parte !… Je veux pas qu’on me l’enlève… - Vous êtes certaine que c’est le virus ?… - Il faut attendre les résultats de l’hémoculture, mais le docteur Thibaud est très pessimiste… - Pourtant il n’y a jamais eu le moindre cas chez les femmes !… - Jusqu’à maintenant…

 

On ne parle plus que de ça toutes les quatre. Et plus on en parle plus la situation nous apparaît sous les couleurs les plus sombres. Catastrophique. En deux heures on a vidé trois bombes d’insecticide. On se voit déjà toutes malades. Mortes. Monelle nous a remis à chacune une lettre qui contient ses dernières volontés. Zanella va prendre sa température toutes les dix minutes. Valentine s’efforce de se montrer rassurante, mais on sent bien que c’est pour nous rassurer, nous, et qu’au fond d’elle-même elle est tout aussi inquiète.

 

- Oh, mais c’est super, les filles !… On va bientôt être réunis alors !… Je vous attends… Dès demain matin je vous inscris… Je vous réserve les plus belles chambres… Ah, ces bons moments qu’on va passer ensemble !… On a coupé. On n’avait pas vraiment le cœur à rire.

 

 

 

 

Lundi 24 Avril 2034

 

Ce soir le verdict. Je suis morte de trouille. J’ai passé la journée d’hier terrée dans ma chambre. Dans l’état lamentable où j’étais pas question d’aller quêter du réconfort auprès de Xadine et de sa sœur. Ce n’est pas l’envie qui m’en manquait, ce n’est pas qu’elles me l’auraient refusé, mais si je ne leur rends visite que quand je suis au trente-sixième dessous elles vont finir par se lasser et par me considérer comme le boulet de service qu’on redoute de voir débarquer. La copine de Monelle est venue la voir. Je les ai entendues pleurer. A chaudes larmes. Toutes les deux.

 

 

 

 

18 heures

 

ELLE N’A RIEN !… Enfin si !… Des streptocoques. Mais c’est pas LE Virus…

 

 

 

 

Mardi 25 Avril 2034

 

On a fait une fête à tout casser. Toute la nuit. Toutes ensemble. Les deux copines aussi. Ce matin j’ai la gueule de bois. L’appartement est dans un désordre indescriptible. Faudra bien deux jours pour nettoyer et tout remettre en ordre. Mais d’abord DORMIR. Je suis soulagée. Tellement soulagée. Heureuse.

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Jeudi 28 août 4 28 /08 /Août 05:20

Jeudi 13 Avril 2034

 

C’est terrible. Epouvantable. Deux des hommes sur lesquels on expérimentait le vaccin sont morts. Trois autres sont malades. Autant dire que… Tout le monde accuse le coup. Il paraît que, dans certains centres, il y a eu des suicides dont on ne parle pas pour ne pas provoquer de réactions en chaîne. Christopher était effondré. En larmes. Des sanglots hoquetés. Comme un bébé. Il faisait peine à voir. On a tout essayé – tout ce qu’on a pu – pour lui remonter le moral. Rien à faire. On l’a laissé dans un état lamentable.

 

 

 

 

Lundi 17 Avril 2034

 

Je suis allée là-bas. Chaque fois que je traverse une mauvaise passe – et Dieu sait si c’est le cas en ce moment… il y a de quoi ! – c’est là-bas que j’ai envie d’aller. D’instinct. C’est Manon, la sœur de Xadine, qui m’a ouvert… - Elle n’est pas là… Elle est en Bourgogne avec un groupe… Mais tu peux rester si tu veux… En tout cas t’as une de ces têtes !… - Avec tout ce qui se passe… - Tu prends tout beaucoup trop à cœur… Ce qui ne change strictement rien à la situation… Et ne peut rien y changer… Tu vis… C’est déjà beaucoup… C’est énorme… Essaie d’en tirer le plus de bonheur possible… Bon, mais je te garde… Je te laisse pas repartir comme ça… Et j’ai passé tout le week end avec elle. On s’est promenées dans le parc. On s’est allongées dans l’herbe. On a parlé. On s’est tu. Des oiseaux pépiaient, voletaient. Tout bourgeonnait. Fleurissait. Plus rien d’autre n’existait. Plus rien d’autre n’a compté pendant deux jours. Que l’instant présent. Quand je suis repartie, hier soir, je l’ai serrée dans mes bras… - Merci…

 

 

 

 

Mercredi 19 Avril 2034

 

- T’y verrais un inconvénient ?… - A quoi ?… - A ce que, de temps en temps, je reçoive une copine ici… - Moi, non… Mais Zanella ?… Et Valentine ?… - Oh, Zanella, c’est sûrement pas elle qui va y trouver quoi que ce soit à redire… Au contraire… - Au contraire ?… Comment ça au contraire ?… - Elle profitera de l’occasion pour faire venir la sienne de copine… - Ah, parce que Zanella aussi ?!… - Ben, bien sûr !… T’avais rien remarqué ?… Le téléphone… Ses retours de plus en plus tard… Les nuits passées de plus en plus souvent dehors… - Et sa mère ?… Elle est au courant sa mère ?… - Evidemment  qu’elle est au courant… - Et elle dit rien ?… - Pourquoi voudrais-tu qu’elle dise quoi que ce soit ?… Elle voit sa fille heureuse et épanouie… C’est l’essentiel, non ?…

 

 

 

 

Vendredi 21 Avril 2034

 

Elles sont venues ce soir. La copine de Monelle ce n’est pas celle qu’elle nous a présentée au bar. C’en est une autre. Une petite brune toute bouclée avec un visage d’ange. Celle de Zanella, elle est rousse avec de grands yeux verts. Sympas. Toutes les deux. On a dîné ensemble. Elles étaient pressées de regagner les chambres et je me suis un peu attardée à table avec Valentine. On a parlé de tout sauf de ça. Christopher klaxonnait tant qu’il pouvait sur l’ordi. Je suis allé le rejoindre… - T’es toute seule ?… - Ca se voit pas ?… - Elles sont où les autres ?… - Pourquoi ?… Je te suffis pas ?… - C’est pas ça, mais… Il a joué au désespéré… Pris son air de chien battu… Il m’a agacée… Je l’ai planté là et je suis sortie. Sans but. Sans véritable envie. J’ai erré au hasard. J’ai pleuré. Sans savoir pourquoi. Je me suis accoudée au parapet du pont. J’ai regardé l’eau filer en éclaboussures de lumière. On est venu à mes côtés. Elle m’a touché le bras… - Tu es toute seule ?… - Je suis toute seule, oui !… Qu’est-ce que ça peut te foutre, connasse !… Je suis rentrée. Aucun bruit. Nulle part. Je me suis vengée de plaisir.

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Dimanche 24 août 7 24 /08 /Août 20:34

Mercredi 5 avril 2034

 

J’ai eu une conversation à cœur ouvert avec Monelle hier soir. Pour elle il va de soi qu’on y viendra toutes… - Ca peut pas être autrement… Désirer, séduire – et l’être – c’est ce qui sous-tend tous les comportements humains. On peut pas s’en passer. Il y a plus d’hommes ? On fera sans. Et on sera pas les premières. T’as quantité de femmes qui n’ont pas attendu jusque là et qui s’en trouvent très bien. Faut juste laisser le temps à la majorité d’entre nous de se débarrasser de ses préjugés et de ses habitudes. Ca a commencé. Et pas qu’un peu. Tu verrais ça au boulot comment ça se tourne autour !… Et des femmes qui avaient juré leurs grands dieux que jamais, au grand jamais, elles ne mangeraient de ce pain-là. Elles sont les premières à te faire du rentre-dedans. Avec l’enthousiasme conquérant des nouvelles converties… - Et toi ?… - Je n’ai aucune espèce de raison de m’en cacher… Je ne me multiplie pas partout, mais il m’arrive de saisir une occasion quand elle se présente… Tout en restant aussi discrète que possible… Cela étant, pour répondre à la question que tu ne poses pas et qui te préoccupe, je n’envisage pas une seule seconde, pour ma part, qu’il puisse y avoir quelque chose de cet ordre entre toi et moi… On est beaucoup trop proches l’une de l’autre et depuis trop longtemps… On est, pour ainsi dire, soeurs… Et entre sœurs…

 

 

 

 

Vendredi 7 Avril 2034

 

ON AURAIT ENFIN TROUVE UN VACCIN… La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre sur le coup de midi. Tout le monde est sorti dans la rue. Ca affluait de partout. Ca riait. Ca s’embrassait. Ca chantait… - A Montaire !… A Montaire !… Là-bas c’était noir de monde. Ca scandait sous les fenêtres… « Le virus est foutu !… Le virus est foutu ! » Et puis encore : «  Vous sortez bientôt !… Vous sortez bientôt ! » Les hommes agitaient les mains derrière les carreaux. Personne n’est retourné travailler. A tous les coins de rue il y avait des groupes qui discutaient et qui riaient. Il s’était improvisé des orchestres un peu partout. J’ai passé la nuit dehors. Comme tout le monde.

 

 

 

 

Samedi 8 Avril 2034

 

Maintenant que l’excitation est un peu retombée – pas complètement !… Il s’en faut de beaucoup – on y voit nettement plus clair. Un vaccin a effectivement été mis au point. Dans le plus grand secret : on ne voulait pas nous bercer d’espoirs prématurés. Il est en cours d’expérimentation sur des hommes qui se sont portés volontaires et on a toutes les raisons de penser qu’il est efficace. Même si – c’est son rôle – la ministre de la santé joue les rabat-joie en répétant sur tous les tons qu’on n’a pas encore de certitude absolue et qu’il faut faire preuve de la plus extrême prudence… Mais les scientifiques, elles, affichent des sourires qui en disent beaucoup plus long que bien des discours…

 

23 heures

 

Tout à l’heure, à l’ordi, Christopher était euphorique… - Ca va être fini, les filles, tout ça… C’était un mauvais rêve… Un cauchemar… Fini… Le dehors maintenant… Le soleil… Le vent sur la peau… Les rues… Les femmes… Vous… Vous savez ce que je ferai quand je sortirai ?… La première chose ?… Avant tout… Je viendrai vous voir, vous… Et vous allez y attraper… Je peux vous dire que vous allez y attraper… Toutes les trois… L’une derrière l’autre… - Petit prétentieux !… - Depuis le temps que j’ai envie de vous… Et ce sera pas des petites éprouvettes à remplir cette fois !… Ce sera du direct… Ca l’a pas empêché d’en remplir une. Abondamment. Avec notre aide. On s’est complètement lâchées toutes les trois.

 

 

 

 

Mardi 11 avril 2034

 

Hier c’était l’anniversaire de Valentine. Ses 45 ans. Zanella avait voulu faire les choses en grand. Elle avait décoré la salle de séjour, dressé une table somptueuse au centre de laquelle trônait un immense bouquet de roses. Elle a passé l’après-midi en cuisine à lui mijoter ses plats préférés. Quand elle est rentrée et qu’elle a découvert le cadeau de sa fille Valentine était émue pleuré aux larmes. Nous aussi. On est restées longtemps à table, détendues et sereines. On est sorties dans la douceur de la nuit d’Avril. On a erré au hasard, en grands fous rires, par les rues. On a fini par échouer dans un bar où on a fait la connaissance d’une amie de Monelle… - C’est une amie ou… une amie ?… Elle s’est contentée de sourire.

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Jeudi 21 août 4 21 /08 /Août 07:02

Mardi 28 Mars 2034

 

Bien qu’ils soient peu nombreux – et de moins en moins nombreux – les hommes coûtent cher. En locaux. En personnel. En soins médicaux. En nourriture. Depuis trois mois ils sont totalement pris en charge par la collectivité. Pour les mettre à l’abri on a paré, dans l’urgence, au plus pressé. Mais, constate la secrétaire d’Etat à la condition masculine, ils ne sont pas malades. Ils sont même, pour la plupart d’entre eux, en excellente condition physique. Et ce serait leur rendre un très mauvais service que de les maintenir plus longtemps dans une oisiveté émolliente. Il n’est évidemment pas question qu’ils puissent se rendre à l’extérieur pour y exercer quelque activité que ce soit. Mais il serait parfaitement légitime qu’ils assurent eux-mêmes l’entretien des locaux dans lesquels ils vivent et qu’ils assument les indispensables tâches quotidiennes. A charge pour eux de sorganiser et d’utiliser au mieux les diverses compétences de chacun. A terme les centres ne devraient donc plus disposer – c’est le but recherché avoué – que d’un personnel extrêmement restreint. Peu à peu c’est toute une organisation qui se met en place. Plus personne ne se risque à proposer une date butoir pour l’éradication du virus. Mais des décisions comme celle-là en disent beaucoup plus long que bien des discours.

 

 

 

 

Jeudi 30 Mars

 

Monelle et Zanella ont passé la soirée avec Christopher. J’ai prétendu que j’étais fatiguée et je me suis réfugiée dans ma chambre. Je n’avais pas envie de le voir avec elles. Ni elles avec lui. C’est absurde, je sais. Mais je ne voulais pas abîmer mon souvenir de l’autre jour. Je suis restée seule avec lui dans mon lit. Il paraît que j’ai raté quelque chose. Si on veut… Elles m’ont raconté… En long, en large et en travers… Rien qui ait de quoi me surprendre : je les avais précédées. Et j’ai envie de me faire croire qu’avec moi c’était beaucoup mieux pour lui…

 

 

 

Vendredi 31 Mars 2034

 

Cette nuit j’ai rêvé que je me débarrassais en catastrophe des quelques affaires de Kerwan qui sont restées dans ma chambre, que j’ai gardées par superstition nostalgique. J’avais rencontré quelqu’un. Il était beau comme un dieu et nous allions vivre ensemble. Personne ne dormira plus jamais avec moi. Personne ne dormira plus jamais dans ma chambre. Mais ce matin, au réveil, je l’ai fait quand même. J’ai tout jeté. Pour que les choses soient claires. Je suis toute seule. Je suis définitivement seule.

 

 

 

 

Lundi 3 Avril 2034

 

Avec Monelle ce n’est plus comme avant. On ne se parle plus aussi librement qu’on le faisait. On n’est plus aussi spontanées l’une avec l’autre. Il y a quelque chose. Quelque chose qui nous empêche d’être nous. Quoi ? Ca date du jour où elle est venue s’installer ici. Ou plutôt – ce qui revient finalement au même – du soir où on s’est donné du plaisir côte à côte. Parce qu’on redoute inconsciemment que ça dérape ? Parce que, dans le contexte actuel, on est intimement convaincues, l’une comme l’autre, que ça ne peut pas ne pas finir, à un moment ou à un autre, par déraper ? Et que, du coup, on se méfie l’une de l’autre. A moins que ce soit surtout d’elle-même que chacune de nous se méfie.

 

Faire quelque chose avec une fille ? Evidemment que j’y ai pensé. Que j’y pense. Ne serait-ce que parce que maintenant c’est le seul moyen de faire quelque chose avec quelqu’un. Et que j’en ai besoin. Trois mois… Trois mois sans une peau contre ma peau. Sans des lèvres sur les miennes. Sur mes seins. Partout. Ca me manque. A en hurler certains soirs. Bien sûr j’ai mes doigts. J’ai mes jouets. J’ai mes images. J’y trouve mon compte. Et plus souvent qu’à mon tour. Mais… Mais ce n’est plus comme avant. Avant, quand je me donnais du plaisir, c’était pour moi. Jamais parce que j’étais en manque. Je savais que si je voulais, quand je voulais, je pouvais avoir un mec. Ce n’est plus le cas. Et je dois bien reconnaître que maintenant quand je m’occupe de moi c’est plus souvent un pis aller qu’autre chose. Et cette idée, à elle seule, suffit à me gâcher mon plaisir.

 

Alors ?… Une femme ?… C’est une perspective que j’envisage – je le sens bien – avec de moins en moins de réticences…

 

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Dimanche 17 août 7 17 /08 /Août 23:43

Mercredi 22 Mars 2034

 

On les voit venir. Depuis trois jours nos femmes politiques ne cessent pas d’évoquer, avec insistance, ce qui se fait à l’étranger. Et, à l’étranger, paraît-il, ( au moins dans certains pays qu’on nous cite en exemple ) on ne se pose pas tant de questions. On ne voit pas d’inconvénient à ce que les femmes ne gardent que les bébés filles. Après tout, prétend-on, un nombre restreint de mâles peut parfaitement suffire à perpétuer l’espèce. C’est même une solution d’avenir puisque – toutes les scientifiques en conviennent – les ressources naturelles s’amenuisent et ne permettront pas, à brève échéance, d’assurer la subsistance d’une population mondiale pléthorique. L’irruption de ce virus, suggère-t-on, ne serait en rien le fruit du hasard, mais une réponse de la nature – la meilleure réponse possible – à une situation démographique devenue ingérable. Tout cela était inéluctable. A celles qui se récrient, souvent avec la dernière énergie, on oppose le principe de réalité. On balaie leurs arguments d’un revers de main ou d’un haussement d’épaules : ce sont des idéalistes incapables de considérer les choses avec un minimum d’objectivité, des passéistes qui ne comprennent pas que le monde a changé, qui restent viscéralement attachées à des conceptions révolues. J’en suis. J’en fais partie. Une vie sans hommes, sans une épaule au creux de laquelle me blottir, sans leurs regards sur moi, je ne peux même pas l’imaginer. Et pourtant c’est ce qui est. C’est ce qui va continuer à être. Parce qu’elles ne prendront aucune mesure pour qu’il en aille autrement. Le voudraient-elles qu’elles se heurteraient à des obstacles difficilement surmontables. Mais elles ne le veulent de toute façon pas. Alors…

 

 

 

 

Samedi 25 Mars 2034

 

J’ai sombré. Une folle crise d’angoisse. Trois jours. Sans cause apparente. Monelle, Zanella et Valentine ont été adorables. Elles se sont mises en quatre, m’ont entourée du mieux qu’elles pouvaient. Mais rien à faire. Ca voulait pas passer. En désespoir de cause elles ont appelé Xadine. Qui est venue me chercher ce matin. J’ai passé la journée là-bas avec elles. Il n’a été question de rien. Elles ne m’ont rien demandé. J’ai tout simplement partagé leur quotidien. A leur rythme. Promenades dans le parc. Conversations. Sur tout et sur rien. Repas en grands fous rires. Leur calme, leur sérénité m’ont apaisée. Et je me suis même sentie heureuse. Comme il y a bien longtemps que je ne l’avais pas été. Plus rien n’avait d’importance que le moment présent. Sans avant ni après. Elles ont raison. Elles ont sûrement raison.

 

 

 

Lundi 27 Mars 2034

 

Ce matin j’ai séché les cours. Je suis restée à la maison.. J’avais envie de me retrouver. Seule. Je ne le suis pas restée longtemps. A 9 heures l’ordi a appelé. Je me suis précipitée, le cœur en folie et les jambes flageolantes. C’était lui. Christopher… - Elles sont pas là, les autres ?… - Ben non, non, le matin en général on n’était pas là… - Tant mieux !… C’est toi la plus jolie… Et la plus désirable… Je l’ai regardé droit dans les yeux. Et je me suis déshabillée. Sans un mot. J’ai passé les jambes par dessus les accoudoirs du fauteuil. Il m’a regardée. Il s’est montré en bas. Tout dressé. Il est allé et venu. Je suis descendue sur moi. Ca a été rapide. Rapide et intense. Violent. Il est venu juste après moi. On s’est souri. Il a mis un doigt sur ses lèvres… - Chut… On dit rien aux autres… Ca reste entre nous. Et il a coupé.

 

Il faut se rendre à l’évidence : c’est la seule chose qu’on puisse désormais espérer avec un homme. Comme ça. De loin. Et chacun pour soi. Des regards. Des mots. Jamais plus se toucher. Sentir sa peau. Tenir son désir dans la main. Le sentir exploser au fond de soi. Jamais plus. A moins que… Mais inutile de se raconter des histoires. Ca avancerait à quoi ?

 

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