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Mardi 2 janvier 2 02 /01 /Jan 17:42

Cher ami,

 

 

 

 

            Je l’ai fait¼ Je n’avais pas d’autre solution¼ J’ai appelé mon père¼ On a déjeuné ensemble tous les deux¼ Je lui ai dépeint ma situation et je lui ai demandé de m’aider¼ Le temps que je me remette à flot¼ Que je me rétablisse¼ Il a refusé sous prétexte que ce serait me rendre le pire des services¼ Et j’en ai pris plein la tête¼ J’y allais fort quand même !¼ Je manquais pas de culot !¼ Après ce que j’avais fait !¼ Oser venir lui demander de l’argent¼ - Non, mais est-ce que tu te rends seulement compte du mal que tu fais à ta mère ?¼ Seulement ça, ça t’est bien égal¼ Il n’y a que ta petite personne qui compte¼ Ton petit confort¼ Tes petits plaisirs¼ Tu ne seras jamais adulte¼ Il y a longtemps qu’on s’est fait une raison¼ Si on n’est pas derrière toi¼ La preuve : il n’y a que quatre mois que tu es partie et tu as déjà trouvé le moyen de te mettre dans une situation impossible¼ Il serait peut-être temps que tu commences à te poser des questions, non ?¼ Que tu tires les conclusions qui s’imposent¼ Tu veux t’en sortir ?¼ Eh bien tu as une solution toute trouvée¼ Tu as toujours ton appartement là-bas dans l’état - pitoyable - où tu l’as laissé¼ Tu peux le réintégrer quand tu veux¼ Mais tu présenteras d’abord tes excuses à ta mère qui te posera ses conditions¼ Il est hors de question qu’on te laisse faire - une fois de plus - n’importe quoi¼

 

           

 

 

 

            Je ne retournerai pas là-bas¼ Plutôt crever¼

 

           

 

            Je vous embrasse… E L O D I E

 

 

Par François - Publié dans : petites annonces
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Mardi 26 décembre 2 26 /12 /Déc 07:34

Cher ami,

           

 

           

 

            C’est fini¼ Sans espoir¼ Un mois que je pleure¼ Comment c’est arrivé ?¼ J’en sais rien¼ C’était si bien nous deux !¼ Mieux qu’un rêve¼ Mieux que tout¼ Et voilà, c’est fini¼ Il est parti¼ Il a disparu¼ Juste un mot sur la table de la cuisine le dernier matin pour me souhaiter bonne chance¼ Bonne chance¼ Tu parles !¼ S’il voyait dans quel état je suis¼ Il s’en fout¼ Je vais devenir quoi, moi, sans lui ?¼ Il y a des moments où j’aurais bien envie de¼

 

 

 

 

 

            En plus je suis dans une galère pas possible¼ J’ai perdu mon boulot¼ Je n’avais que lui en tête¼ Je ne dormais plus¼ J’ai accumulé les erreurs¼ On a fini par me flanquer dehors¼ J’aurais fait la même chose à leur place¼ Je cherche, je cherche, mais¼ Alors je ne vous dis pas dans quelle situation financière je suis¼ Avec un loyer qui me coûte les yeux de la tête¼ Je ne sais pas comment tout ça va finir¼

 

           

 

 

 

 

 

            J’ai essayé de renouer avec Jérôme et Sébastien¼ Ils m’ont envoyée sur les roses¼ Ils ne veulent pas jouer les roues de secours¼ Heureusement il me reste mon toubib¼ Je l’ai vu hier¼ Il m’a prise sur la table d’examen entre deux clients¼ Et puis vous¼ Vous écrire¼ Même si ce ne sont pas les lettres que j’aimerais vous envoyer¼ Ca reviendra¼ Du moins je l’espère¼

 

           

 

 

 

            Vous voyez, le moral d’Elodie n’est pas vraiment au beau fixe¼ C’est le moins qu’on puisse dire¼

 

           

 

            A bientôt

 

           

 

            Je vous embrasse

 

           

 

            E L O D I E

 

 

Par François - Publié dans : petites annonces
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Lundi 18 décembre 1 18 /12 /Déc 18:52

Non... Elodie n'a pas complètement disparu...

Cher ami,

           

            Cinq semaines sans nouvelles !¼ Ce n’était pas dans mes habitudes et vous avez probablement pensé que j’avais lâchement disparu sans même vous faire l’aumône d’un au revoir¼ Non¼ Non¼ Mais je vis tellement de choses passionnantes que je n’ai presque plus de moments à moi¼

 

           

 

            D’abord¼ D’abord j’ai déménagé¼ J’ai trouvé un appartement magnifique, à Ménilmontant, avec de grandes baies vitrées qui donnent sur un Paris de rêve¼ C’est cher - c’est même très cher - mais je ne pouvais pas laisser passer une occasion pareille¼

 

           

 

            Ensuite - et surtout ! - j’ai enfin rencontré l’homme de ma vie¼ Ca fait cliché, je sais !¼ Mais c’est le seul terme qui convienne¼ Je suis heureuse¼ Si vous saviez comme je suis heureuse !¼ Il me fait être¼ Je suis transfigurée¼ Je suis une autre¼ Tout est devenu si lumineux¼ Que de temps perdu !¼ Irrémédiablement perdu¼

 

           

 

            Eux, je ne les ai pas revus¼ Et je ne les reverrai pas¼ Ils ne me manquent pas¼ C’est rien de le dire¼ Je respire enfin au large¼ A pleins poumons¼

 

           

 

            Sinon¼ J’ai dû aussi couper définitivement les ponts avec Jérôme et Sébastien¼ Ils n’acceptaient pas Laurent¼ Ils ne voulaient pas - ils ne pouvaient pas comprendre - que rien désormais ne pouvait plus être comme avant¼ C’est dommage, mais c’est tant pis !¼ Ca appartient à une époque dont je suis définitivement sortie¼ Ce que je vis maintenant est tellement plus important¼

 

           

 

            A bientôt ?¼ Je sais pas¼ Mais je reviendrai, c’est promis¼

 

           

 

            Je vous embrasse

 

           

 

            E L O D I E

 

 

 

Par François - Publié dans : petites annonces
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Mardi 5 décembre 2 05 /12 /Déc 18:54

Elodie ne s'est pas lassée....

Très cher ami,

 

 

            Eh oui, une lettre postée de Paris¼ Je suis partie de là-bas¼ Avant-hier¼ J’ai coupé les ponts¼ largué les amarres¼ mis les voiles¼ Cette fois c’est définitif et sans espoir de retour¼ Pour le moment je suis chez Sébastien¼ Je n’ai pas voulu rentrer « chez moi » : c’est chez eux¼ Je vais me chercher un appartement¼ Loin d’eux¼ Le plus loin possible¼

 

 

 

            Ca a eu lieu lundi¼ Je lézardais sur la terrasse¼ Elle, elle passait l’aspirateur en haut, dans les chambres¼ Tous les jours elle passe l’aspirateur en haut, dans les chambres¼ - Elodie, tu peux venir voir là ?¼ J’ai soupiré¼ Qu’est-ce qu’il y avait encore ?¼ Je suis montée¼ - Quoi ?¼ Qu’est-ce tu veux ?¼ - Tu peux me dire ce que c’est que ça ?¼ Elle m’a brandi la lettre de Jérôme sous le nez¼ - Ca, c’est mon courrier !¼ Et tu n’as pas le droit de¼ - Parce que t’appelles ça du courrier ?!¼ Ce ramassis d’horreurs¼ - C’est mon problème¼ Ca ne te regarde pas¼ - Ah si, ça me regarde, si !¼ Tu es encore ma fille que je sache !¼ Mais ça je m’en doutais !¼ Je m’en doutais !¼ De ta part on peut s’attendre à tout¼ A tout¼ Seulement si tu t’imagines que je vais tolérer ça !¼ - Mais j’ai 42 ans enfin !¼ - Eh bien justement !¼ Raison de plus !¼ Il serait quand même grand temps que tu te plombes enfin un peu la tête, non, tu crois pas ?¼ - Rends-moi ça !¼ - Certainement pas !¼ J’ai voulu la lui reprendre, la lui arracher¼ Elle m’a lancé deux gifles à toute volée¼ Comme la fois de Nicolas¼ Comme quand j’avais 14 ans¼ Comme si j’avais encore 14 ans¼ Et elle a déchiré la lettre en morceaux minuscules qu’elle a laissé tomber dans la corbeille d’un air profondément dégoûté¼ J’ai immédiatement commencé à rassembler mes affaires¼ - Qu’est-ce que tu fais ?¼ - Je m’en vais¼ Elle a haussé les épaules¼ - Tu sais très bien que tu ne le feras pas¼

 

           

 

            Je l’ai fait¼ Je me l’étais juré il y a tout juste sept ans¼ Je m’étais juré que si jamais elle levait à nouveau une seule fois la main sur moi je partirais¼ Et qu’ils ne me reverraient pas¼ C’était l’été de mes 35 ans¼ J’avais été prise d’une frénésie de sorties¼ Le besoin de m’étourdir¼ D’oublier¼ Que j’étais seule¼ Que je le resterais sans doute toujours¼ Que ma vie tournait désespérément à vide¼ Je sortais¼ Je m’éclatais¼ Je couchais¼ Avec un peu n’importe qui¼ Et, ce soir-là, avec Bertrand, un gamin de 20 ans qui me tournait obstinément autour¼ Il a absolument voulu m’emmener chez son grand-père¼ - Il y est pas en ce moment¼ On sera tranquilles¼ Tu verrais cette villa que c’est en plus !¼ Avec piscine et tout¼ Il a éprouvé mille difficultés à ouvrir la porte, ce qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mais je ne me suis pas posé la moindre question¼ On s’est déshabillés¼ On s’est jetés dans la piscine¼ On y a fait les fous¼ On s’est poursuivis sur la margelle tout autour¼ Quand les gendarmes sont arrivés on venait juste de commencer à faire l’amour¼ Dans le faisceau des torches longuement braquées sur nos corps nus il a fallu expliquer ce qu’on faisait là et comment on était entrés¼ Je me sentais profondément humiliée, ridicule et furieuse contre ce Bertrand qui m’avait entraînée à mon insu dans cette histoire¼ On a passé le reste de la nuit au poste¼ A répondre à une foule de questions toutes plus saugrenues les unes que les autres¼ - Ca va durer longtemps ?¼ - Mais, Madame, il y a violation de domicile !¼ Avec effraction¼

 

 

 

            Au petit matin j’ai reconnu la voix de mon père dans la pièce à côté¼ Il parlait avec le brigadier¼ Il m’a ramenée à la maison sans m’adresser le moindre mot, sans me jeter le moindre regard¼ Un bloc de réprobation muette¼ Dans la cuisine ma mère m’a ignorée¼ Pas un reproche¼ Pas une allusion¼ Je n’existais pas¼ J’ai voulu aller prendre une douche pour me laver de tout ça, pour m’en débarrasser, pour me retrouver¼ Elle a presque aussitôt surgi et… non… je ne peux pas vous raconter… non… c’est au-dessus de mes forces… un jour… plus tard peut-être… Je suis restée confinée deux jours dans ma chambre¼ A pleurer¼ De honte¼ D’humiliation¼ De remords¼ De tout¼ J’ai pensé à me supprimer : je ne méritais pas de vivre¼ Et puis, le matin du troisième jour, j’ai pris ma décision : la prochaine fois je m’en irais¼ Pour toujours¼ C’était irrévocable¼ Et je suis redescendue¼ Ils n’ont pas fait le moindre commentaire¼ Comme s’il ne s’était rien passé¼ Jamais¼

 

 

 

            Que de temps perdu !¼ Si vous saviez comme je me sens bien maintenant¼ Libérée¼ Sereine¼ Epanouie¼ Au large en moi¼ Je commence enfin à vivre¼ Il était temps¼ Je n’avais jamais formé de vrais projets : je ne m’en reconnaissais pas le droit¼ J’en ai plein aujourd’hui : ça part dans tous les sens¼ Bref, je vis¼ Je suis heureuse¼

 

 

 

            Je vous embrasse                                                    

 

           

 

            E L O D I E

Par François - Publié dans : petites annonces
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Dimanche 12 novembre 7 12 /11 /Nov 18:39

Et pendant ce temps-là Elodie continue imperturbablement à adresser lettre sur lettre au correspondant auquel elle n'a toujours pas dévoilé son identité...

Cher ami,

 

           

 

            J’ai reçu une lettre adorable de Jérôme et de Sébastien¼ Dix longues pages où ils me racontent ce qu’ils font¼ leur bonheur¼ leur plaisir¼ Dix longues pages qui m’ont donné envie¼ Tellement¼ Envie d’eux¼ Envie d’être avec eux¼ Envie de ce qui n’est qu’à nous¼ Ce sont des amours¼ Et je n’apprécie peut-être pas toujours à sa juste valeur la chance que j’ai de les avoir rencontrés et qu’ils soient si inextricablement noués à ma vie¼ Ils se proposent de faire un saut jusqu’ici la semaine prochaine¼ Ce n’est évidemment pas possible¼ Et je n’en peux plus¼ Toujours être obligée de compter avec elle¼ Ses préjugés à elle¼ Ses petites conceptions étriquées à elle¼ J’étouffe¼ Jusqu’à quand est-ce qu’elle va diriger ma vie comme ça ?¼ Jusqu’à quand ?¼ Jusqu’à ce que¼ Oui¼ Je sais¼ Je sais¼ Merci¼ Vous allez pas vous y mettre, vous aussi !?

 

 

 

            A chaque pas ici je rencontre mes souvenirs¼ On ne peut pas avoir passé toutes ses vacances, depuis toujours, au même endroit sans qu’ils vous surgissent constamment de partout¼ Hier je suis allée me promener sur le port¼ C’est là que j’ai rencontré Pierre qui allait devenir - pour trois si courtes et si longues années - mon mari¼ J’avais 27 ans¼ Il en avait 20 de plus et il avait décidé que ce serait moi¼ Sans même me demander mon avis¼ Mon avis ne l’intéressait pas¼ Mon avis n’avait pas - n’avait jamais eu pour qui que ce soit - la moindre importance¼ Je l’ai laissé faire¼ Ca m’était égal¼ Tout m’était égal¼ Une seule chose m’importait : il allait m’emmener¼ Loin d’eux¼ J’allais enfin leur échapper¼ Je ne leur ai pas échappé¼ Il était dit que je ne pourrais jamais leur échapper¼ On s’est mariés¼ Et on a passé le plus clair de notre temps avec eux¼ Il s’entendait à merveille avec mon père dont il chantait à tout propos les louanges¼ mon père qui le portait aux nues¼ Ils passaient des heures et des heures tous les deux en inépuisables et ennuyeuses conversations qui se prolongeaient jusqu’au cœur de la nuit¼ Je me sentais exclue¼ Je l’étais¼ Ma mère s’extasiait : - Mais qu’est-ce qu’il peut bien te trouver ?¼ Un homme aussi extraordinaire¼ Qu’est-ce que tu lui as fait ?¼

 

 

 

            Chez « nous » on recevait¼ Presque tous les soirs¼ Des économistes¼ Des juristes¼ Des sommités¼ Tout un tas de gens qui s’écoutaient parler¼ Qui se prenaient au sérieux¼ Qui pontifiaient¼ Qui m’exaspéraient¼ Qui m’ignoraient¼ Alors un soir je n’y ai plus tenu¼ Je me suis engouffrée dans une inhabituelle brèche de silence et je les ai imités¼ parodiés¼ Leurs tons¼ Leurs tics¼ Leurs mimiques¼ Leur suffisance¼ Leurs mots¼ Je m’en donnais à cœur joie¼ L’attention générale s’était concentrée sur moi, ébahie, stupéfaite, réprobatrice¼ Pierre s’est levé, m’a prise par le bras¼ Je ne me suis pas interrompue¼ Il m’a entraînée dans l’escalier, menée jusqu’à notre chambre¼ Il a refermé la porte sur nous¼ Il m’a jetée sur le lit¼ Il m’a déculottée et il m’a flanqué une fessée¼ Une monumentale fessée¼ Qui m’a fait pleurer, hurler, supplier¼ Il a été sans pitié¼    - Et maintenant tu vas descendre leur présenter tes excuses¼ Je l’ai fait¼

 

 

 

            Le lendemain, à la première heure, j’étais chez ma mère¼ - Je divorce¼      - Ah !¼ Ca faisait longtemps !¼ Ca faisait longtemps que t’avais pas eu une de tes idées lumineuses¼ Tu divorces¼ Voilà autre chose¼ Et on peut savoir pourquoi ?¼ - Il me bat¼ - Il te bat ?!¼ Comment ça il te bat ?¼ Il a bien fallu que je lui dise¼ - Une fessée ?!¼ Et pourquoi ?¼ Hein, pourquoi ?¼ Il y avait bien une raison¼ Tu vois, tu dis rien¼ Faut croire que tu l’avais cherché¼ Que t’avais encore fait des tiennes¼ Quand on te connaît¼ Et quand on le connaît, lui¼ On le voit mal en train de¼ - Maman !¼ Mais j’ai 28 ans !¼ Et alors ?¼ Qu’est-ce que ça change ?¼ Tu as vingt-huit ans, oui !¼ Et tu continues à te comporter comme si tu en avais 12¼ La preuve !¼ Tu as un mari exceptionnel¼ Une crème¼ Que tout le monde t’envie¼ Et tu trouves rien de mieux à faire que de le pousser à bout¼ Et le pire c’est que tu veux encore avoir raison¼ Il faut toujours que t’aies raison¼ Au lieu d’incriminer systématiquement les autres tu ferais beaucoup mieux de te remettre un peu en question de temps en temps et de te demander si par hasard¼ - On peut pas discuter avec toi¼ C’est pas la peine¼ On peut jamais discuter avec toi¼

 

 

 

            Mais ça avait fait mouche : j’avais tellement pris l’habitude depuis toujours de me sentir fautive de tout ce qu’on avait décidé de me reprocher, de traverser l’existence en perpétuelle coupable, de vouloir être, sans jamais y parvenir vraiment, le plus idéalement possible conforme à ce qu’on attendait de moi qu’il ne m’a pas été bien difficile de leur donner raison¼ Puisqu’ils étaient tous contre moi c’était bien que - une fois de plus - ça venait de moi¼ Tout venait toujours de moi¼ C’était évident¼ Et j’ai fini, torturée de remords, par aller demander pardon à Pierre pour mon comportement de cette soirée, par m’abaisser à aller lui demander pardon¼ Il a tout balayé d’un revers de manche¼ - L’incident est clos¼

 

           

 

            Celui-là, oui !¼ Mais j’avais donné prise sur moi¼ J’avais cautionné¼ Je m’étais exposée à me retrouver inéluctablement un jour ou l’autre dans la même situation¼ Ce qui n’a pas manqué de se produire quelques semaines plus tard : je n’ai jamais pu me passer des plaisirs solitaires¼ Ils font partie de moi, de ma vie¼ J’éprouve à susciter mes images, à leur donner corps une ineffable et incomparable délectation¼ Là, plus qu’ailleurs, je vis¼ C’est un sujet que je n’avais jamais osé aborder avec Pierre¼ Je pressentais trop bien quel jugement résolument négatif il aurait porté sur mes pratiques et comme il se serait senti blessé dans sa fierté de mâle¼ Est-ce qu’il ne devait pas être le seul habilité à me donner mon plaisir ?¼ Alors je m’offrais à moi-même un secret¼ Quand j’étais sûre d’être seule, de ne pas courir le risque d’être surprise¼ Seulement évidemment, un jour ou l’autre, ça devait arriver¼ Forcément¼ Il venait de partir¼ Pour tout l’après-midi¼ Je me suis confortablement installée sur le canapé du salon¼ Je me suis sollicitée¼ J’ai pris mon essor¼ mon envol¼ Je ne l’ai pas entendu arriver¼ Il a surgi juste au moment où j’allais m’aprocher du bonheur¼ Il n’a pas dit un mot¼ Il a marché droit sur moi, le visage dur, fermé¼ Il m’a relevé les jambes vers la poitrine, il les y a maintenues et, de l’autre main, il m’a fessée dans cette humiliante position¼ Et il est reparti comme il était venu¼ De cet après-midi-là nous n’avons jamais reparlé ni l’un ni l’autre¼

 

 

 

            Il y a eu encore d’autres fessées¼ Pour les motifs les plus divers¼ Qui m’habitaient longtemps¼ Les premiers jours je ne pouvais penser qu’à ça¼ Avec rage¼ Avec honte¼ Avec désespoir¼ Avec impuissance¼ Avec rancœur¼ Je lui en voulais¼ Comme je lui en voulais¼ Je rêvais de vengeances dont je m’offrais intérieurement le spectacle délicieux¼ Je décidais irrévocablement de partir¼ Loin¼ N’importe où¼ Le plus loin possible¼ Et puis, peu à peu, mon état d’esprit se transformait insensiblement¼ Je commençais à m’interroger¼ A me demander si Pierre n’avait pas eu malgré tout un tout petit peu raison¼ Je n’étais pas toute blanche moi non plus¼ On pouvait au moins le comprendre¼ Si je n’avais pas¼ Je lui donnais raison¼ De plus en plus raison¼ C’était ma faute¼ Complètement ma faute¼ Et je m’en voulais¼ Et je m’en voulais d’être incapable de ne pas m’en vouloir¼ Et d’entrer toujours systématiquement, quoi qu’il arrive, dans le rôle de la coupable¼ A nouveau j’étais en rage¼ Mais contre moi-même cette fois¼

 

           

 

            Et puis¼ Ce matin-l༠C’était les Vacances¼ C’était ici¼ On déjeunait tous les quatre sur la terrasse, dans le soleil¼ Pierre et mon père s’étaient lancés, comme à leur habitude, dans une discussion à n’en plus finir¼ La journée s’annonçait particulièrement chaude et je m’étais habillée extrêmement léger¼ - Tu comptes sortir comme ça ?¼ - Ben oui¼ Pourquoi ?¼ - On est honorablement connus ici, Elodie, ton père et moi, et je ne tiens pas à ce qu’on aille raconter partout que ma fille se promène dans la rue attifée comme une¼ - Mais j’en ai rien à foutre des gens¼ Ils pensent ce qu’ils veulent¼ - T’en as peut-être rien à foutre comme tu dis, mais moi, si !¼ Alors tu vas me faire le plaisir d’aller passer quelque chose de décent¼ - Oh, ça va pas recommencer, écoute !¼ J’ai 30 ans et je sais ce que j’ai à faire¼ Alors tu me lâches¼ - Non, mais t’as vu comment tu me parles ?¼ - Tu m’emmerdes !¼ Tu m’emmerdes vraiment cette fois !¼ Pierre m’a fixée droit dans les yeux¼ - Présente immédiatement tes excuses à ta mère¼ - Oui, ben alors là sûrement pas !¼ J’en ai marre, mais vraiment marre¼ Il s’est lentement levé¼ j’ai tout de suite compris¼ - Ah non, hein !¼ Non !¼ Et pour la première fois je me suis débattue¼ J’ai résisté bec et ongles¼ Aussi longtemps et du mieux que j’ai pu¼ J’ai dû finir par m’avouer vaincue¼ Et il m’a fessée devant eux avec une vigueur jusque là inégalée¼ Quand il m’a relâchée hoquetante et sanglotante ma mère a conclu : - Celle-là au moins tu l’auras pas volée¼

 

 

 

            C’est le lendemain que j’ai appelé l’avocat pour entamer une procédure de divorce¼

 

 

 

            Bon, mais dites-moi¼ Vous n’en avez pas assez de m’écouter m’épancher comme ça à longueur de pages ?¼ Sûrement, si !¼ Mais vous ne pouvez pas protester¼ Je vous ai réduit au silence¼ Alors tant pis pour vous¼ Maintenant que vous m’avez obligée à descendre brasser et remuer tout ça il va falloir que vous me supportiez jusqu’au bout¼ Jusqu’à ce que je sois allée au fond¼

 

           

 

            Vous savez que je pense de plus en plus sérieusement à vous dévoiler mon identité pour que vous puissiez me répondre¼ Plus j’avance dans les confidences avec vous et plus ça me semble devenir indispensable¼ Mais plus aussi ça devient impossible¼ En même temps¼ Vous comprenez ?

 

           

 

            Je vous embrasse¼                                                           E L O D I E

 

 

 

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