2034

Jeudi 7 août 4 07 /08 /Août 07:03

Jeudi 2 Mars 2034

 

Ce n’est évidemment pas du tout comme ça que, dans mes rêves d’ado, j’envisageais la maternité. J’aimerais un homme, il m’aimerait et nos enfants on les élèverait ensemble. On les regarderait amoureusement grandir ensemble... Monelle a soupiré… - Oui, ben ça, ma pauvre chérie, maintenant c’est plus d’actualité… Ca le sera plus jamais… Ca l’a jamais été d’ailleurs… Parce que… t’as déjà vécu avec un type ?… - Kerwan… - C’était chez ton père Kerwan… C’est pas pareil… Non… Vraiment… Au quotidien… Dans un appart à vous… Deux fois, moi je l’ai fait… Et les deux fois… Un type, pour lui, il y a que les copains qui comptent… Il vit que par ça… Le soir il est avec eux… Le samedi il est avec eux… Le dimanche il est avec eux… Et t’as pas intérêt à dire quoi que ce soit… C’est sacré les copains… A choisir entre toi et eux il va pas hésiter une seule seconde… Alors tu la fermes… Pour le garder… Pour pas être toute seule… Par habitude… Tu te dis qu’à la longue il finira bien par changer… Que le jour où vous aurez un gamin… Et tu te le fais faire le gamin… Moi, je l’ai pas fait… J’ai eu bon nez… Mais il y en a plein qui le font… Qui le faisaient… Et il y a rien qui change… C’est même encore pire… Ca le gave le môme… Ca braille… Ca pisse… Ca chie… Il rentre quasiment plus… Juste pour dormir… Te tirer vite fait… Quand il est en état… Qu’il a pas trop fait la fête avec les copains… Et pour bouffer… T’as deux gamins à la maison dont l’un beaucoup plus vorace que l’autre… Le jour où t’en as ta claque tu mets les pieds dans le plat… Il gueule… Tu es un monstre d’égoïsme… Tu attentes à sa liberté… Tu veux lui rogner les ailes… L’enfermer… L’infantiliser… Il se casse… Ou tu finis par le virer… Ce qui revient au même… Et tu te retrouves toute seule avec le môme sur les bras… Alors autant que ce soit comme ça tout de suite… Au moins les choses sont claires… Valentine a doucement hoché la tête… - Ca se passait quand même pas toujours comme ça… Mais tu as raison : maintenant il faut absolument croire que ça se passait toujours comme ça… Sinon…

 

En tout cas Monelle ne le fera pas… - Pas tout de suite en tout cas… J’ai que 25 ans… J’ai tout mon temps… Zanella non plus… -  Je finis d’abord mes études… C’est le plus important… Et toi ?… - Moi ?… Oh, moi !… Je vais attendre de voir comment ça va tourner tout ça… - Eh ben si tout le monde réagit comme nous ça va être un beau fiasco…

 

 

 

 

Dimanche 5 Mars 2034

 

Il paraît que c’est la ruée. Qu’on afflue dans les dispensaires habilités à procéder aux fécondations. Que la tranche d’âge des 35-40 ans est tout particulièrement motivée. Ces informations nous laissent pourtant sceptiques : dans notre entourage immédiat celles qui semblent décidées à sauter le pas se comptent sur les doigts d’une main. A trois ou quatre reprises nous sommes passées, Monelle et moi, à proximité du Bernard Kouchner. On n’y voit quasiment personne. Et puis l’insistance avec laquelle on s’efforce, à longueur de journée, de nous convaincre ( j’allais dire de nous culpabiliser ) ne se justifierait pas si tout se passait réellement comme on le prétend. On est soumises à un véritable bourrage de crâne. Des spécialistes se succèdent sans discontinuer à l’antenne pour nous dresser un tableau apocalyptique de ce qui nous attend, dans les toutes prochaines années, si une large majorité d’entre nous ne prend pas conscience de ses responsabilités. D’autres nous serinent, savants raisonnements à l’appui, qu’il faut aller de l’avant, évoluer, que nous ne devons pas rester engluées dans des schémas de pensée archaïques devenus suicidaires. D’autres encore s’emploient à démontrer que le couple n’était qu’une construction intellectuelle artificielle qui n’avait pas le moindre fondement ni rationnel ni naturel ni biologique. Monelle constate : - Tu les entends ?… C’est ce que j’ai toujours dit… Ca devient la vérité officielle…
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Lundi 4 août 1 04 /08 /Août 07:53

Dimanche 26 Février 2034

 

Le boulevard Charles De Gaulle n’a jamais été aussi fréquenté. Hier samedi c’était du coude à coude. Ca montait. Ca descendait. Ca s’arrêtait. Ca repartait. Devant les vitrines situées juste sous les caméras des filles étaient agglutinées par dizaines. Elles parlaient fort, elles riaient haut. On s’est laissé entraîner, Monelle et moi, porter par le mouvement, déposer, étourdies, dans une petite ruelle qui nous a menées jusque sur les quais. On a erré au hasard jusqu’à la tombée de la nuit. Il faisait incroyablement doux. Le petit square où je retrouvais Kerwan à nos débuts était désert. On s’y est assises… - Ils peuvent nous regarder s’ils veulent… Il y en a une juste en face là… Et c’est tout en infra-rouge… - Tu crois qu’ils le font ?… - Sur les ordinateurs collectifs, non… Ils se calent que là où il y a plein de monde… Mais les individuels comment tu veux savoir ?… Il y en a sûrement qu’arrêtent pas de zapper… Et à un moment ou à un autre ils vont forcément tomber sur nous… - C’est pas dit qu’ils restent… Parce que pour voir deux filles vautrées sur un banc… - On passe bien des heures à les regarder rien faire, nous !… On n’a pas bougé… On n’a plus rien dit… Un quart d’heure… Une demi heure… - Doit y en avoir maintenant depuis le temps !… Comment ça m’excite de me dire que oui, sûrement, il y en a !… - Et moi donc !… - On se le fait ?… - Ici ?… - On n’est pas obligées de montrer… Juste laisser deviner… Elle a glissé sa main sous sa veste, est entrée dans son pantalon… Son bras a remué contre le mien… - On regarde… Je suis sûre qu’on regarde… Elle a ouvert les genoux, renversé la tête en arrière, râclé des pieds dans les graviers, s’est doucement plainte… Moi aussi…

 

 

 

 

Mardi 28 Février

 

Sur les quelque 100.000 mâles survivants un peu plus des deux tiers sont en âge de se reproduire et un peu moins de la moitié vivaient en couple quand est survenue la catastrophe sanitaire. Ce sont les chiffres officiels. Qui ont le mérite – si on peut dire – de poser abruptement et clairement le problème. Le renouvellement des générations n’est plus assuré. Tant s’en faut. Et comme la situation est à peu près analogue à l’étranger c’est l’espèce humaine dans son ensemble qui, à court terme, si on laissait les choses en l’état, serait menacée d’extinction.

 

Il faut agir. Et vite. Nos gouvernantes y sont décidées. La seule solution – elles n’ont pas mâché leurs mots – c’est que chaque homme féconde au plus tôt plusieurs femmes, des femmes qui, par millions, seraient en outre condamnées à n’être jamais mères si on ne prenait pas les mesures qui s’imposent. Pratiquement tout devrait se faire sur la base du volontariat. On fait appel à notre sens civique et, de façon appuyée, à notre instinct maternel. Des incitations financières sont en outre prévues dont on escompte à l’évidence qu’elles feront tomber bien des hésitations.

 

On procédera par insémination artificielle. Les spécialistes considèrent que c’est la méthode la plus appropriée. Pour de multiples raisons. Mais surtout parce qu’elle permet de « choisir » les spermatozoïdes les plus actifs d’hommes préalablement sélectionnés en fonction de leur âge et de leur état de santé. Les psychologues abondent dans leur sens. Les psychologues vont toujours du côté où le vent porte…

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Jeudi 31 juillet 4 31 /07 /Juil 15:09

Lundi 20 Février 2034

 

Coup sur coup deux incidents majeurs qui donnent de sérieux arguments à celles de nos dirigeantes qui s’opposent farouchement à une extension du droit de visite.

 

A Nîmes d’abord, c’est un mari qui est parvenu à « s’enfuir » avec la complicité de sa femme. Ils ont profité d’un moment d’inattention du personnel qui contrôle les entrées et les sorties pour échanger leurs vêtements et leurs rôles. Il s’est fondu dans la nature et on n’a plus aucune nouvelle de lui depuis deux jours. Quand on aura – si on en a – il sera de toute façon trop tard.

 

Plus grave : à Rouen une désaxée, la sœur de l’un des pensionnaires, a réussi à introduire une boîte remplie d’insectes dans le centre – on n’a pas voulu révéler comment – où elle avait l’intention de les libérer discrètement. Heureusement l’étrangeté de son comportement a attiré l’attention et on a pu intervenir à temps.

 

Plus on laissera – c’est évident – entrer de gens dans les centres et plus on multipliera les risques. Plus la situation s’éternisera et plus on sera confronté à des comportements irrationnels et incontrôlables. Il faudrait qu’une solution soit rapidement trouvée et le virus définitivement éradiqué. Ce n’est pas pour demain. Les propos lénifiants des spécialistes ne parviennent que très difficilement à masquer leur désarroi et leur impuissance. Et puis… des travaux ont été entrepris, dans tous les centres, destinés à – disons ça comme ça – transformer le provisoire transitoire en provisoire durable… Alors…

 

 

 

 

 

Mercredi 22 Février 2034

 

Xadine a absolument tenu à m’emmener visiter « chez elle ». Les filles se sont récriées… - Méfie-toi !… Elle va chercher à t’embobiner avec son gourou slovène… - Oui, ben ça elle peut toujours courir… Elles vivent à une quinzaine, de tous les âges, dans une grande bâtisse ancienne nichée au creux d’un parc somptueux. Chacune a sa chambre qu’elle aménage comme elle l’entend. Elles prennent leurs repas en commun dans un petit réfectoire qui donne sur une cour ombragée et se réunissent chaque soir, après le repas, dans une salle attenante… - Pour prier ?… Elle a ri franchement… Oh, non, non !… On prie pas, non !… Pour étudier et réfléchir ensemble… - Sur les bouquins de votre gourou ?… - Sur l’œuvre de Milàn, oui, mais ce n’est pas un gourou… C’est un philosophe… Et chacune peut donner son opinion en toute liberté… Le critiquer tant et plus si le cœur lui en dit… Pourvu que ce soit fondé et argumenté… C’est comme ça que la réflexion avance… - Et on vous laisse sortir comme vous voulez ?… - Tu me vois pas à la fac peut-être ?… - Ben si, si, mais… - Chacune est libre d’aller et venir comme elle veut… Et si demain matin je décidais de partir définitivement personne n’essaierait de me retenir…

 

- Et avant de te laisser repartir elle t’a collé toute l’œuvre de son Milàn sur les bras… Histoire d’en discuter après… Non ?… - Non… Elle m’a présenté sa sœur… Une fille très sympa qui vit aussi là-bas… - C’est cousu de fil blanc tout ça… On commence par te mettre en confiance… On te sort le grand jeu et après on te cueille comme un fruit mûr… C’est bien rôdé leur truc… - Surtout qu’avec ce qu’on vit en ce moment tout le monde est fragilisé… C’est Valentine qui a eu le mot de la fin… - S’il y en a une ici qui a la tête plombée c’est bien Roxane…

 

 

 

 

Vendredi 24 Février 2034

 

Strasbourg a fait des émules. Ce sont des dizaines de centres qui proposent maintenant de suivre en direct la vie de leurs pensionnaires. Pour maintenir un lien, préserver le tissu social. Ce sont en tout cas les raisons invoquées. Ce n’est pas forcément si simple, mais on ne fait pas la fine bouche. On les visite. Tous. On y revient. Avec une préférence marquée pour Bordeaux. Parce qu’à Bordeaux on les a répartis par tranches d’âge dans les différentes unités et que celle des 25-35 ans nous attire tout particulièrement. Il s’y trouve trois ou quatre types particulièrement beaux qui ont la bonne idée de s’attarder, le soir, longuement au salon.

 

Dans le même esprit, pour que les hommes puissent malgré tout baigner dans un monde extérieur dont ils se plaignent d’être totalement retranchés, on a disposé, ce matin, des caméras tout au long des artères principales des grandes villes, sur de nombreuses places publiques, dans certaines grandes surfaces, des centres commerciaux, des restaurants, etc… Ils passent des heures à nous regarder simplement déambuler dans les rues, seules ou par petits groupes, comme nous passons des heures, nous, à les observer dans leur quotidien et, maintenant, à les regarder nous regarder sur l’écran géant de l’ordinateur collectif dont chaque centre a été récemment équipé. Quant à ceux qui préfèrent nous contempler en secret dans leur chambre nous ne pouvons évidemment pas – et malheureusement – les y accompagner.

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Lundi 28 juillet 1 28 /07 /Juil 06:49

Dimanche 12 Février 2034

 

Depuis le début des « événements » on n’avait encore pas vu le moindre reportage détaillé sur la vie que mènent les hommes dans les centres. Pourquoi ? Mystère. Sans doute avait-on de bonnes raisons en haut lieu. Qu’on n’a pas jugé bon de nous communiquer. Mais, depuis hier, brusquement, ils fleurissent un peu partout. On nous fait tout visiter jusque dans les moindres recoins. Dans l’immense majorité des cas ce sont des maisons de retraite – ou de petites structures hospitalières – qui ont été reconverties à la hâte. Les « pensionnaires » y disposent le plus souvent d’une chambre individuelle, se retrouvent, s’ils le souhaitent, au réfectoire pour prendre leurs repas en commun ou au salon pour jouer aux cartes, regarder la télévision ou feuilleter des revues. En réalité ils restent presque tous confinés dans leur chambre et s’évadent sur Internet où ils dialoguent à tour de bras. Ce qu’on peut comprendre : c’est le seul moyen pour eux de garder contact avec le monde extérieur.

 

Il est évidemment hors de question qu’ils mettent le nez dehors. De quelque façon que ce soit. C’est, à ce qu’ils disent quand on les interroge, ce qui leur manque le plus. Pouvoir flâner, le nez au vent, dans les lieux qui leur sont familiers. Se fondre dans la foule. S’étourdir du spectacle de la rue. Aller et venir comme bon leur semble. Où bon leur semble. Etre tout simplement libres.

 

Ils sont prisonniers. Condamnés à la réclusion à durée indéterminée. Et c’est le virus qui fait office de juge d’application des peines. C’est lui qui décidera, au bout du compte, de leur élargissement. Les uns se montrent philosophes… - Il faut attendre… Il finira bien par y avoir une solution… D’autres fanfaronnent… C’est la vie de château… Rien à foutre de toute la journée… Pas de chef qui hurle… Pas de femme qui vous prend la tête… Le rêve… Ah, si ça pouvait durer !… Et puis il y a ceux qui font peine à voir. Et à entendre. Pour qui la situation est à proprement parler insupportable. Qui se laissent tout doucement glisser, par lassitude, ennui et désespoir vers la mort qu’on a voulu leur éviter.

 

 

 

 

Mardi 14 Février 2034

 

Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais c’est impossible. Impossible de nouer le dialogue, sur Internet, avec aucun d’entre eux. Nulle part. Ils sont submergés. Des milliers de filles font la même chose. Pourquoi nous privilégieraient-ils, nous, plutôt que n’importe quelle autre ? Le seul qui nous ait fait l’aumône d’une réponse a été on ne peut plus clair : - Désolé, mes pauvres chéries, mais j’ai 983 demandes en attente. Alors !…

 

Alors, à défaut, on se rabat sur le site du centre de Strasbourg – un immense centre : 1600 pensionnaires – qui diffuse en continu. Des caméras ont été installées dans les salles communes, à la demande des familles et avec l’accord des intéressés. Il suffit de se connecter pour les voir parler, bouger, vivre. On y passe des heures. A tour de rôle ou ensemble. C’est sans aucun intérêt. Ca en a pourtant beaucoup. Parce qu’ils existent. Parce qu’on les voit exister. Il n’y a plus d’hommes. Nulle part. On n’en croise plus. On n’en côtoie plus. Jamais. Les films… Oui, il y a les films. Et on y trouve souvent notre compte. Mais c’est mort. C’est d’avant. Quand tout était autrement.  Et ça laisse un drôle de goût d’amertume dans la bouche. Plus le temps passe et plus ça nous manque de les avoir là, tout simplement, autour de nous. De les savoir là. D’être au milieu d’eux. Même sans les connaître. Même sans leur parler. Alors on les regarde, là, sur l’écran. C’est toujours mieux que rien. Ils sont là. Ils sont vivants.

 

 

 

Vendredi 17 Février 2034

 

Hier soir, sur le coup de 10 heures, on a vu débarquer Iliona… - Vous savez pas ce qui m’arrive, les filles ?… J’ai planté mon ordi… Et faut absolument que je me connecte avec Alex… Elle s’est installée, d’autorité, devant l’écran… - Qu’est-ce que c’est que ça ?… Qu’est-ce que vous faisiez ?… C’est pas vrai que vous en êtes là ?… Eh ben dis donc !… Bon, alors qu’est-ce qu’il fout ce con ?… Ah, le voilà !… Vous pouvez me laisser ?… C’est perso ce qu’on a à se dire tous les deux… On s’est réfugiées toutes les trois dans la chambre de Zanella… - Quelle conne !… Non, mais quelle conne !… Qu’est-ce que vous pariez qu’il est seulement pas en panne son ordi ?… Que c’est juste histoire de venir nous narguer avec son Alex… - Heureusement qu’elle est pas venue habiter avec nous… Je l’aurais pas supportée… - Oui, ben alors là moi non plus… - De toute façon, elle, sa mère elle a les moyens… - Même… même… C’était complètement hors de question…

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Jeudi 24 juillet 4 24 /07 /Juil 06:07

Jeudi 2 Février 2034

 

Il fait exceptionnellement doux pour un mois de Février et on a passé toutes les deux la fin de l’après-midi et la soirée dehors. On a flâné dans les magasins. On a dîné d’un Kebab en déambulant sur les quais. Et puis on a poussé jusqu’à la fondation Montaire. Ils ne sont pas nombreux à y être hébergés. A peine deux cents. Rien à voir avec les grands centres de la périphérie. Trois policières en uniforme étaient postées à l’entrée. Du trottoir d’en face on a longuement contemplé les fenêtres brillamment éclairées… - Qu’est-ce que tu crois qu’ils font là-dedans ?… - Qu’est-ce tu veux qu’ils fassent ?… Ils s’emmerdent… Tu t’emmerderais pas, toi, à leur place ?… Parce qu’à part jouer aux cartes et regarder la télé… - Jamais pouvoir mettre le nez dehors c’est un truc à devenir dingue, ça… - Ils ont pas le choix… S’ils veulent pas crever…

 

On a poursuivi notre promenade… On n’arrivait pas à se décider à rentrer… C’était trop bon de pouvoir flâner comme ça n’importe où, en pleine nuit, à notre rythme, sans se faire importuner tous les dix mètres… - Ca n’a pas que des inconvénients finalement ce virus… On est allé traîner dans le quartier du haut… On en a arpenté encore et encore les trottoirs… - Même rentrer là-dedans maintenant on peut si on veut… - Oui… Parce qu’avant… On l’a fait. Une douzaine de femmes erraient entre les bacs. Elles ne nous ont pas prêté la moindre attention. On a feuilleté des magazines, longuement passé les godes en revue… - T’en as ?… - Ben oui… Oui… Evidemment que j’en ai… Pas toi ?… - Bien sûr que si !… Et pas seulement… D’autres trucs aussi… Et des films… - Des films de mecs entre eux t’as ?… - Bien sûr que j’ai…

 

On est rentrées… - Alors ça les mecs entre eux, moi, c’est un truc, tu peux pas savoir ce que ça me fait… Surtout maintenant… On s’est confortablement installées côte à côte sur le canapé… On a mis en marche… - Qu’est-ce qu’ils sont canon ceux-là en plus !… D’habitude dans ce genre de film les acteurs… Ils sont entrés très vite dans le vif du sujet… - Tu crois qu’ils se le font les types là-bas ?… Oui… Evidemment qu’il y en a qui se le font… Ils ont pas le choix… Et peut-être même en ce moment, là, pendant qu’on regarde… C’est comme si c’était eux… C’est eux… Oh, j’ai envie… J’ai trop envie… - Moi aussi… On lui a laissé libre cours à notre envie. Nos genoux n’ont pas cessé de se toucher. Tout du long. On a eu notre plaisir en même temps.

 

 

 

 

Lundi 6 Février

 

Iliona est furieuse. Elle avait retrouvé l’un de ses nombreux « ex » ( le seul apparemment qui ait survécu ) et escomptait bien profiter d’une réglementation qui semblait devoir s’assouplir pour aller le voir à Lyon. Jusqu’à présent en effet seules les mères, les grands mères, les filles, les soeurs et les compagnes « officielles » pouvaient obtenir des autorisations de visite. A raison de deux par semaine. Et devaient respecter des consignes de sécurité très strictes : douche obligatoire avec un gel spécial, séjour en sas de stérilisation et port de la combinaison fournie par l’établissement. Mais, depuis quelque temps, des voix de plus en plus nombreuses s’élevaient pour réclamer l’extension de ces autorisations à d’autres qu’aux proches. On faisait remarquer à juste titre que certains hommes, parce que célibataires et orphelins, n’en recevaient jamais, que tous avaient des amies, des collègues de travail, tout un réseau de connaissances avec lesquelles ils entretenaient auparavant des relations dont ils sont arbitrairement privés au moment même où ils en auraient psychologiquement le plus besoin. Nos gouvernantes, de leur côté, faisaient valoir que, si on prenait des dispositions plus libérales, ce sont des centaines de milliers de femmes qui viendraient se presser aux portes des différents centres, ce qui poserait quantité de problèmes, notamment de sécurité, et qu’il était de leur devoir de ne pas exposer les hommes à des risques inconsidérés. On a proposé d’opérer une sélection . Oui, mais selon quels critères ? Pourquoi favoriser celles-ci plutôt que celles-là ? Les sociologues, psychologues et autres spécialistes s’étaient mis de la partie. Elles assuraient que la situation actuelle, si elle devait perdurer, pourrait provoquer à terme une scission sociale définitive, que le clivage entre les univers masculin et féminin risquerait de devenir irréversible. Il y a eu des débats particulièrement houleux. Iliona était convaincue qu’on allait trancher dans son sens… - C’est obligé ! Il y a des élections l’année prochaine. Elles vont pas vouloir se mettre tout le monde à dos… La décision vient de tomber. Dans un premier temps, seules les tantes et les nièces seront autorisées à rendre visite à leurs oncles et neveux et la question sera reconsidérée d’ici quelques semaines… - Les connes !… Juste au moment où je venais de le retrouver Alex… Elles me le paieront…

 

 

 

 

 

 

 

Jeudi 9 Février 2034

 

Zanella et sa mère, Valentine, se sont, elles aussi, installées. J’appréhendais un peu, mais en fait ça se passe plutôt bien. On commence déjà à trouver notre vitesse de croisière. Tout le monde met la main à la pâte. Il règne une excellente entente et personne n’empiète sur le territoire de personne. Valentine nous mitonne de délicieux petits plats à l’ancienne et on reste longtemps à bavarder toutes les quatre à table avant de regagner chacune ses pénates. Je m’attarde à l’ordi. Monelle m’y rejoint quelquefois. Ou Zanella. Ou toutes les deux. Jusqu’à ce que le sommeil nous terrasse.

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