2034

Dimanche 24 août 7 24 /08 /Août 20:34

Mercredi 5 avril 2034

 

J’ai eu une conversation à cœur ouvert avec Monelle hier soir. Pour elle il va de soi qu’on y viendra toutes… - Ca peut pas être autrement… Désirer, séduire – et l’être – c’est ce qui sous-tend tous les comportements humains. On peut pas s’en passer. Il y a plus d’hommes ? On fera sans. Et on sera pas les premières. T’as quantité de femmes qui n’ont pas attendu jusque là et qui s’en trouvent très bien. Faut juste laisser le temps à la majorité d’entre nous de se débarrasser de ses préjugés et de ses habitudes. Ca a commencé. Et pas qu’un peu. Tu verrais ça au boulot comment ça se tourne autour !… Et des femmes qui avaient juré leurs grands dieux que jamais, au grand jamais, elles ne mangeraient de ce pain-là. Elles sont les premières à te faire du rentre-dedans. Avec l’enthousiasme conquérant des nouvelles converties… - Et toi ?… - Je n’ai aucune espèce de raison de m’en cacher… Je ne me multiplie pas partout, mais il m’arrive de saisir une occasion quand elle se présente… Tout en restant aussi discrète que possible… Cela étant, pour répondre à la question que tu ne poses pas et qui te préoccupe, je n’envisage pas une seule seconde, pour ma part, qu’il puisse y avoir quelque chose de cet ordre entre toi et moi… On est beaucoup trop proches l’une de l’autre et depuis trop longtemps… On est, pour ainsi dire, soeurs… Et entre sœurs…

 

 

 

 

Vendredi 7 Avril 2034

 

ON AURAIT ENFIN TROUVE UN VACCIN… La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre sur le coup de midi. Tout le monde est sorti dans la rue. Ca affluait de partout. Ca riait. Ca s’embrassait. Ca chantait… - A Montaire !… A Montaire !… Là-bas c’était noir de monde. Ca scandait sous les fenêtres… « Le virus est foutu !… Le virus est foutu ! » Et puis encore : «  Vous sortez bientôt !… Vous sortez bientôt ! » Les hommes agitaient les mains derrière les carreaux. Personne n’est retourné travailler. A tous les coins de rue il y avait des groupes qui discutaient et qui riaient. Il s’était improvisé des orchestres un peu partout. J’ai passé la nuit dehors. Comme tout le monde.

 

 

 

 

Samedi 8 Avril 2034

 

Maintenant que l’excitation est un peu retombée – pas complètement !… Il s’en faut de beaucoup – on y voit nettement plus clair. Un vaccin a effectivement été mis au point. Dans le plus grand secret : on ne voulait pas nous bercer d’espoirs prématurés. Il est en cours d’expérimentation sur des hommes qui se sont portés volontaires et on a toutes les raisons de penser qu’il est efficace. Même si – c’est son rôle – la ministre de la santé joue les rabat-joie en répétant sur tous les tons qu’on n’a pas encore de certitude absolue et qu’il faut faire preuve de la plus extrême prudence… Mais les scientifiques, elles, affichent des sourires qui en disent beaucoup plus long que bien des discours…

 

23 heures

 

Tout à l’heure, à l’ordi, Christopher était euphorique… - Ca va être fini, les filles, tout ça… C’était un mauvais rêve… Un cauchemar… Fini… Le dehors maintenant… Le soleil… Le vent sur la peau… Les rues… Les femmes… Vous… Vous savez ce que je ferai quand je sortirai ?… La première chose ?… Avant tout… Je viendrai vous voir, vous… Et vous allez y attraper… Je peux vous dire que vous allez y attraper… Toutes les trois… L’une derrière l’autre… - Petit prétentieux !… - Depuis le temps que j’ai envie de vous… Et ce sera pas des petites éprouvettes à remplir cette fois !… Ce sera du direct… Ca l’a pas empêché d’en remplir une. Abondamment. Avec notre aide. On s’est complètement lâchées toutes les trois.

 

 

 

 

Mardi 11 avril 2034

 

Hier c’était l’anniversaire de Valentine. Ses 45 ans. Zanella avait voulu faire les choses en grand. Elle avait décoré la salle de séjour, dressé une table somptueuse au centre de laquelle trônait un immense bouquet de roses. Elle a passé l’après-midi en cuisine à lui mijoter ses plats préférés. Quand elle est rentrée et qu’elle a découvert le cadeau de sa fille Valentine était émue pleuré aux larmes. Nous aussi. On est restées longtemps à table, détendues et sereines. On est sorties dans la douceur de la nuit d’Avril. On a erré au hasard, en grands fous rires, par les rues. On a fini par échouer dans un bar où on a fait la connaissance d’une amie de Monelle… - C’est une amie ou… une amie ?… Elle s’est contentée de sourire.

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Jeudi 21 août 4 21 /08 /Août 07:02

Mardi 28 Mars 2034

 

Bien qu’ils soient peu nombreux – et de moins en moins nombreux – les hommes coûtent cher. En locaux. En personnel. En soins médicaux. En nourriture. Depuis trois mois ils sont totalement pris en charge par la collectivité. Pour les mettre à l’abri on a paré, dans l’urgence, au plus pressé. Mais, constate la secrétaire d’Etat à la condition masculine, ils ne sont pas malades. Ils sont même, pour la plupart d’entre eux, en excellente condition physique. Et ce serait leur rendre un très mauvais service que de les maintenir plus longtemps dans une oisiveté émolliente. Il n’est évidemment pas question qu’ils puissent se rendre à l’extérieur pour y exercer quelque activité que ce soit. Mais il serait parfaitement légitime qu’ils assurent eux-mêmes l’entretien des locaux dans lesquels ils vivent et qu’ils assument les indispensables tâches quotidiennes. A charge pour eux de sorganiser et d’utiliser au mieux les diverses compétences de chacun. A terme les centres ne devraient donc plus disposer – c’est le but recherché avoué – que d’un personnel extrêmement restreint. Peu à peu c’est toute une organisation qui se met en place. Plus personne ne se risque à proposer une date butoir pour l’éradication du virus. Mais des décisions comme celle-là en disent beaucoup plus long que bien des discours.

 

 

 

 

Jeudi 30 Mars

 

Monelle et Zanella ont passé la soirée avec Christopher. J’ai prétendu que j’étais fatiguée et je me suis réfugiée dans ma chambre. Je n’avais pas envie de le voir avec elles. Ni elles avec lui. C’est absurde, je sais. Mais je ne voulais pas abîmer mon souvenir de l’autre jour. Je suis restée seule avec lui dans mon lit. Il paraît que j’ai raté quelque chose. Si on veut… Elles m’ont raconté… En long, en large et en travers… Rien qui ait de quoi me surprendre : je les avais précédées. Et j’ai envie de me faire croire qu’avec moi c’était beaucoup mieux pour lui…

 

 

 

Vendredi 31 Mars 2034

 

Cette nuit j’ai rêvé que je me débarrassais en catastrophe des quelques affaires de Kerwan qui sont restées dans ma chambre, que j’ai gardées par superstition nostalgique. J’avais rencontré quelqu’un. Il était beau comme un dieu et nous allions vivre ensemble. Personne ne dormira plus jamais avec moi. Personne ne dormira plus jamais dans ma chambre. Mais ce matin, au réveil, je l’ai fait quand même. J’ai tout jeté. Pour que les choses soient claires. Je suis toute seule. Je suis définitivement seule.

 

 

 

 

Lundi 3 Avril 2034

 

Avec Monelle ce n’est plus comme avant. On ne se parle plus aussi librement qu’on le faisait. On n’est plus aussi spontanées l’une avec l’autre. Il y a quelque chose. Quelque chose qui nous empêche d’être nous. Quoi ? Ca date du jour où elle est venue s’installer ici. Ou plutôt – ce qui revient finalement au même – du soir où on s’est donné du plaisir côte à côte. Parce qu’on redoute inconsciemment que ça dérape ? Parce que, dans le contexte actuel, on est intimement convaincues, l’une comme l’autre, que ça ne peut pas ne pas finir, à un moment ou à un autre, par déraper ? Et que, du coup, on se méfie l’une de l’autre. A moins que ce soit surtout d’elle-même que chacune de nous se méfie.

 

Faire quelque chose avec une fille ? Evidemment que j’y ai pensé. Que j’y pense. Ne serait-ce que parce que maintenant c’est le seul moyen de faire quelque chose avec quelqu’un. Et que j’en ai besoin. Trois mois… Trois mois sans une peau contre ma peau. Sans des lèvres sur les miennes. Sur mes seins. Partout. Ca me manque. A en hurler certains soirs. Bien sûr j’ai mes doigts. J’ai mes jouets. J’ai mes images. J’y trouve mon compte. Et plus souvent qu’à mon tour. Mais… Mais ce n’est plus comme avant. Avant, quand je me donnais du plaisir, c’était pour moi. Jamais parce que j’étais en manque. Je savais que si je voulais, quand je voulais, je pouvais avoir un mec. Ce n’est plus le cas. Et je dois bien reconnaître que maintenant quand je m’occupe de moi c’est plus souvent un pis aller qu’autre chose. Et cette idée, à elle seule, suffit à me gâcher mon plaisir.

 

Alors ?… Une femme ?… C’est une perspective que j’envisage – je le sens bien – avec de moins en moins de réticences…

 

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Dimanche 17 août 7 17 /08 /Août 23:43

Mercredi 22 Mars 2034

 

On les voit venir. Depuis trois jours nos femmes politiques ne cessent pas d’évoquer, avec insistance, ce qui se fait à l’étranger. Et, à l’étranger, paraît-il, ( au moins dans certains pays qu’on nous cite en exemple ) on ne se pose pas tant de questions. On ne voit pas d’inconvénient à ce que les femmes ne gardent que les bébés filles. Après tout, prétend-on, un nombre restreint de mâles peut parfaitement suffire à perpétuer l’espèce. C’est même une solution d’avenir puisque – toutes les scientifiques en conviennent – les ressources naturelles s’amenuisent et ne permettront pas, à brève échéance, d’assurer la subsistance d’une population mondiale pléthorique. L’irruption de ce virus, suggère-t-on, ne serait en rien le fruit du hasard, mais une réponse de la nature – la meilleure réponse possible – à une situation démographique devenue ingérable. Tout cela était inéluctable. A celles qui se récrient, souvent avec la dernière énergie, on oppose le principe de réalité. On balaie leurs arguments d’un revers de main ou d’un haussement d’épaules : ce sont des idéalistes incapables de considérer les choses avec un minimum d’objectivité, des passéistes qui ne comprennent pas que le monde a changé, qui restent viscéralement attachées à des conceptions révolues. J’en suis. J’en fais partie. Une vie sans hommes, sans une épaule au creux de laquelle me blottir, sans leurs regards sur moi, je ne peux même pas l’imaginer. Et pourtant c’est ce qui est. C’est ce qui va continuer à être. Parce qu’elles ne prendront aucune mesure pour qu’il en aille autrement. Le voudraient-elles qu’elles se heurteraient à des obstacles difficilement surmontables. Mais elles ne le veulent de toute façon pas. Alors…

 

 

 

 

Samedi 25 Mars 2034

 

J’ai sombré. Une folle crise d’angoisse. Trois jours. Sans cause apparente. Monelle, Zanella et Valentine ont été adorables. Elles se sont mises en quatre, m’ont entourée du mieux qu’elles pouvaient. Mais rien à faire. Ca voulait pas passer. En désespoir de cause elles ont appelé Xadine. Qui est venue me chercher ce matin. J’ai passé la journée là-bas avec elles. Il n’a été question de rien. Elles ne m’ont rien demandé. J’ai tout simplement partagé leur quotidien. A leur rythme. Promenades dans le parc. Conversations. Sur tout et sur rien. Repas en grands fous rires. Leur calme, leur sérénité m’ont apaisée. Et je me suis même sentie heureuse. Comme il y a bien longtemps que je ne l’avais pas été. Plus rien n’avait d’importance que le moment présent. Sans avant ni après. Elles ont raison. Elles ont sûrement raison.

 

 

 

Lundi 27 Mars 2034

 

Ce matin j’ai séché les cours. Je suis restée à la maison.. J’avais envie de me retrouver. Seule. Je ne le suis pas restée longtemps. A 9 heures l’ordi a appelé. Je me suis précipitée, le cœur en folie et les jambes flageolantes. C’était lui. Christopher… - Elles sont pas là, les autres ?… - Ben non, non, le matin en général on n’était pas là… - Tant mieux !… C’est toi la plus jolie… Et la plus désirable… Je l’ai regardé droit dans les yeux. Et je me suis déshabillée. Sans un mot. J’ai passé les jambes par dessus les accoudoirs du fauteuil. Il m’a regardée. Il s’est montré en bas. Tout dressé. Il est allé et venu. Je suis descendue sur moi. Ca a été rapide. Rapide et intense. Violent. Il est venu juste après moi. On s’est souri. Il a mis un doigt sur ses lèvres… - Chut… On dit rien aux autres… Ca reste entre nous. Et il a coupé.

 

Il faut se rendre à l’évidence : c’est la seule chose qu’on puisse désormais espérer avec un homme. Comme ça. De loin. Et chacun pour soi. Des regards. Des mots. Jamais plus se toucher. Sentir sa peau. Tenir son désir dans la main. Le sentir exploser au fond de soi. Jamais plus. A moins que… Mais inutile de se raconter des histoires. Ca avancerait à quoi ?

 

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Jeudi 14 août 4 14 /08 /Août 06:53

Jeudi 16 Mars 2034

 

On a séché les cours et Monelle son boulot. On a attendu toute la matinée. Il n’est pas venu. Sans aucune explication. Rien. Zanella est furieuse. Elle prétend que c’est de notre faute, qu’on tirait une telle tronche l’autre soir qu’il s’est dit que c’était pas la peine d’insister, qu’il a cherché – et trouvé – mieux ailleurs…

 

De plus en plus de femmes sautent le pas. C’est indéniable. En espérant mettre au monde un garçon puisqu’ils font si cruellement défaut ?… Eh bien non… Non… C’est très exactement le contraire. Parce que, si elles attendent une fille, on va la leur laisser à la naissance et elles l’élèveront aussi normalement que possible dans le contexte actuel. Mais si c’est un garçon on va les faire accoucher en milieu clos et le leur subtiliser aussitôt pour le mettre à l’abri  du virus. C’est une perspective désespérante pour les futures mères qui, dans leur grande majorité, affirment que, si elles sont enceintes d’un garçon, elles auront recours à l’interruption volontaire de grossesse. Comment, dans ces conditions, rétablir à terme l’équilibre entre les sexes ?… C’est impossible. On explore toutes sortes de voies qui ne sont pas plus satisfaisantes les unes que les autres. Les députées du parti LUD ont purement et simplement proposé d’interdire l’avortement, ce qui a provoqué une levée de boucliers. Pas question de revenir sur le droit de la femme à disposer de son corps. Et puis l’interdire ce serait de toute façon dissuader les femmes de courir le risque d’une grossesse loterie. D’autres, dans la majorité, souhaiteraient de substantielles incitations financières pour celles qui décideraient de mener à terme un enfant mâle. Mais tous les sondages montrent que l’impact d’une telle mesure serait pratiquement nul. La solution la plus réaliste consisterait sans doute à aménager des centres où pourraient vivre ensemble, jusqu’à ce que ce fichu virus ait été enfin éradiqué, les mères et leurs garçons… Mais seraient-elles prêtes à vivre en recluses pendant des années ? Et la société serait-elle en état de faire face au coût exorbitant d’une telle mesure ? Tout semble indiquer que non… On tourne désespérément en rond…

 

 

 

 

Dimanche 19 Mars 2034

 

On avait laissé l’ordi branché sur JPZ à tout hasard… Et… - Hou, hou, les filles ?… Vous êtes là ?… On s’est précipitées, folles de joie… - Ben alors ?!… Tu nous as fait faux bond l’autre jour… - Désolé… Mais il y eu contrordre… Tout un tas de toubibs – des spécialistes – qui  nous sont tombés dessus… Qui nous ont emmenés faire des tests… On m’a passé en revue sous toutes les coutures… Et je suis bon pour le service… Plus que jamais… On me demande beaucoup… J’ai besoin de vous… J’y arriverai jamais sinon… Et on pouvait faire quoi, nous ?… - Cette question !… On n’avait pas une petite idée ?… - Une idée ?… Non… Quoi ?… - Bon, ben tant pis !… Au revoir… Non !… Non !… Qu’il parte pas… Non !… - Mais alors vous avez une petite idée… On avait, oui… Et Zanella a soulevé son tee shirt… Dessous ses seins étaient nus… - Vous aussi !… Oh, s’il vous plaît… Vous aussi !… Nous aussi, Monelle et moi… Ses yeux ont couru de l’une à l’autre… Sa main est descendue… Son bras a bougé… Il ne nous a pas quittées des yeux… Plus vite… Il a renversé la tête en arrière… C’était fini… - Ben dis donc, pour quelqu’un à qui on demande trop, qui a du mal à y arriver… - Vous êtes trop adorables… Il y a trop longtemps que je pense à vous… Trop souvent…

 

Je me suis endormie toute enveloppée de son désir de moi.

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Dimanche 10 août 7 10 /08 /Août 22:37

Mercredi 8 Mars 2035

 

Zanella nous a appelées… - Venez voir, les filles, venez voir !… Elle s’était pas connectée qu’avec Alex l’autre jour Iliona… Elle en avait aussi allumé un autre… Qu’arrête pas de réclamer… On lui répond ?… On se fait passer pour elle ?… - C’est vache… - Elle le saura pas… Allez, on le clique… Ses doigts ont couru sur le clavier… - Salut, toi !… - Ah, quand même !… Ben c’est pas trop tôt… Qu’est-ce tu faisais ?… - A ton avis ?… - Tu tirais un coup avec un mec ?… - Ah, très drôle… - Tu branches ta cam que je voie un peu ta jolie frimousse ?… - Pas ce soir… Non… J’ai une tête à faire peur… - T’as bien d’autres atouts… Tu me les montres ?… - Non… - Mais pourquoi ?… Tu me les as bien montrés l’autre jour…  - L’autre jour c’était l’autre jour… J’ai pas envie… Je vais me coucher de toute façon… Je suis crevée… - Dis-lui maintenant !… Dis-lui !… Qu’on n’ait pas d’embrouilles avec Iliona… - Oui… En fait tu sais quoi ?… Eh bien c’est pas du tout avec Iliona que tu es en ligne là… - Ah oui ?… C’est avec qui alors ?… - Des copines à elle… - Oh, les petites garces… Faites voir à quoi vous ressemblez pour la peine… Mais c’est qu’elles sont trois… Et mignonnes comme tout en plus… Et on a discuté… A trois heures du matin on y était encore…

 

Je me suis tournée et retournée dans mon lit sans parvenir à trouver le sommeil… Parler avec un homme… Le voir… Le regarder dans les yeux… Il y avait combien de temps que ça ne m’était pas arrivé ?…

 

 

 

 

Samedi 11 Mars 2034

 

Xadine s’est fait inséminer. Sa sœur aussi. Ainsi qu’un certain nombre des femmes avec lesquelles elles vivent là-bas. J’ai passé la journée avec elles. Tout y respire le calme et la sérénité. La joie de vivre. Elles sont heureuses. Epanouies. Elles se sont parfaitement adaptées à la nouvelle situation telle qu’elle est. Et s’adapteraient – on le sent bien – à n’importe quelle autre. Ce n’est pas qu’elles se soient mises hors d’atteinte, réfugiées ailleurs. Non. Elles sont là. Elles sont présentes. Elles prennent tout simplement les choses comme elles viennent. Sans vouloir qu’elles soient différentes. Sans nourrir non plus d’inutiles regrets. Ni cultiver de vaines espérances. J’en suis pour ma part parfaitement incapable. Je voudrais tant que tout soit comme avant. Exactement comme avant. Que rien de tout cela n’ait jamais eu lieu…

 

 

 

 

Mardi 14 Mars 2034

 

Des gamines. Des vraies gamines. Il aurait fallu nous voir, tout excitées, battant des mains, riant comme de petites folles. Et tout ça pourquoi ? Parce que Christopher, le type de l’autre soir, était en ligne et qu’il voulait dialoguer avec nous… - Et on déconne pas, les filles, hein !… On déconne pas… Pour une fois qu’on réussit à en accrocher un on se débrouille pour le garder… Il était content de nous retrouver là… Et nous donc !… Et… on savait pas quoi ?… Non… Quoi ?… On lui avait fait passer tout un tas de tests et d’examens et il avait été sélectionné pour faire le donneur… Vendredi il avait commencé… Mais c’était pas facile, sur commande, comme ça… Heureusement qu’il nous avait, nous !… Tout le temps, à chaque fois, il pensait à nous pour arriver au bout… - Ah !… Qu’est-ce qu’on pouvait répondre à ça ?… Zanella a demandé… - Et pas à Iliona ?… - Oh, Iliona !… Elle est gentille, Iliona… Mais elle est beaucoup trop sophistiquée pour moi… Ca me réfrigère… Vous au moins vous êtes naturelles… Jolies et naturelles… - Merci… Et… et… si on avait voulu, ce qui aurait été sympa, c’est que la prochaine fois on soit là, en ligne, avec lui… Ils avaient le droit… - La prochaine fois que quoi ?… - Faites bien les innocentes… Zanella qui a demandé… - Et c’est quand la prochaine fois ?… - Jeudi… Jeudi matin… - On sera là…

 

- T’es trop, toi, quand même dans ton genre… T’aurais pu nous demander notre avis… - Faudrait savoir ce que vous voulez… Vous arrêtez pas de pleurnicher qu’il y a plus de mecs nulle part… Que c’est le désert… Et pour une fois qu’il y en a un qui s’intéresse à nous, qui nous trouve à son goût, vous faites la fine bouche… Vous vouliez que je lui dise quoi ?… Qu’il aille se faire foutre ?… Il se le serait pas fait dire deux fois… Il y en a des milliers des filles qui voudraient être à notre place… Il a que l’embarras du choix… Qu’est-ce qui vous dérange ?… Qu’il s’excite en nous regardant ?… Et alors !… Je vous ai connues moins prudes… Eh ben moi, qu’il s’excite en pensant à moi, qu’il s’excite en me regardant ça m’excite… Et je vais pas sûrement pas laisser passer l’occasion… - Tout de suite tu montes sur tes grands chevaux… On t’a jamais dit qu’on n’était pas d’accord… Seulement que tu aurais pu au moins nous demander notre avis… 
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