Mardi 3 octobre 2 03 /10 /Oct 21:36

Une autre première fois, celle de Cyrille...

Bonne lecture à tous...

R A N D O N N E E

 

 

 

Pendant six mois Sébastien a vainement cherché à me convaincre de l’accompagner au club rando… - Tu traverses des paysages magnifiques en compagnie de tas de gens sympas… Tu te vides la tête… Tu prends un bon bol d’air… Le bien que ça te fait !... Estelle, sa petite amie, renchérissait… - Mais oui, viens avec nous au lieu de rester à te morfondre tout seul dans ton coin !...

 

 

C’est le jour où j’ai croisé leur copine Morgane dans l’escalier – je partais, elle arrivait – que je me suis brusquement décidé à aller arpenter avec eux les sentiers d’Ile de France… Un seul regard et j’étais tombé éperdument amoureux de Morgane. Je marchais à ses côtés, je la voyais, je la regardais, je l’écoutais, je lui parlais et cela suffisait à mon bonheur. Mais pas au sien. Estelle et Sébastien n’ont pas tardé à me le faire remarquer avec insistance… - Ben qu’es-ce que tu fous ?!... Fonce !... Elle attend que ça !...

 

 

Seulement ça… ça… c’était justement ce dont j’étais incapable… C’était ma blessure intime, secrète. J’avais vingt ans et j’étais vierge. A mon grand désespoir. Les autres y arrivaient. Ils le disaient. Je le voyais. Pas moi. J’adorais les filles. Je passais le plus clair de mon temps avec elles. J’en mourais d’envie, mais je ne pouvais pas. Impossible. Impossible parce que ma grande hantise c’était de ne pas arriver à les satisfaire. Tous les bouquins que j’avais avidement consultés sur le sujet étaient d’accord : rien de plus difficile. Il y fallait une technique, une maîtrise de soi, un savoir-faire hors du commun. Et encore ! Même lorsque on était très doué on ne touchait que très rarement au but. Elles le disaient elles-mêmes  - j’avais lu leurs témoignages  -  très peu d’hommes savaient s’y prendre, une infime minorité…alors le plus souvent elles faisaient semblant ou bien elles allaient se finir toutes seules dans la salle de bains. Et moi ben forcément j’allais faire partie des maladroits et des incapables…Obligé…

 

 

Et jamais je n’avais pu me résoudre à passer l’épreuve tant redoutée…Je connaissais de toute façon le verdict. Quand une fille me plaisait, quand j’étais amoureux, l’idée qu’elle allait le savoir, me mépriser, se moquer de moi et  -  bien entendu  -  me quitter m’était absolument insupportable. Alors je différais…je différais tant que je pouvais jusqu’au moment où elle s’éloignait, lassée et persuadée que je n’éprouvais rien pour elle. Avec Morgane c’était ce qui allait se passer. Une fois de plus. Forcement j’allais la perdre…Dans tous les cas j’allais la perdre… - Mais vas-y, on te dit !...Tu joues sur du velours…

 

 

Fin juin Estelle a proposé qu’on se retrouve tous les quatre dans l’Aveyron la deuxième quinzaine de Juillet… Ses parents possédaient là-bas une maison de campagne qu’ils nous laisseraient quelques jours… - Et alors là !...Vous allez voir ces grands espaces qu’on va avoir… Et ces paysages… Vous allez pas en revenir… J’ai essayé de me faire croire que ce serait là-bas Morgane. Je ne voulais pas la perdre. Là-bas je tenterais le tout pour le tout : advienne que pourrait…Mais plus l’échéance approchait…

 

 

Estelle m’attendait à la gare. Toute seule. Un petit sourire chiffonné accroché à la figure. Ça se présentait mal : la mère de Sébastien était à l’hôpital… Il viendrait pas… Pas tout de suite en tout cas… Quant à Morgane… elle a baissé les yeux… - Elle viendra pas non plus… - Ah bon, pourquoi ?… Elle a haussé les épaules…  - J’en sais rien…

 

 

J’ai proposé de rentrer… - Oh, tu vas pas avoir fait tout ce voyage pour rien, attends !... Et puis il devrait pas trop tarder Sébastien… le temps qu’on sache ce qu’elle avait sa mère… De toute façon on allait pas se laisser abattre comme ça… On était venus pour la rando… On allait faire de la rando… - T’as vu le temps qu’il fait en plus ?… Demain je te réveille aux aurores…

 

 

Et on a passé une journée de rêve au rythme de nos pas. A faire provision de paysages bleutés étouffés de soleil. A déranger les oiseaux à tire d’aile dans les blés. A nous absorber, côte à côte, dans la contemplation de fourmilières géantes. A boire aux sources dans le creux de nos mains. A nous laisser porter au gré des mots qui nous venaient. Sans soucis. Sans arrière-pensée. Sereins. Heureux.

 

 

Au retour on a prolongé indéfiniment la magie dehors sur la terrasse dans la fraîcheur du soir… - Elle te comprend pas, tu sais, Morgane… la vérité… la vérité c’est que si elle est pas descendue c’est à cause de toi… Il sait pas ce qu’il veut… ou bien il en a rien à foutre de moi… De toute façon il m’agace…

 

 

La nuit était presque totalement tombée. Je suis resté silencieux quelques instants dans la pénombre et puis tout est sorti. Tout. En vrac. Tout. En flot ininterrompu. Et en sanglots réprimés à la fin. Elle a posé sa main sur la mienne, l’a laissée… - Ce qu’il faudrait c’est que tu le fasses avec une bonne copine une fois, comme ça, sans te poser de questions... On s’est tus. La nuit nous a complètement enveloppés…

 

 

-Viens !... - Et Sébastien ?… - Je suis pas sa propriété, Sébastien…Et il est pas obligé de savoir…Viens !… Elle n’a pas joui la première fois, la deuxième fois non plus, mais au matin oui… Longuement. Profondément. Avec abandon… - Tu vois que c’était pas si compliqué que ça finalement !... On s’est embrassés… - Mais c’était juste une parenthèse… On recommencera pas… Jamais…

 

 

Quand on a attaqué le sentier dans la matinée déjà haute elle m’a regardé, elle m’a souri…- En tout cas… en tout cas un truc qu’est sûr c’est que tu m’oublieras jamais… Toujours tu seras obligé de penser à moi… Et c’était vrai… La preuve…

 

Par François - Publié dans : Premières fois
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Dimanche 1 octobre 7 01 /10 /Oct 19:21

La première lettre d'Elodie aurait pu rester sans suite, mais elle a rapidement été suivie d'une seconde que voici:

 

 

 

L E T T R E  2

 

                                     

 

 

                                     

 

 

Cher inconnu,

 

 

                                                 

 

 

            C’est encore moi... Les sens satisfaits et l’esprit en paix comme toujours quand je reviens de là-bas¼ Avec Jérôme et Sébastien j’ai appris à apprécier infiniment la sodomie au point de la préférer maintenant bien souvent à des rapports plus conventionnels¼ Qui mieux qu’eux - c’est leur pain quotidien - aurait pu m’y initier aussi bien ? Avec eux je m’abandonne en toute confiance et sans réserves. Pour mon plus grand plaisir¼ Parfois quand il peut - il est marié - Fred se joint à nous¼ J’avoue qu’avoir alors trois hommes pour moi toute seule - qu’ils s’occupent de moi ou que je les regarde avec ferveur s’occuper les uns des autres - me rend profondément heureuse¼ La béatitude !... Peut-être parce que j’ai besoin d’être rassurée? Parce que je ne l’ai pas été à l’âge où j’aurais dû l’être? Si je me retourne vers mon enfance et mon adolescence qu’est-ce que je vois ?... D’abord une enfant docile¼ si docile¼ trop docile¼ - On en fait ce qu’on veut... disait ma mère de moi à qui voulait l’entendre... Et c’était vrai... Pas de cris, pas de menaces, pas de punitions... Je me pliais avec une infinie bonne grâce à tout ce qu’on exigeait de moi... J’étais une petite fille modèle... On me citait en exemple: je donnais toujours entièrement satisfaction à mes parents... A mes instituteurs¼ A tout le monde¼J’en étais fière et profondément heureuse... Ma récompense, c’était ce fabuleux sentiment de paix intérieure qui m’habitait en permanence...

 

 

                                     

 

 

            Vers 12-13 ans des sensations, des impressions, des émotions étranges et inconnues, parfois inquiétantes, ont commencé à m’envahir¼ Est-ce que c’était normal?... Est-ce que j’avais le droit de les éprouver? Est-ce que j’étais normale?... Ils en auraient pensé quoi, mes parents?... J’avais le vague soupçon que l’image qu’ils avaient de moi en aurait été passablement écornée... Je redoutais plus que tout au monde de perdre leur amour et leur estime... Et du coup je me taisais... Je restais seule avec mes insolubles questions¼ Je m’en sentais infiniment coupable: je leur avais toujours tout dit... Mon silence me pesait comme une trahison et me confirmait intérieurement dans l’idée que mes bouleversements intérieurs étaient répréhensibles... On ne cache que ce qui a des raisons d’être caché... Je me sentais fausse, profondément malhonnête, et j’en souffrais infiniment...

 

 

                                   

 

 

            Et puis - je venais tout juste d’avoir 14 ans - il y a eu Nicolas - il était en seconde au lycée - Nicolas qui était amoureux de moi - qui le disait en tout cas - Nicolas que je trouvais beau comme un dieu, Nicolas qui me prenait dans ses bras après les cours dans le petit square près de la piscine, Nicolas que j’ai laissé me toucher les seins un mardi et mettre la main dans ma culotte le lendemain et recommencer souvent, Nicolas qui m’écrivait des lettres d’amour enflammées que je croyais parfaitement dissimulées au milieu de mes cours de l’année précédente... Elles ne l’étaient pas... Ma mère me les a brandies sous le nez un soir à mon retour du collège... - Qu’est-ce que c’est que ça, tu peux me dire?... Deux gifles...                 - Tiens !... Tu les auras pas volées, celles-là !... Les premières que j’aie jamais reçues¼ Deux gifles pleines, sonores, déterminées qui m’ont stupéfaite¼ - Ah, bravo!... Bravo!... Alors nous, on te fait confiance... On t’a toujours fait confiance et on a à peine le dos tourné que toi, tu en profites pour... Tu sais ce que tu es? Une hypocrite... Une sale petite hypocrite, sournoise et vicieuse... Non, mais ce ramassis d’horreurs qu’il y a là-dedans!... Tu n’as pas honte?... Tu te rends compte de la peine que tu nous fais au moins à ton père et à moi?... Lui, il me regardait sans rien dire, de son fauteuil, avec un air de douloureuse réprobation... Et moi, je pleurais¼ A chaudes larmes... Je sanglotais... Je souffrais... Tellement... De tout... Du mal que je leur faisais... De les avoir perdus... De ne plus être leur petite fille adorée... J’ai demandé pardon, j’ai supplié, j’ai promis de ne plus revoir Nicolas, de redevenir celle que j’étais avant... comme avant... pour toujours...

 

 

           

 

 

            Et je suis redevenue docile... Comme avant... Plus qu’avant... Je faisais  tout ce qui était en mon pouvoir pour leur donner satisfaction, pour qu’ils soient fiers de moi, pour qu’ils m’aiment... Mais j’étais suspecte, définitivement et inexorablement suspecte... Ma mère saisissait la moindre occasion pour me le faire sentir... Il y avait les apparences, oui, ce que je voulais bien montrer, mais là-dessous?... Qu’est-ce que je cachais encore?¼ Qu’est-ce que je dissimulais sournoisement?... Je les avais déjà trompés une fois... Comment auraient-ils pu être sûrs que je ne recommencerais pas?... Et elle exerçait sur moi une surveillance de tous les instants... Elle venait me chercher impromptu à la sortie du collège... Elle épluchait mon courrier, interrogeait à l’occasion mes camarades de classe... J’étais soumise à des contrôles réguliers que j’acceptais sans murmurer pour prouver ma bonne foi et ma bonne volonté¼ Elle surgissait dans ma chambre et exigeait que je vide mes tiroirs devant elle, explorait mes classeurs, mes dossiers, fouillait sous mon linge ou dans ma boîte à secrets... Je ressentais ces fréquentes vérifications comme profondément humiliantes, mais je les estimais, tout au fond de moi-même, parfaitement justifiées: si je n’avais pas trahi aussi délibérément leur confiance...

 

 

                                     

 

 

            Elles étaient d’autant plus justifiées d’ailleurs que je continuais - j’en avais la preuve tous les jours - à la trahir tant et plus: j’avais découvert, un peu par hasard, quel plaisir savoureux on pouvait s’offrir avec ses doigts... J’en usais et j’en abusais... De plus en plus... Je passais le plus clair de mon temps à attendre impatiemment ce moment où, enfin seule dans mon lit, je pourrais me toucher           - j’adorais ce mot - tout mon saoul... L’envie de me le faire me réveillait plusieurs fois par nuit et je m’épuisais de plaisir... Je vivais dans la hantise de voir mon secret découvert, malgré les précautions infinies dont je m’entourais, et dans la culpabilité: oui, leur fille était une dépravée et une vicieuse... Et elle était fausse en plus... Fausse et hypocrite: ils avaient bien raison... Elle continuait de leur tendre obstinément d’elle-même une image qui n’avait rien à voir avec ce qu’elle était vraiment... Ce qu’ils auraient tellement voulu qu’elle soit... Ce qu’elle aurait tellement voulu être... Elle faisait semblant... Elle n’arrêtait pas de faire semblant... De plus en plus semblant... Parce qu’elle ne voulait pas les perdre... Pour leur laisser croire qu’elle était toujours celle d’avant, pour le rester à leurs yeux, elle était prête à tout... A tout accepter...

 

 

             

 

 

            Et j’abandonnais à ma mère un droit de regard absolu sur ma vie... Je la laissais y pénétrer quand elle voulait... Comme elle voulait... Vous voyez bien que je n’ai rien à cacher... Tout est là devant vous clair... limpide... transparent... Elle s’emparait de moi, de mon existence... Elle l’habitait... Elle la quadrillait... Elle s’y installait... Elle l’occupait... Puisque je tenais tant à être celle qu’ils voulaient que je sois qui, mieux qu’elle, aurait pu savoir ce que je devais être?¼ Et elle disposait de moi, de mes goûts, de mes choix, de mes tenues vestimentaires... Sans que j’élève jamais la moindre protestation... Elle pensait juste... Elle savait juste... Elle décidait... Je laissais faire... J’étais celle qu’elle voulait... Elle haussait parfois les épaules avec un soupir, les yeux au ciel: - Cette pauvre Elodie... Heureusement qu’on est là! Elle sera toujours incapable de la moindre initiative... Incapable de gérer sa vie... Je m’y essayais parfois timidement... Elle prenait un air stupéfait: - Mais ça va pas? Qu’est-ce qui te prend?¼ T’es pas bien?... Ou bien au contraire elle me laissait faire, me regardait avec délectation m’enferrer, m’enliser, maladroite et vaine... J’allais bien finir par venir implorer son secours... Elle reprenait alors les choses en mains sans un mot... Elle triomphait...

 

 

 

 

 

             Pourquoi je vous raconte tout ça, moi ? Vous êtes psychanalyste ? Sans doute est-ce que j’ai besoin de me débarrasser une bonne fois pour toutes de tout ça, de m’en libérer¼ C’est pourquoi je tiens tant à vous laisser dans l’ombre au moins pour l’instant : à cette condition seulement je pourrai me laisser vraiment aller et descendre en moi aussi loin que possible¼

 

 

           

 

 

            Je vous embrasse

 

 

           

 

 

            E L O D I E

 

 

 

Par François - Publié dans : petites annonces
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Vendredi 29 septembre 5 29 /09 /Sep 20:50

L A     P E T I T E     V O L E U S E

 

 

 

C’était en CM1… Ce matin-là la maîtresse avait apporté un couple de rats et toute la classe était rassemblée, absorbée, autour de la cage posée sur une table du premier rang… Elle questionnait, expliquait, commentait… Son sac était posé ouvert sur le bureau… D’une petite poche latérale intérieure dépassait le coin d’un gros billet… Personne ne me prêtait la moindre attention… Une impulsion soudaine… incontrôlable… Je l’ai subtilisé, enfoui dans ma poche et j’ai progressivement - insensiblement - dérivé le plus loin possible du bureau…

 

 

L’après-midi elle nous a fait asseoir et nous a d’abord tenus longtemps sous son regard… Sévère… Fermée… - Bon… Il y a un voleur - ou une voleuse - parmi vous… Il - ou elle - sait de quoi je veux parler… Alors j’attends qu’il se dénonce… Le silence… Personne n’a bronché… Mais il y en a deux - un garçon et une fille - qui se sont troublés, ont rougi… - Très bien… Je sais ce qu’il me reste à faire… Et ce sont eux, qui ont été convoqués, à quatre heures, chez le directeur… D’autres aussi ont été soupçonnés, les jours suivants, parce qu’ils avaient fait abondante provision de bonbons chez le père Chanut… Pas moi : le billet je l’avais soigneusement dissimulé sous une latte du plancher de ma chambre… Je ne l’ai dépensé que beaucoup plus tard…

 

 

J’éprouvais un formidable sentiment - exaltant - de puissance… C’était devant trente paires d’yeux que j’avais opéré et personne ne s’était rendu compte de rien… A aucun moment on n’avait seulement imaginé que ce pouvait être moi… Je jubilais… J’avais berné mon monde… Je recommencerais… Quand je voudrais…

 

 

Je n’ai pas cherché l’occasion… J’ai attendu qu’elle se présente… Deux ans… C’était un dimanche matin… A la boulangerie… Il y avait du monde… Je faisais la queue… Une femme en manteau de fourrure avait posé son porte-monnaie sur la vitrine réfrigérée des pâtisseries qu’elle s’est mise à longer, tout du long, pour faire son choix… D’un revers de manche je l’ai fait tomber dans mon cabas… Les gens continuaient à entrer, à sortir… Mon tour… - Deux pains, s’il vous plaît… Un hurlement derrière… - Oh, c’est pas vrai !… Mon porte-monnaie !… Quelqu’un a suggéré… - C’est le jeune chevelu de tout à l’heure… A tous les coups… Elle s’est précipitée sur le trottoir à sa recherche… La boulangère a haussé les épaules… - On laisse pas traîner ses affaires comme ça non plus !

 

 

J’avais réussi… J’avais encore réussi… Et encore une fois on n’y avait vu que du feu… Je suis rentrée… J’avais des ailes… Je suis aussitôt montée m’enfermer dans ma chambre pour examiner tout à loisir mon butin… 437,45 francs… 3 cartes publicitaires… Un minuscule carnet de vaccinations… Deux photos d’identité de petites filles… Une note de courses… Un billet soigneusement plié en quatre rédigé dans une langue inconnue… J’ai éprouvé alors à pénétrer ainsi, par effraction, dans cette existence étrangère d’adulte un plaisir profond, fabuleux, intense, jubilatoire qui ne pouvait se comparer à aucun de ceux que j’avais jusque là éprouvés… Elle ne pouvait rien contre moi… Elle ne savait même pas qui j’étais… Mais moi c’était elle que je m’étais d’une certaine façon appropriée…

 

 

J’étais sans cesse sur le qui-vive… Je ne cherchais jamais à forcer le destin… Non… J’attendais qu’il me fasse signe… Il prenait tout son temps… Moi aussi… J’étais en troisième quand il a bien voulu consentir à se montrer encore une fois généreux… Mes parents avaient tenu à ce que je les accompagne, à mon corps défendant, à la kermesse du curé… Je m’ennuyais ferme… Je venais de les supplier, pour la dixième fois, de rentrer quand… - Un médecin !… Vite !… Un médecin !… Il y a pas un médecin ?… Le bon curé venait de s’effondrer sans connaissance au beau milieu de la fête… Tout le monde s’est précipité… J’étais à proximité immédiate de la buvette… En un clin d’œil elle s’est trouvée désertée… Il ne m’a fallu que quelques secondes pour passer derrière le comptoir, plonger la main dans la caisse et y subtiliser une énorme liasse de billets… Et je suis allée m’apitoyer, avec les autres, sur le sort du pauvre curé…

 

 

Mes parents étaient scandalisés… - Si c’est pas malheureux !… Profiter d’une circonstance pareille !… Je faisais chorus avec eux… Mais, dans le secret de ma chambre, je comptais et recomptais les billets… La somme était considérable : pas loin de 10 000 francs… J’ai cru bon, pour soulager ma conscience, d’aller à l’église glisser pieusement une piécette dans le tronc de Saint-Antoine…

 

 

Six cents personnes et aucune n’avait rien vu !… Je me sentais invulnérable… C’est en toute impunité que je pouvais… que je pourrais toujours agir… Il  fallait bien qu’un jour pourtant quelqu’un finisse par s’apercevoir de quelque chose… Ce fut au lycée, en première, et ce fut Rita… Un camarade de classe arborait fièrement, depuis la rentrée, une calculette de prix - un véritable petit ordinateur - dont il ne cessait de nous vanter les performances… J’ai décidé de m’en emparer… Avant d’entrer à la cantine on entassait toujours, pour ne pas en être encombrés, sacs et cartables dans le petit hall d’entrée devant la loge de la concierge… Ils y restaient généralement jusqu’à la reprise des cours… C’est là que j’ai tranquillement opéré…

 

 

Rita m’a rattrapée le soir sur le trottoir… - Je t’ai vue tout à l’heure… Mais je dirai rien… De toute façon c’est un con Duteil !… On a marché un long moment silencieusement côte à côte… - Tu me la prêteras ?… - Quand tu voudras…

 

 

Et ce fut le début d’une stimulante collaboration secrète… Au lycée officiellement on ne se fréquentait pas… On ne se voyait pas… On se battait même plutôt froid… Mais, en réalité, on s’entendait comme larrons en foire… C’était toujours moi qui agissais… Son rôle à elle consistait à rester le plus possible dans l’ombre, à monopoliser le cas échéant l’attention ou à la détourner si cela s’avérait nécessaire… Et, le soir, chez elle ou chez moi, on se partageait très équitablement le butin…

 

 

Un faisceau de sérieuses présomptions commençait à peser sur moi… On ne m’accusait pas ouvertement, mais on me le faisait comprendre, on me le faisait sentir… Le jeu n’en devenait que plus intéressant… On n’avait pas de preuves… On n’en aurait jamais… A moi de me montrer la plus maligne… A moi de me montrer la plus forte… J’étais sûre que je l’étais… J’étais sûre que je continuerais à l’être… Toujours…

 

 

Dès la rentrée suivante - en Terminale - dès le troisième jour, j’ai été convoquée dans son bureau par le proviseur… Des vols avaient été commis à l’Internat… Je n’y étais rigoureusement pour rien… ce qu’il m’a été facile de prouver : j’avais un alibi en or… Le pauvre homme était terriblement désappointé : il s’était manifestement fait une fête de me mettre enfin la main au collet… Il ne s’est pourtant pas avoué vaincu… - Oui…Ce n’est pas toi… CETTE FOIS-CI… J’ai soutenu son regard… - Je n’ai jamais rien volé à personne… Il s’est levé, m’a raccompagnée à la porte… - Je te coincerai… Je te jure que je te coincerai…

 

 

  Il voulait jouer ?… On allait jouer… Je me savais désormais sous haute surveillance… Jusqu’à Noël je n’ai pas bougé… Pas le moindre petit larcin à mettre à mon actif… Et puis, à la rentrée de Janvier, j’ai pris des risques, mais j’ai frappé un grand coup : j’ai mis à profit la joyeuse pagaille provoquée par un exercice incendie - avec sirène, pompiers et courses folles dans les escaliers - pour me faufiler jusqu’aux dortoirs - où je n’avais strictement rien à faire - et pour « dévaliser » la chambre de la surveillante d’Internat… Le proviseur ne s’est pas donné le ridicule de m’accuser une nouvelle fois, sans la moindre preuve, de ce forfait, mais quand je l’ai croisé dans la cour, le lendemain, son regard parlait pour lui…

 

 

Mai… Je sortais de la cantine quand Madame Dumay - la prof de Maths - m’a interpellée… - S’il te plaît… s’il te plaît… Tu veux pas aller me porter ça dans mon casier ?… La salle des profs était déserte… Bien en évidence sur une table un sac béant… Sur le dessus un gros billet… 500 francs… Ca sentait le coup fourré à plein nez ce truc… La fenêtre était ouverte… Rita n’était jamais très loin… Je lui ai fait signe… Elle s’est approchée… Un jeu d’enfant… Elle l’a fourré dans sa poche, s’est rapidement éloignée…

 

 

Le proviseur était derrière la porte… Il a jeté un rapide coup d’œil au sac, par-dessus mon épaule, quand je l’ai ouverte… - Viens avec moi !… Dans son bureau… - Alors cette fois, ma petite, tu diras pas le contraire !… Il est où le billet ?… - Le billet ?… Quel billet ?… J’ai pas vu de billet… Il a soupiré, levé les yeux au ciel… - Tu ferais mieux d’avouer!… Parce que je n’ai pas l’intention de te faire de cadeau… Et les gendarmes, eux, ils sauront te faire parler… - J’ai pas peur des gendarmes… J’ai rien volé… - Et menteuse en plus !… - Fouillez-moi si vous me croyez pas !… - J’ai pas le droit… - J’en ai marre, moi, à force, qu’on m’accuse comme ça sans arrêt alors que j’ai rien fait… - Tu joues très bien la comédie… - Je joue rien du tout… Vous allez bien être obligé de le voir que je joue rien du tout puisque c’est comme ça… Et j’ai retiré ma robe… Je l’ai passée par-dessus la tête… Il a eu un geste pour m’arrêter, l’a suspendu…  Et le soutien-gorge… Et la culotte…Coup sur coup… - Là… Vous êtes content ?… Où je cache quelque chose ?… Où ?… Dans mes godasses ?… Je les ai quittées aussi… - Alors ?… - Rhabille-toi !… Rhabille-toi !… Je l’ai fait en oubliant délibérément la culotte par terre au pied de son bureau…Il ne l’a pas vue… Ou il a fait semblant…

 

 

Rita a éclaté de rire… - Il va peut-être te la rapporter demain en classe ?!… Et on a bu le billet, le soir même, à sa santé… 

Par François - Publié dans : regards.croises
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Jeudi 28 septembre 4 28 /09 /Sep 11:21

Une petite annonce passée dans une revue:      

 

 

                                     

 

 

                                                 

 

 

            “ Qui voudrait me raconter sa vie amoureuse et sexuelle jusque dans les détails les plus intimes?... J’assure la réciproque... Longue relation épistolaire débridée souhaitée... Je suis cérébral, direct et sans tabous... Langage osé et mots crus pourquoi pas?¼ Pas de rencontre envisagée... “

 

 

 

 

 

Et une première réponse :                                 

 

 

           

 

 

                                                       Cher 192AB5823, bonjour !

 

 

                                     

 

 

                                     

 

 

            Pourquoi pas en effet?... Voilà une correspondance qui aurait au moins le mérite de  mettre un peu de piment dans ma vie... Elle en manque pour le moment singulièrement... Et même... Qui pourrait être extrêmement excitante... A condition bien sûr de jouer le jeu à fond et de ne rien laisser dans l’ombre... Me mettre radicalement à nu devant un parfait étranger, sans rien garder de moi pour moi, est une perspective qui me trouble infiniment... Je ne suis toutefois pas absolument certaine d’en être encore tout à fait capable... A moins que, dans un premier temps, vous acceptiez de rester résolument inconnu... Que je ne sache pas qui vous êtes et    - surtout - que vous ne sachiez pas qui je suis... Aucune adresse où me répondre... C’est le seul moyen pour moi de me sentir parfaitement libre et d’être absolument sincère... Parce qu’il y a des choses qui ne seront vraiment pas évidentes à avouer pour moi, vous savez!... Au début je serai donc seule à vous écrire... Souvent... C’est promis... A la fois pleinement transparente - rien de moi ne vous sera caché - et totalement mystérieuse... Et le jour - qui viendra... qui viendra forcément - où je lèverai enfin le voile ce sera comme si je me livrais d’un seul coup toute entière à vous...

 

 

 

 

 

            Bon!... Eh bien maintenant il n’y a plus qu’à commencer... Ma vie affective? Le calme plat... Depuis longtemps... Depuis mon divorce il y a 11ans - j’en ai 41 - rien!...Ou pratiquement rien... Il faut dire que les conditions ne sont pas très favorables: j’habite sur le même palier que mes parents... Pour un éventuel compagnon c’est d’autant plus dissuasif qu’ils sont très présents et que ça saute immédiatement aux yeux... Déménager?¼ Oui... Bien sûr... J’y ai pensé... J’ai même essayé... Ce n’est pas si simple... Une fois que les habitudes sont prises !... De toute façon le problème n’est pas forcément uniquement là... Quand je vois comment finissent les couples autour de moi, ce qu’endurent mes collègues de travail qui s’acharnent dans des relations manifestement sans issue je me dis que c’est sans doute une chance d’être toute seule, qu’on s’évite ainsi bien des difficultés et qu’au moins on n’a de comptes à rendre à personne...

 

 

           

 

 

            Sexuellement en tout cas être seule rend les choses beaucoup plus simples... Tu fais ce que tu as envie quand tu as envie comme tu as envie... J’ai toujours eu de gros besoins dans ce domaine... Je les assouvis soit toute seule - on maîtrise alors entièrement la situation à son rythme, avec ses fantasmes et les partenaires de son choix - soit au cours de rencontres de hasard... Pas de relations avec les hommes qui gravitent dans mon entourage immédiat : ce serait des complications à n’en plus finir¼ Il y a toutefois une exception: Jérôme et Sébastien¼ Ils vivent en couple, ce qui ne les empêche nullement d’apprécier aussi les femmes¼ Ils sont très câlins, très attentionnés, et je me sens particulièrement à l’aise avec eux¼ Nous nous connaissons bien et sommes très complices, ce qui nous permet de nous livrer ensemble à toutes sortes de « jeux » plus ou moins avouables dans la plus totale liberté¼ Je vous raconterai¼ la prochaine fois¼ Je dois justement aller les retrouver¼                                   

 

 

                                     

 

 

                   A très bientôt¼ Amicalement¼     E L O D I E  

Il ne reste plus qu'à guetter le facteur et à espérer que cette première lettre sera suivie d'autres...

Bonne journée à tous...  

 

 

 

Par François - Publié dans : petites annonces
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Mardi 26 septembre 2 26 /09 /Sep 21:52

Une première fois, celle de Melinda...

 

P R E M I E R E     F O I S

 

 

 

 

 

 

 

 

Ma première fois… Ma première fois je n’ai même pas su avec qui c’était…  C’était… c’était il y aura bientôt trente ans… J’avais 18 ans – presque 19 – et je passais mes premières vraies vacances chez Françoise, une camarade de classe, dans une superbe villa, près d’Antibes. Ses parents nous l’avaient abandonnée quelques jours pour filer en amoureux à Florence. - On vous fait confiance, hein, les filles ! Vous êtes suffisamment adultes et responsables…

 

 

 

Il faisait un temps magnifique et nous passions des journées de rêve… Plage… Sable… Mer… Baignade… A longueur de temps… Bien sûr on nous tournait autour… Deux filles seules. Jeunes. Jolies – du moins à l’époque – nous avions notre petit succès. Et bientôt nos habitués :Pascal et Hervé, deux beaux bruns au torse bronzé, à l’œil charmeur, à l’accent chantant, qui venaient nous faire la conversation tous les après-midi sur la plage des heures durant. Qui ont fini par nous inviter - On fait un barbecue ce soir… vous venez?… Mais si, venez !... ce sera sympa… Allez !… A sept heures on passe vous chercher…

 

 

 

Françoise était furieuse - Et toi, t’acceptes ça comme ça !... Mais on les connaît à peine ces types… - Tu parles ! Ça fait huit jours qu’on voit qu’eux…      - Non, mais tu te rends pas compte ! Et si jamais… - Si jamais quoi ? T’as peur de tout, toi, n’importe comment… - Et s’ils te tombent à cinq dessus tu vas faire quoi ? T’auras l’air maligne… Ah non, non, moi j’y vais pas !... Pas question…    - Eh ben reste là ! Regarde la télé…

 

 

 

Pour rien au monde je ne l’aurais avoué, mais plus l’heure approchait et plus mon imagination s’affolait… Et si elle avait raison ? Si c’était un traquenard ? Si un fois là-bas… Si… Et si… Et si… Pas question de reculer pourtant : j’étais beaucoup trop orgueilleuse et, à sept heures tapantes, je suis montée avec eux en voiture, un gigantesque cabriolet rouge tape à l’œil… - Elle vient pas ta copine ?…  - Non... Elle est malade…

 

 

 

C’était assez loin dans l’arrière-pays, sur les hauteurs : une immense maison toute en baies vitrées avec une vraie piscine et des massifs de fleurs partout. Trois garçons et une fille paressaient dans des transats. On a très vite sympathisé. On a mangé sur la pelouse. On a beaucoup ri. On a un peu bu… Quelle idiote !... Non, mais quelle idiote l’autre ! Elle savait pas ce qu’elle perdait…

 

 

 

On a chanté. On a plaisanté. On a encore bu… Au loin il s’est mis à tonner sourdement. L’atmosphère est devenue moite, poisseuse, ma robe collante. Les verres se remplissaient, se vidaient en grands éclats de rire. Je n’avais pas l’habitude, je commençais à me sentir un peu ivre. Ils ont mis de la musique. On a parlé. On a continué à boire. La tête me tournait, me tournait de plus en plus…

 

 

 

- Il est minuit!... Il est minuit!... Ils ont arraché leurs vêtements tous ensemble tous les cinq tous tout nus et ils se sont précipités dans la piscine. Dans la lumière crue des projecteurs extérieurs ils se poursuivaient, plongeaient, sautaient, s’éclaboussaient. Comme ils étaient bien dans leur peau, dans leurs corps d’hommes ! Comme tout avait l’air simple, naturel, harmonieux pour eux… - A poil, les filles !… - Oui, allez, avec nous, les filles !… Dans l’herbe, à côté, Ariane s’est levée… - Tu viens ? De toute façon on va y passer… Ils vont nous foutre à l’eau… Alors si tu veux garder quelque chose de sec… Et elle a retiré sa robe… Moi aussi. En rigolant tant que je pouvais. J’étais saoûle et complètement désinhibée. Jamais en temps ordinaire je n’aurais consenti à faire une chose pareille : j’étais beaucoup trop pudique, à la limite du ridicule, mais là tout était devenu brusquement facile, différent, fluide et j’ai tranquillement rejoint les garçons dans l’eau. J’ai nagé avec eux, j’ai couru avec eux, j’ai lutté avec eux. Mouillés, mon soutien-gorge et ma culotte me collaient à la peau et révélaient par transparence tout ce qu’ils étaient supposé cacher. Je m’en fichais. Royalement. Je me sentais bien. Tellement bien… Jamais jusque là…

 

 

 

Brusquement il y a eu un violent coup de tonnerre tout près et la lumière s’est éteinte. Va-et-vient, rires, bousculades. Tout – les maisons autour, la ville au loin – était plongé dans l’obscurité la plus complète. Quelqu’un a allumé un briquet, puis une lampe de camping. On m’a tendu une serviette. A tâtons j’ai fini par retrouver ma robe dans l’herbe, j’ai abandonné mes sous-vêtements trempés, je me suis séchée, rhabillée…

 

 

 

Quand je suis revenue ils s’étaient tous réfugiés à l’intérieur, éparpillés sur les sièges, les fauteuils, les coussins. L’ambiance était tombée d’un coup…            - Quelqu’un peut me ramener ? Pas de réponse. - Hein ? Quelqu’un peut me ramener ? - Pas moi…J’ai trop sommeil… - Moi non plus… Ariane m’a appelée, fait une petite place sur le canapé auprès d’elle… - Demain il fera jour…Ils ont trop bu n’importe comment…

 

 

 

Ce qui m’a réveillée ce sont deux lèvres qui couraient sur le dessus de mon pied, qui le piquetaient de petits baisers. On était dans le noir. Ariane avait disparu. J’étais allongée de tout mon long sur le canapé, cernée par les ronflements. Et ces lèvres qui me picoraient, patientes, insistantes...Qui entreprenaient une lente, très lente ascension. La cheville. Le mollet. Avec des remords. Des retours en arrière. A qui elles pouvaient bien être ces lèvres ? Si douces. Si savantes. Qui ne laissaient pas un centimètre carré de peau inexploré. Si agréables en tout cas que j’aurais été bien en peine de les arrêter. De plus en plus agréables… Le genou… Longtemps. La cuisse sous la robe. Elles se sont rapprochées du pli de l’aine, sont remontées sur le ventre, l’ont escaladé avec une infinie lenteur jusqu’aux seins dont elles ont fait dresser les pointes l’une après l’autre… Elles ont rebroussé chemin, elles ont pris tout leur temps pour me parcourir, dans l’autre sens, et puis elles sont venues m’ouvrir en bas, m’apprendre, me fouiller… C’est sous elles que j’ai joui une première fois avec émerveillement et puis, plus tard, avec plénitude et reconnaissance quand son sexe d’homme a palpité en moi…Un long baiser et il s’est retiré, fondu dans l’obscurité…

 

 

 

C’était qui ?… Lequel des cinq ?… Un peu tous les cinq finalement…

 

Par François - Publié dans : Premières fois
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