petites annonces

Mardi 24 octobre 2 24 /10 /Oct 22:33

Et toujours des lettres d'Elodie...

Cher ami,

 

 

                                     

 

 

            13 Juillet !... Les vacances¼ Et les Vacances c’est - forcément ! - l’arrière-pays niçois¼ Avec papa-maman¼ j’ai toujours passé mes vacances ici avec eux¼ Même pendant la - très courte - période de mon mariage¼ Pourquoi voudriez-vous que ça change ?... J’ai bien essayé de secouer une fois ou l’autre les habitudes pour partir seule où je voulais, comme je voulais¼ J’ai définitivement renoncé¼ C’était une interminable bataille pied à pied, épuisante et vaine¼ Dès le début je savais que je finirais au bout du compte par capituler et me rendre à leurs arguments¼ Et ce n’est pas vraiment le meilleur état d’esprit pour obtenir ce qu’on veut¼ C’est comme ça¼ Et ce sera sans doute toujours comme ça¼ Je me suis fait une raison¼ Même si c’est à contre-cœur et si l’image que ça me renvoie de moi-même¼

 

 

                                     

 

 

            Donc¼ Me voici là pour un bon mois¼ Il fait beau¼ Le paysage est magnifique¼ Et ça va pas me coûter un centime¼ Je vais lire, me promener, me reposer¼ Qu’est-ce que je pourrais vouloir de plus ?... Rien ... Tout¼ Evidemment depuis le temps que je viens ici j’y ai une foule de souvenirs¼ Je n’arrête pas de tomber dessus¼  Pour le meilleur comme pour le pire¼ Hier matin dans le bourg j’ai croisé Antoine¼ On a échangé quelques banalités avant de poursuivre notre chemin chacun de notre côté¼ Antoine c’est le garçon qui a eu mon pucelage¼ J’avais décidé de le perdre coûte que coûte cet été-l༠Pour être comme les autres¼ Pour savoir enfin ce qu’on ressentait¼ Parce que je me trouvais idiote d’être encore vierge à 18 ans¼ C’aurait pu être n’importe qui¼ Ce fut Antoine¼ Et un fiasco total¼ Il m’avait draguée à la piscine¼ Il ne me déplaisait pas¼ Il ne me plaisait pas non plus¼ Alors pourquoi pas lui ?... On est allés au cinéma le soir même¼ On s’est embrassés¼ Il m’a pelotée¼ A la sortie il m’a entraînée dans une impasse déserte et prise maladroitement contre un mur¼ J’ai eu mal¼ J’avais hâte que ça finisse parce que les aspérités du mur me râpaient les fesses et le dos¼ Il s’est reculotté¼ - Bon, ben salut. !... On se revoit ?... C’était tout ? C’était que ça ?... On ne s’est pas revus¼ On en avait envie ni l’un ni l’autre¼

 

 

                                     

 

 

            Pendant que je vous écris, à ma petite table devant la fenêtre, mon père arrose abondamment le jardin comme tous les soirs à la même heure¼ Savez-vous que la simple vue d’un tuyau d’arrosage me met dans un état de profond malaise et ravive des souvenirs qui me sont parfaitement insupportables ?¼ Vous raconter ça aussi ?¼ Oh, au point où j’en suis !¼ Alors c’était l’année suivante¼ non¼ celle d’après¼ J’avais 20 ans¼ Et je sortais¼ Curieusement ma mère n’avait pas cherché à m’en dissuader : elle se contentait d’afficher ouvertement sa réprobation¼ Sans doute escomptait-elle - elle me connaissait si bien ! - qu’en me gâchant ainsi systématiquement mon plaisir elle m’amènerait à renoncer de moi-même¼ Et il s’en était bien souvent fallu de fort peu¼ Mais enfin je sortais !¼ Et j’avais fait la connaissance d’une bande de jeunes parisiens qui m’avaient immédiatement acceptée¼ C’était si inhabituel pour moi que je ne cessais de m’en émerveiller¼ Je faisais la fête avec eux¼ Je m’étourdissais¼ Je découvrais à la vie une saveur qu’elle n’avait jamais eue jusque là pour moi ¼

 

 

 

 

 

            Je n’avais - et pour cause - pas la moindre habitude de l’alcool¼ Et ce soir-là, avec eux, il avait coulé à flots¼ Ivre de bien-être, j’avais bu encore et encore sans me rendre compte que je dépassais très largement des limites dont j’ignorais totalement où elles se situaient¼ Et j’ai rapidement perdu tout contact avec la réalité¼.

 

 

 

 

 

            J’ai vaguement en conscience qu’on me portait, que j’étais en voiture, qu’il faisait jour - même les paupières fermées la lumière me brûlait les yeux -, que je croupissais dans mes vomissures¼ On m’a encore portée et une voix familière m’a brusquement vrillé les oreilles¼ - Ah, ben c’est du propre !¼ Ma mère !¼ Qu’est-ce qu’elle faisait là ma mère ?¼ Ma mère qui a ordonné d’un ton ferme : - Laissez-la dehors !¼ La rentrez pas !¼ Elle va m’en mettre partout¼ J’ai voulu mobiliser toutes mes forces, toute mon énergie pour reprendre pied dans le réel¼ En vain¼ Comme au travers d’un brouillard j’ai senti qu’elle me déshabillait, qu’elle me dépouillait, avec autorité et détermination, de mes vêtements poisseux et nauséabonds¼ Elle m’a tout enlevé¼ Dormir maintenant !¼ Dormir¼ Qu’on me laisse dormir¼ J’ai entendu l’eau crépiter à la sortie du tuyau d’arrosage¼ Mais il va pas arroser maintenant ?¼ En plein soleil !¼ Il est fou¼

 

 

           

 

 

            Ca m’a saisie de plein fouet¼ En pleine figure¼ A pleine puissance¼ A bout portant¼ Je me suis redressée, retournée¼ Et j’ai fui pour échapper au jet glacé¼ A toute allure¼ Le plus vite possible¼ A quatre pattes¼ Vite¼ Vite¼ Vite¼ Il m’a suivie¼ Il m’a pourchassée¼ Il m’a ciblée¼ De tout près¼ Encore plus vite¼ Je suis passée devant eux¼ devant la bande de copains¼ Ils étaient restés¼ Ils étaient l༠Ils regardaient¼ Et ils riaient¼ De si bon cœur¼ Il m’a acculée contre le mur de l’appentis¼ Je me suis roulée en boule, pelotonnée¼ Ca a fini par s’arrêter¼ Et je suis restée l༠Sans bouger¼ C’est ma mère qui est venue me chercher, qui m’a emmenée en me tenant fermement par le bras¼ Et j’ai dû repasser devant eux¼

 

 

 

 

 

            Une fois encore vous m’avez imposé une rude épreuve¼ Ca devient une habitude chez vous, dites-moi !¼ Vous m’avez épuisée¼ Je vais dormir¼

 

 

           

 

 

            A bientôt¼

 

 

           

 

 

            Je vous embrasse¼

 

 

           

 

 

            E L O D I E

 

 

 

 

 

 

Par François - Publié dans : petites annonces
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Dimanche 15 octobre 7 15 /10 /Oct 05:49

Et pendant ce temps-là Elodie continue imperturbablement à envoyer lettre sur lettre...

Cher ami,

 

                                     

 

            Plus je me confie à vous et plus la vie que je mène, là, à côté d’eux, m’est insupportable¼ A côté d’eux ?... Carrément avec, oui !... Je mange avec eux, je regarde la télé avec eux, j’écoute toujours leurs mêmes petites histoires¼ Je ne rentre chez moi, juste en face, que pour dormir¼ Je n’ai aucune intimité¼ Elle dispose toujours d’une panoplie d’excellents prétextes pour surgir à tout moment comme en terrain conquis sans prévenir ni sonner¼ Je suis constamment sous la menace¼ C’est eux qui m’ont payé mon appartement, je sais !... Ils me le répètent assez¼ Mais comment voulez-vous que je puisse y recevoir qui que ce soit en toute sérénité ? Pour être tranquille je n’ai pas d’autre solution que de déserter mon chez-moi où je ne me suis d’ailleurs jamais sentie vraiment chez moi¼ C’est quand même un comble ! Et ça me vaut d’ailleurs des réflexions à n’en plus finir¼ - Où est-ce que t’as besoin d’aller courir sans arrêt comme ça, on se demande !... Tu n’es pas bien ici ? Tu n’as pas tout ce qu’il te faut ?...

 

                                     

 

            Non¼ Et j’en suis loin¼ Quand je rencontre quelqu’un - je veux dire : quand ça pourrait être sérieux - je sais déjà, dès le départ, que je ne pourrai pas le ramener chez moi... J’ai essayé: une fois !¼ Je me suis bien juré de ne jamais recommencer¼ Une horreur ! Elle se l’est approprié¼ Elle s’est débrouillée pour ne jamais nous laisser seuls en tête à tête¼ Elle l’a abreuvé de « conseils »  sur la façon dont il fallait s’y prendre avec moi¼ J’avais honte¼ Et lui, évidemment, il a pris la fuite¼ Délicatement¼ Avec diplomatie¼ Mais il a pris la fuite¼ J’aurais fait la même chose à sa place¼ Non¼ Si je ne veux pas finir ma vie toute seule je n’ai pas trente-six solutions: partir, dégager, foutre le camp¼ Et vite¼ Pendant qu’il est encore temps¼ Je dis ça, mais¼ je ne le ferai pas¼ Je l’aurais déjà fait¼ Je ne le ferai pas parce que je sais trop bien quel cataclysme je ne manquerais pas de déclencher¼ Et je n’en ai ni la force ni le courage¼ Je ne le ferai pas parce que je sais pertinemment que je n’irais pas au bout, que je finirais forcément par capituler¼ J’y gagnerais quoi ?... Une défaîte supplémentaire¼ Merci bien¼ Je ne me voile pas la face: elle a réussi à étendre sur moi une emprise démesurée que je suis parfaitement incapable de secouer¼ Tenez !... Toute la nuit dernière, toute la journée, je n’ai pas cessé de ruminer tout ça¼ Et ce soir, au dîner, comme elle me reprochait encore une fois de laisser mon appartement dans un désordre indescriptible je lui ai répondu avec une certaine brusquerie¼ - Non, mais t’as vu comment tu me parles ?!... Le ton est monté et, pour finir, elle m’a menacée d’une paire de claques¼ A 41 ans !... On en est l༠Et je n’en sortirai jamais¼

 

                                     

 

            C’est pour ça que Jérôme et Sébastien ont tant d’importance pour moi¼ Elle est là ma fuite¼ Ou plutôt elle est là ma vie¼ La vraie¼ Ce que je partage avec eux est à moi, rien qu’à moi¼ C’est là que j’existe¼ Que je m’épanouis¼ Ce que nous faisons ensemble choquerait sans doute beaucoup de monde, mais quand je suis entre eux, qu’ils me prennent ensemble, chacun d’un côté, avec infiniment de sensualité et de tendresse, je me sens pleinement heureuse¼ Heureuse, oui, c’est le mot¼ Comme je suis heureuse quand ils occupent ma bouche, qu’ils s’en  « servent » - avec tant de fièvre ! - pour se donner leur plaisir¼ Je ne les « suce »  pas¼ Non¼ Je me referme sur eux¼ Je leur fais une chatte de mes lèvres, humide et soyeuse, dont ils s’emparent avec frénésie¼ Rien n’est impossible avec eux¼ Rien n’est plus impossible désormais pour moi¼ Vous savez quoi ? La sexualité a envahi ma vie¼ Parce que c’est le seul espace de liberté dont je puisse disposer ? Si vous saviez le temps que je passe à éplucher la revue, à me promener au milieu des annonces, à les renifler avec gourmandise avant - parfois - de me lancer quand - et seulement dans ce cas-là - ce qu’on propose parle à mon imaginaire, qu’il va pouvoir l’habiter de longues semaines durant¼ Par exemple, en Mars dernier, j’ai répondu à un toubib qui rêvait d’attouchements appuyés sur une patiente complaisante¼ J’ai accepté de jouer le jeu : je viendrais¼ je me mêlerais à ses autres malades dans la salle d’attente et, une fois dans son cabinet, je me « dénoncerais »  et me laisserais tripoter - c’est le mot qu’il employait - autant qu’il voudrait¼ Quand ? Je ne savais pas¼ Peut-être dans trois jours¼ Peut-être dans trois semaines¼ Peut-être dans trois mois¼ Il verrait bien¼ Mais il pouvait être sûr que je viendrais¼ Je lui en donnais ma parole¼ Et vous savez ce que j’ai fait ?¼ Je suis devenue VRAIMENT sa patiente tout en continuant à correspondre assidûment avec lui par l’intermédiaire de la revue afin de préserver mon anonymat¼ Je suis venue le consulter, une première fois, sous un prétexte quelconque, pour voir à quoi il ressemblait¼ C’était un bel homme... La soixantaine racée¼ De grands yeux sombres profonds¼ De longs doigts effilés¼ Vous imaginez dans quel état d’esprit j’ai pu lui écrire le soir !... Je suis revenue¼ Pour mes vaccins¼ Pour la pilule¼ Pour différents petits bobos¼ C’était une situation qui m’enchantait positivement et dont je me délectais¼ Moi, je savais, je connaissais son secret et lui ne savait pas que je savais¼ Il m’avait entrée dans son ordinateur¼ J’ai systématiquement saisi toutes les occasions qui se sont présentées pour venir le consulter¼ J’ai tenu à ce qu’il me voit régulièrement¼ Qu’il s’habitue à moi¼ Qu’il soit MON médecin pour que le jour où je déciderais enfin de « passer à l’attaque » la situation soit infiniment plus troublante encore¼ Pour lui comme pour moi¼

 

                                   

 

            Ca a été début Juin¼ Juste avant moi il a reçu une jeune visiteuse médicale aux longues jambes gainées de noir, à la poitrine avantageuse, au regard délibérément félin¼ Il l’a gardée longtemps¼ Beaucoup plus longtemps sans doute qu’il n’aurait fallu¼ Derrière elle c’était le moment¼ Forcément le moment¼ Il m’a serré la main, invitée à m’asseoir¼ - Alors ?!... Qu’est-ce qui vous amène aujourd’hui ?... - Heu¼ Eh bien voil༠Depuis lundi j’ai tout un tas de petits boutons en bas à l’intérieur des lèvres¼ Ca me démangeait ? Ca me brûlait ?... Non¼ Non¼ Pas vraiment¼ Une impression de fourmillement plutôt¼ - Bon !... Eh bien on va voir ça¼ Pendant que je me déshabillais il a détourné son attention, fait mine de préparer méticuleusement la table d’examen¼ Je m’y suis installée¼ Il s’est penché, m’a écartée avec ses doigts, le sourcil froncé, la lippe dubitative¼ - Je ne vois rien¼ Rien de vraiment significatif¼ - Oh, si, vous voyez !... Vous voyez même très bien¼ Il a relevé la tête, m’a jeté un regard stupéfait¼ - Parce que¼ me dites pas que vous en profitez pas pour vous rincer l’œil !... Bouche bée il me contemplait d’un air ahuri¼ - Alors vous voyez bien que vous voyez !... Il s’est repris très vite¼ - Oh vous savez, Madame, dans mon métier¼ s’il fallait que chaque fois que¼ - On dit ça¼ On dit ça¼ Et on se met en quête de patientes à tripoter dans des revues spécialisées !... Son visage s’est brusquement éclairé¼ - Ah, c’est vous !... C’est pas vrai que c’est vous !... Vous m’avez bien eu¼ Il a souri¼    - Mais¼ on n’a pas fini l’examen du coup !...Il est redescendu entre mes cuisses avec ses mains, avec ses doigts, en longues caresses précises et sûres¼ - Mais c’est qu’elle aime ça cette petite cochonne !... Alors comme ça on joue les malades pour avoir le plaisir de se faire tripatouiller par son toubib ?!... Mais vous savez que c’est pas bien du tout ?...  Tout en me touchant avec un infini savoir-faire il m’a débité des chapelets ininterrompus de mots orduriers en me fixant droit dans les yeux¼  J’ai joui très vite, posée dans son regard, d’un plaisir à la fois profond et aérien, savouré à longs soupirs gourmands¼ Alors il est venu tout près¼ à hauteur de mon visage¼ Il s’est sorti du pantalon, il a pris ma main et il l’a refermée dessus¼ Il a giclé presque aussitôt sur ma joue, sur mes lèvres, dans mon cou¼ Il m’a regardée me rhabiller de bout en bout¼ - Vous reviendrez ?... - Bien sûr !... Vous êtes mon médecin, non ?... Je ne l’ai pas encore fait¼ Il ne faut jamais abuser des bonnes choses¼ D’ailleurs je vais maintenant vous laisser pour aller lui écrire¼ ELODIE…

 

Par François - Publié dans : petites annonces
Ecrire un commentaire - Voir les 2 commentaires
Jeudi 5 octobre 4 05 /10 /Oct 17:38

Et encore une lettre d'Elodie qui poursuit ses confidences...

Cher ami,

 

                                     

 

                                     

 

            Je suis exaspérée¼ Hier soir je rentrais heureuse d’un week end plein et sans souci avec Jérôme et Sébastien et qu’est-ce que je trouve en rentrant?¼ ELLE s’était introduite chez moi - évidemment elle a la clé - et elle avait fait le ménage. A fond¼ Elle avait mis de l’ordre comme elle dit¼ J’en ai pleuré de rage¼ A l’idée qu’elle s’était immiscée comme ça une fois de plus dans tout ce que j’ai de plus personnel¼ Comme pour me dire - me répéter - que, même à 41 ans, rien ne peut être vraiment à moi, que pour elle je n’ai pas et je n’aurai jamais de vie privée, que je lui appartiens encore et toujours¼ Et le pire, c’est que ce matin : - Je me demande comment tu peux vivre dans un gourbi pareil !... Faut vraiment avoir aucun respect de soi-même !... Et je n’ai rien dit¼ Ni répondu ni protesté¼ Je sais trop bien quel tour la conversation aurait pris, comment elle m’aurait enfoncée avec délectation, vaincue une fois de plus¼ Je la connais par cœur¼ Je suis - je serai toujours - incapable de lui tenir tête - ce n’est pas la peine que je me raconte d’histoires - et ça me mine, ça me désespère¼ Est-ce que c’est ma nature qui est comme ça, est-ce que c’est inscrit tout au fond de moi ou bien est-ce que c’est elle qui m’a patiemment modelée, au fil des années, pour que je sois toujours incapable de lui échapper?¼ D’échapper à qui que ce soit d’ailleurs¼Parce que ça !... Et ça date pas d’hier¼ Tiens, écoutez !...

 

           

 

            A 17 ans, en première, Florence m’avait prise en amitié¼ C’était la seule¼ Les autres m’ignoraient. En général, sans que j’arrive à discerner pourquoi, on ne m’aimait pas¼ On me surnommait « la lèche-cul » ou « le chien battu »  et on m’excluait systématiquement de tout ce qui s’organisait¼ - Toi, tu as maman !... m’avait-on lancé un jour et on avait éclaté de rire¼ - C’est parce que tu n’es pas comme les autres, avait suggéré Florence, et en plus tu fais pas d’efforts !... Des efforts je voulais bien en faire, mais comment je pouvais être comme les autres?¼ Florence, elle, elle savait¼ C’était tout simple¼ Il fallait s’intéresser aux mêmes choses qu’elles¼ Et d’abord aux garçons¼ Ils m’intéressaient pas les garçons ?¼   - Oh si, si !... Mais¼ - Mais quoi ?... Mais il y avait eu Nicolas et¼ - Mais t’avais pas le même âge, attends!... Et puis c’est quand même pas ta mère qui va régenter ta vie !... Echappe-lui à ta mère, putain!... Dis-lui merde une bonne fois pour toutes¼ C’était facile à dire, mais¼ - De toute façon c’est complètement normal d’avoir un petit ami à 17 ans¼ C’est le contraire qui va pas¼ Bon¼ Mais elle allait s’occuper de moi, j’allais voir !... Et d’abord pour que les garçons ils nous regardent il fallait qu’on attire leur attention¼ Elémentaire, non? Et la première chose c’était les vêtements¼ Non, mais j’avais vu comment je m’habillais?... On est allées chez elle et elle m’a fait essayer tout un tas de fringues¼ Alors ? Qu’est-ce que j’en pensais ?... Je savais pas¼ C’était bizarre¼ J’avais pas l’habitude¼ - Ca te va super bien, oui !... - Je pourrai jamais mettre ça¼ - Mais si, tu verras !... Et puis il y avait le maquillage¼ Jamais je m’étais maquillée ?... - Attends, tu vas voir !... Dans la glace c’était une autre, transformée, différente, méconnaissable¼ Qui me fascinait¼ Mais à laquelle je n’oserais jamais ressembler¼ Et puis la coiffure¼ ça¼ il faudrait faire quelque chose la coiffure¼- Ca te donne 12 ans les cheveux longs comme ça¼ Restaient les sous-vêtements¼ - Parce que j’ai vu ce que tu mettais en gym !... Des tue-l’amour, oui ! Comment tu veux qu’un type il parte pas à la course quand il tombe là-dessus ?... Commence par là !... Ca se verra pas sous le reste¼ Ca te donnera le temps de t’y faire¼ De commencer à être une autre¼ Et elle m’a prêté une culotte et un soutien-gorge à elle, blancs, transparents, avec des petites dentelles et des fleurs brodées¼ Avant de rentrer je me suis démaquillée et elle a haussé les épaules¼ Avec exactement la même expression que ma mère¼

 

                                     

 

            Le soir, quand j’ai été sûre que tout le monde dormait, je les ai essayés¼ Comment ça me mettait en valeur !... J’étais pas si mal foutue que ça finalement ! J’imaginais des regards d’hommes sur moi, chargés d’admiration et de désir¼ Comment il m’excitait leur désir!¼ J’ai joué avec toute la nuit¼ Au matin j’avais pris ma décision: je les garderais toute la journée¼ J’irais au lycée avec¼ Ce serait mon secret¼ Un secret douillet et satiné¼ Ma mère quittait la maison à 7 heures¼ Mon père n’entrait jamais dans la salle de bains quand je m’y trouvais¼ Je pouvais donc me préparer en toute tranquillité¼ Je prenais tout mon temps¼ Je virais, tournais et virevoltais en jetant des coups d’œil ravis dans la glace, chaque fois que je passais devant, à cette nouvelle Elodie si séduisante¼ Je n’ai rien entendu venir¼ La porte s’est brusquement ouverte¼ Elle !¼ Elle n’était pas partie¼ Elle a poussé un cri d’horreur¼ - Qu’est-ce que c’est que ça ?... Non, mais alors là c’est la meilleure !... Elle a appelé mon père - Viens voir !... Non, mais viens voir ta fille !... Elle a attendu qu’il soit là - presque aussitôt - pour exiger : - Enlève-moi ces oripeaux tout de suite !... J’étais tétanisée, incapable de dire quoi que ce soit, de faire quoi que ce soit¼ - T’as compris ce que je t’ai dit ?... Aussi loin que je pouvais remonter dans mes souvenirs je n’avais jamais été nue devant mon père¼                  - Alors ?!... Non, mais c’est pas vrai, ça !... Quelle entêtée !... Deux gifles à toute volée et elle m’a déculottée avec détermination¼ Le soutien-gorge, c’est moi qui l’ai dégrafé, vaincue, en larmes - File !... Va t’habiller décemment¼ J’ai dû passer devant mon père appuyé, immobile, silencieux, au chambranle de la porte¼

 

                                     

 

            Le soir il a fallu expliquer¼ J’avais sorti ça d’où ?... J’ai menti : j’avais économisé sur mon argent de poche sou à sou¼ - Toujours tes petits coups en douce, hein ?!... Faut croire que t’avais la conscience tranquille !... Et tu voudrais qu’on te fasse confiance après ça ?!... Elle ne me faisait pas confiance¼ De temps à autre, à l’improviste, elle relevait résolument ma robe, d’un air soupçonneux, pour voir ce que je portais dessous¼ Ou bien elle exigeait que  j’ouvre mon jean d’un ton qui n’admettait aucune réplique¼ J’ai dû tenir mes comptes et justifier le moindre centime dépensé¼ Elle surgissait à tout moment dans ma chambre pour voir à quoi j’étais occupée¼ Mes affaires étaient systématiquement fouillées¼ J’étais en permanence une coupable en sursis¼

 

                                   

 

            A Florence je n’avais évidemment rien dit de ce qui s’était passé¼ J’appréhendais le moment où elle me réclamerait ses sous-vêtements - que ma mère avait bien entendu fait disparaître - et où il me faudrait inventer une explication plausible¼ Elle était toujours aussi décidée à me transformer¼ Plus je manifestais de réticences, plus je me montrais évasive et plus elle s’employait à me convaincre¼ A l’évidence elle en avait fait une affaire personnelle¼ Sa sœur était coiffeuse¼ - Visagiste même !... Elle avait voulu que je la rencontre¼ Elle avait été formelle: évidemment il fallait que je change de coiffure¼ Evidemment !... Ca faisait pas l’ombre d’un doute¼ Et elle savait très exactement ce qu’il me fallait¼ Elle m’a montré sur catalogue¼ Hein ?... Qu’est-ce que j’en pensais ?... Ca me plaisait ?... Oh oui¼ oui¼ beaucoup¼ - Eh ben alors ! Allez !... Elle a sa mallette dans la voiture¼ - Non !... Non¼ Pas tout de suite¼ Plus tard¼ Un autre jour¼    - Mais pourquoi ? - Parce que¼ j’ai pas envie maintenant¼ - C’est ta mère, c’est ça ?¼ T’as peur qu’elle¼ - Oh non¼ non¼ tu parles !... Je fais quand même encore ce que je veux¼ - Ben ça¼ on dirait pas¼

 

                                     

 

            Ma mère tenait à mes cheveux comme à la prunelle de ses yeux¼ - C’est ceux de ta grand-mère¼ Exactement les mêmes¼ Longtemps j’en avais été, moi aussi, extrêmement fière¼ Maintenant je les détestais¼ Elles avaient raison... Bien sûr qu’elles avaient raison !... Je revenais obstinément devant la glace¼ C’était vrai¼ Ca m’allongeait désespérément la figure¼ Ca me donnait des allures de gamine attardée¼ - Ce que tu es moche comme ça, ma pauvre fille !... Je ne voyais plus que ça¼ Je ne pensais plus qu’à ça¼ A changer de tête¼ A être une autre¼ A être enfin moi ?... Mais¼ J’ai voulu aborder le sujet un soir¼ maladroitement¼ sans véritable conviction¼  - Quoi ? Non, mais ça va pas ?¼ Mais enfin c’est ça qui fait ta personnalité, Elodie !... Ce sont tes cheveux¼ Ah non¼ non¼ Pas question que tu y touches¼ Je te l’interdis¼ Je suis retournée devant la glace¼ Et oui¼ finalement¼ Peut-être¼ En fin de compte¼ Florence a éclaté de rire - Ben voyons !... Non, mais attends !... Elle sait de quoi elle parle ma sœur¼ C’est son métier quand même !... Chrystelle était du même avis¼ Et Séverine¼ Et Pascale¼ - Ah, tu vois bien !... Allez !... Mardi je dis à ma sœur de venir¼ Tu le regretteras pas, tu verras !... C’est une super pro¼

 

                                     

 

            Elle ne s’est pas interrompue¼ Elle a continué à monter ses œufs en neige¼ - Inutile de remettre ça sur le tapis¼ Non, non, et non¼ Faut te le dire comment ?     - C’est ma tête quand même !... Et j’ai bien le droit de¼ - De quoi ?¼ De faire la première idiotie qui la traverse ?¼ Tu es mineure, je te rappelle et jusqu’à preuve du contraire c’est moi qui décide¼ - Je m’en fous¼ Je¼ - D’abord tu vas me parler sur un autre ton¼. Et ensuite je te l’interdis, Elodie¼ C’est bien clair ?¼ Et je te conseille pas de passer outre¼ Parce que je t’assure que tu t’en souviendrais !...

 

                                     

 

            Le mardi, à la sortie des cours, j’ai fui Florence¼ Mais le jeudi¼ sa sœur était l༠- Allez !... C’est aujourd’hui qu’on t’opère¼ J’ai voulu protester¼ On ne m’a pas écoutée¼ On m’a fait asseoir¼ Je n’ai pas résisté et je leur ai abandonné ma tête¼ Elle  a taillé à grands coups de ciseaux¼ Elle a ciselé, modelé, retouché¼ - Alors ? T’en dis quoi ?... Ca n’a plus rien à voir, non ?... C’était bien , oui¼ Je pouvais pas dire le contraire¼ Très bien même¼ - Maintenant tu fais vraiment femme¼

 

 

 

            J’ai erré longtemps par les rues sans pouvoir me décider à rentrer¼ Il a pourtant bien fallu finir par s’y résoudre, la peur au ventre¼ Elle n’a rien dit¼ Pas un mot¼ Exactement comme si elle ne s’apercevait de rien¼ Ou que ça lui était complètement égal¼ Elle m’a interrogée sur ma journée¼ On a dîné, regardé un peu la télé tous les trois¼ Je leur ai dit bonsoir et je suis montée me coucher, perplexe et vaguement inquiète¼ Cela ne lui ressemblait pas¼

 

                                     

 

            Je venais juste d’éteindre quand la porte s’est ouverte¼ Elle a rallumé¼ Elle avait un martinet à la main¼ Elle est venue droit sur moi, le visage dur, fermé, les lèvres serrées¼ Elle a rabattu draps et couvertures jusqu’au pied du lit¼ D’instinct je me suis retournée sur le ventre¼ Pour dormir je ne portais qu’un petit tee shirt¼ Elle l’a relevé au-dessus de la taille et elle a cinglé¼ Calmement¼ Méthodiquement¼ A longs intervalles réguliers¼ Je criais chaque fois¼ Je me cabrais¼ Et puis j’ai supplié, demandé pardon, imploré¼ Elle a été sans pitié¼ Quand elle a estimé la punition suffisante elle a laissé tomber le martinet à côté du lit, éteint, refermé la porte. Sans un mot¼ J’ai sangloté toute la nuit¼

 

                                     

 

            Voil༠Vous m’avez imposé là une rude épreuve en m’obligeant à évoquer ces souvenirs, mais je ne vous en veux pas¼

 

                                     

 

            A bientôt¼

 

           

 

            Je vous embrasse¼ E L O D I E

 

Par François - Publié dans : petites annonces
Ecrire un commentaire - Voir les 3 commentaires
Dimanche 1 octobre 7 01 /10 /Oct 19:21

La première lettre d'Elodie aurait pu rester sans suite, mais elle a rapidement été suivie d'une seconde que voici:

 

 

 

L E T T R E  2

 

                                     

 

 

                                     

 

 

Cher inconnu,

 

 

                                                 

 

 

            C’est encore moi... Les sens satisfaits et l’esprit en paix comme toujours quand je reviens de là-bas¼ Avec Jérôme et Sébastien j’ai appris à apprécier infiniment la sodomie au point de la préférer maintenant bien souvent à des rapports plus conventionnels¼ Qui mieux qu’eux - c’est leur pain quotidien - aurait pu m’y initier aussi bien ? Avec eux je m’abandonne en toute confiance et sans réserves. Pour mon plus grand plaisir¼ Parfois quand il peut - il est marié - Fred se joint à nous¼ J’avoue qu’avoir alors trois hommes pour moi toute seule - qu’ils s’occupent de moi ou que je les regarde avec ferveur s’occuper les uns des autres - me rend profondément heureuse¼ La béatitude !... Peut-être parce que j’ai besoin d’être rassurée? Parce que je ne l’ai pas été à l’âge où j’aurais dû l’être? Si je me retourne vers mon enfance et mon adolescence qu’est-ce que je vois ?... D’abord une enfant docile¼ si docile¼ trop docile¼ - On en fait ce qu’on veut... disait ma mère de moi à qui voulait l’entendre... Et c’était vrai... Pas de cris, pas de menaces, pas de punitions... Je me pliais avec une infinie bonne grâce à tout ce qu’on exigeait de moi... J’étais une petite fille modèle... On me citait en exemple: je donnais toujours entièrement satisfaction à mes parents... A mes instituteurs¼ A tout le monde¼J’en étais fière et profondément heureuse... Ma récompense, c’était ce fabuleux sentiment de paix intérieure qui m’habitait en permanence...

 

 

                                     

 

 

            Vers 12-13 ans des sensations, des impressions, des émotions étranges et inconnues, parfois inquiétantes, ont commencé à m’envahir¼ Est-ce que c’était normal?... Est-ce que j’avais le droit de les éprouver? Est-ce que j’étais normale?... Ils en auraient pensé quoi, mes parents?... J’avais le vague soupçon que l’image qu’ils avaient de moi en aurait été passablement écornée... Je redoutais plus que tout au monde de perdre leur amour et leur estime... Et du coup je me taisais... Je restais seule avec mes insolubles questions¼ Je m’en sentais infiniment coupable: je leur avais toujours tout dit... Mon silence me pesait comme une trahison et me confirmait intérieurement dans l’idée que mes bouleversements intérieurs étaient répréhensibles... On ne cache que ce qui a des raisons d’être caché... Je me sentais fausse, profondément malhonnête, et j’en souffrais infiniment...

 

 

                                   

 

 

            Et puis - je venais tout juste d’avoir 14 ans - il y a eu Nicolas - il était en seconde au lycée - Nicolas qui était amoureux de moi - qui le disait en tout cas - Nicolas que je trouvais beau comme un dieu, Nicolas qui me prenait dans ses bras après les cours dans le petit square près de la piscine, Nicolas que j’ai laissé me toucher les seins un mardi et mettre la main dans ma culotte le lendemain et recommencer souvent, Nicolas qui m’écrivait des lettres d’amour enflammées que je croyais parfaitement dissimulées au milieu de mes cours de l’année précédente... Elles ne l’étaient pas... Ma mère me les a brandies sous le nez un soir à mon retour du collège... - Qu’est-ce que c’est que ça, tu peux me dire?... Deux gifles...                 - Tiens !... Tu les auras pas volées, celles-là !... Les premières que j’aie jamais reçues¼ Deux gifles pleines, sonores, déterminées qui m’ont stupéfaite¼ - Ah, bravo!... Bravo!... Alors nous, on te fait confiance... On t’a toujours fait confiance et on a à peine le dos tourné que toi, tu en profites pour... Tu sais ce que tu es? Une hypocrite... Une sale petite hypocrite, sournoise et vicieuse... Non, mais ce ramassis d’horreurs qu’il y a là-dedans!... Tu n’as pas honte?... Tu te rends compte de la peine que tu nous fais au moins à ton père et à moi?... Lui, il me regardait sans rien dire, de son fauteuil, avec un air de douloureuse réprobation... Et moi, je pleurais¼ A chaudes larmes... Je sanglotais... Je souffrais... Tellement... De tout... Du mal que je leur faisais... De les avoir perdus... De ne plus être leur petite fille adorée... J’ai demandé pardon, j’ai supplié, j’ai promis de ne plus revoir Nicolas, de redevenir celle que j’étais avant... comme avant... pour toujours...

 

 

           

 

 

            Et je suis redevenue docile... Comme avant... Plus qu’avant... Je faisais  tout ce qui était en mon pouvoir pour leur donner satisfaction, pour qu’ils soient fiers de moi, pour qu’ils m’aiment... Mais j’étais suspecte, définitivement et inexorablement suspecte... Ma mère saisissait la moindre occasion pour me le faire sentir... Il y avait les apparences, oui, ce que je voulais bien montrer, mais là-dessous?... Qu’est-ce que je cachais encore?¼ Qu’est-ce que je dissimulais sournoisement?... Je les avais déjà trompés une fois... Comment auraient-ils pu être sûrs que je ne recommencerais pas?... Et elle exerçait sur moi une surveillance de tous les instants... Elle venait me chercher impromptu à la sortie du collège... Elle épluchait mon courrier, interrogeait à l’occasion mes camarades de classe... J’étais soumise à des contrôles réguliers que j’acceptais sans murmurer pour prouver ma bonne foi et ma bonne volonté¼ Elle surgissait dans ma chambre et exigeait que je vide mes tiroirs devant elle, explorait mes classeurs, mes dossiers, fouillait sous mon linge ou dans ma boîte à secrets... Je ressentais ces fréquentes vérifications comme profondément humiliantes, mais je les estimais, tout au fond de moi-même, parfaitement justifiées: si je n’avais pas trahi aussi délibérément leur confiance...

 

 

                                     

 

 

            Elles étaient d’autant plus justifiées d’ailleurs que je continuais - j’en avais la preuve tous les jours - à la trahir tant et plus: j’avais découvert, un peu par hasard, quel plaisir savoureux on pouvait s’offrir avec ses doigts... J’en usais et j’en abusais... De plus en plus... Je passais le plus clair de mon temps à attendre impatiemment ce moment où, enfin seule dans mon lit, je pourrais me toucher           - j’adorais ce mot - tout mon saoul... L’envie de me le faire me réveillait plusieurs fois par nuit et je m’épuisais de plaisir... Je vivais dans la hantise de voir mon secret découvert, malgré les précautions infinies dont je m’entourais, et dans la culpabilité: oui, leur fille était une dépravée et une vicieuse... Et elle était fausse en plus... Fausse et hypocrite: ils avaient bien raison... Elle continuait de leur tendre obstinément d’elle-même une image qui n’avait rien à voir avec ce qu’elle était vraiment... Ce qu’ils auraient tellement voulu qu’elle soit... Ce qu’elle aurait tellement voulu être... Elle faisait semblant... Elle n’arrêtait pas de faire semblant... De plus en plus semblant... Parce qu’elle ne voulait pas les perdre... Pour leur laisser croire qu’elle était toujours celle d’avant, pour le rester à leurs yeux, elle était prête à tout... A tout accepter...

 

 

             

 

 

            Et j’abandonnais à ma mère un droit de regard absolu sur ma vie... Je la laissais y pénétrer quand elle voulait... Comme elle voulait... Vous voyez bien que je n’ai rien à cacher... Tout est là devant vous clair... limpide... transparent... Elle s’emparait de moi, de mon existence... Elle l’habitait... Elle la quadrillait... Elle s’y installait... Elle l’occupait... Puisque je tenais tant à être celle qu’ils voulaient que je sois qui, mieux qu’elle, aurait pu savoir ce que je devais être?¼ Et elle disposait de moi, de mes goûts, de mes choix, de mes tenues vestimentaires... Sans que j’élève jamais la moindre protestation... Elle pensait juste... Elle savait juste... Elle décidait... Je laissais faire... J’étais celle qu’elle voulait... Elle haussait parfois les épaules avec un soupir, les yeux au ciel: - Cette pauvre Elodie... Heureusement qu’on est là! Elle sera toujours incapable de la moindre initiative... Incapable de gérer sa vie... Je m’y essayais parfois timidement... Elle prenait un air stupéfait: - Mais ça va pas? Qu’est-ce qui te prend?¼ T’es pas bien?... Ou bien au contraire elle me laissait faire, me regardait avec délectation m’enferrer, m’enliser, maladroite et vaine... J’allais bien finir par venir implorer son secours... Elle reprenait alors les choses en mains sans un mot... Elle triomphait...

 

 

 

 

 

             Pourquoi je vous raconte tout ça, moi ? Vous êtes psychanalyste ? Sans doute est-ce que j’ai besoin de me débarrasser une bonne fois pour toutes de tout ça, de m’en libérer¼ C’est pourquoi je tiens tant à vous laisser dans l’ombre au moins pour l’instant : à cette condition seulement je pourrai me laisser vraiment aller et descendre en moi aussi loin que possible¼

 

 

           

 

 

            Je vous embrasse

 

 

           

 

 

            E L O D I E

 

 

 

Par François - Publié dans : petites annonces
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Jeudi 28 septembre 4 28 /09 /Sep 11:21

Une petite annonce passée dans une revue:      

 

 

                                     

 

 

                                                 

 

 

            “ Qui voudrait me raconter sa vie amoureuse et sexuelle jusque dans les détails les plus intimes?... J’assure la réciproque... Longue relation épistolaire débridée souhaitée... Je suis cérébral, direct et sans tabous... Langage osé et mots crus pourquoi pas?¼ Pas de rencontre envisagée... “

 

 

 

 

 

Et une première réponse :                                 

 

 

           

 

 

                                                       Cher 192AB5823, bonjour !

 

 

                                     

 

 

                                     

 

 

            Pourquoi pas en effet?... Voilà une correspondance qui aurait au moins le mérite de  mettre un peu de piment dans ma vie... Elle en manque pour le moment singulièrement... Et même... Qui pourrait être extrêmement excitante... A condition bien sûr de jouer le jeu à fond et de ne rien laisser dans l’ombre... Me mettre radicalement à nu devant un parfait étranger, sans rien garder de moi pour moi, est une perspective qui me trouble infiniment... Je ne suis toutefois pas absolument certaine d’en être encore tout à fait capable... A moins que, dans un premier temps, vous acceptiez de rester résolument inconnu... Que je ne sache pas qui vous êtes et    - surtout - que vous ne sachiez pas qui je suis... Aucune adresse où me répondre... C’est le seul moyen pour moi de me sentir parfaitement libre et d’être absolument sincère... Parce qu’il y a des choses qui ne seront vraiment pas évidentes à avouer pour moi, vous savez!... Au début je serai donc seule à vous écrire... Souvent... C’est promis... A la fois pleinement transparente - rien de moi ne vous sera caché - et totalement mystérieuse... Et le jour - qui viendra... qui viendra forcément - où je lèverai enfin le voile ce sera comme si je me livrais d’un seul coup toute entière à vous...

 

 

 

 

 

            Bon!... Eh bien maintenant il n’y a plus qu’à commencer... Ma vie affective? Le calme plat... Depuis longtemps... Depuis mon divorce il y a 11ans - j’en ai 41 - rien!...Ou pratiquement rien... Il faut dire que les conditions ne sont pas très favorables: j’habite sur le même palier que mes parents... Pour un éventuel compagnon c’est d’autant plus dissuasif qu’ils sont très présents et que ça saute immédiatement aux yeux... Déménager?¼ Oui... Bien sûr... J’y ai pensé... J’ai même essayé... Ce n’est pas si simple... Une fois que les habitudes sont prises !... De toute façon le problème n’est pas forcément uniquement là... Quand je vois comment finissent les couples autour de moi, ce qu’endurent mes collègues de travail qui s’acharnent dans des relations manifestement sans issue je me dis que c’est sans doute une chance d’être toute seule, qu’on s’évite ainsi bien des difficultés et qu’au moins on n’a de comptes à rendre à personne...

 

 

           

 

 

            Sexuellement en tout cas être seule rend les choses beaucoup plus simples... Tu fais ce que tu as envie quand tu as envie comme tu as envie... J’ai toujours eu de gros besoins dans ce domaine... Je les assouvis soit toute seule - on maîtrise alors entièrement la situation à son rythme, avec ses fantasmes et les partenaires de son choix - soit au cours de rencontres de hasard... Pas de relations avec les hommes qui gravitent dans mon entourage immédiat : ce serait des complications à n’en plus finir¼ Il y a toutefois une exception: Jérôme et Sébastien¼ Ils vivent en couple, ce qui ne les empêche nullement d’apprécier aussi les femmes¼ Ils sont très câlins, très attentionnés, et je me sens particulièrement à l’aise avec eux¼ Nous nous connaissons bien et sommes très complices, ce qui nous permet de nous livrer ensemble à toutes sortes de « jeux » plus ou moins avouables dans la plus totale liberté¼ Je vous raconterai¼ la prochaine fois¼ Je dois justement aller les retrouver¼                                   

 

 

                                     

 

 

                   A très bientôt¼ Amicalement¼     E L O D I E  

Il ne reste plus qu'à guetter le facteur et à espérer que cette première lettre sera suivie d'autres...

Bonne journée à tous...  

 

 

 

Par François - Publié dans : petites annonces
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires

Calendrier

Avril 2024
L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          
<< < > >>

Recherche

Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus